Publié le 15 juin 2016 à 1h11 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h45
«Un vieux monde s’éteint et il nous appartient de bâtir le nouveau». Christian Estrosi, le président de la région Paca, plante ainsi le décor en ouverture de la soirée organisée par la Région, en partenariat avec Les Échos sur le thème : «FlexGrid : faire de Provence-Alpes-Côte d’Azur la première Smart Région d’Europe». Une manifestation qui fait suite au succès du projet FlexGrid de la région, lauréat de l’appel à projet national. Une réussite qui permet au territoire régionale de devenir celui du déploiement à grande échelle des Réseaux Électriques Intelligents.
«Ce très beau succès renforce ma détermination à faire de Provence-Alpes-Côte d’Azur la première Smart Région d’Europe », assure Christian Estrosi.
Une rencontre à laquelle ont participé, entre autres, François Brottes, Président de RTE, Philippe Monloubou, Président de ENEDIS (ex-ERDF), Benjamin Gallezot, adjoint au Directeur Général des Entreprises au Ministère de l’Économie de l’Industrie et du Numérique… Deux tables rondes ont mis en lumière les enjeux de la FlexGrid : «FlexGrid : la vitrine de l’intelligence énergétique» et « Impacts des Smart Grids pour les entreprises et territoires de Provence-Alpes-Côte d’Azur».
«Les Smart Grids représentent un marché mondial de plus de 30 milliards d’euros par an»
Pour Christian Estrosi : « L’Europe, le monde, avancent et nous n’avons pas le droit de rester au bord du chemin, inertes au changement et à la mondialisation. (…) Si notre région ne s’engage pas dans la voie du développement économique de demain, alors elle deviendra un territoire musée, comme figé dans le temps et ancré dans le passé pour l’éternité ».« Nous devons, poursuit-il, investir massivement sur notre recherche et sur l’innovation. Nous devons prendre ce virage dans lequel nous disposons d’un potentiel inouï. Les Réseaux Electriques Intelligents, les Smart Grids (Le smart grid est une des dénominations d’un réseau de distribution d’électricité dit « intelligent » qui utilise des technologies informatiques de manière à optimiser la production, la distribution, la consommation et qui a pour objectif d’optimiser l’ensemble des mailles du réseau d’électricité. NDLR) , le numérique au service de l’économie et de l’environnement, c’est le pétrole du XXIe siècle». Il appuie son propos : «Flexgrid, ce sont plus de 25 projets répartis sur l’ensemble du territoire régional. Le caractère innovant des projets fera de Provence-Alpes-Côte d’Azur une vitrine de l’innovation et renforcera sa position aux niveaux national et international, lui permettant d’attirer de nouveaux investisseurs sur le territoire et d’exporter son savoir-faire à l’étranger. Les Smart Grids constituent un domaine d’innovation, d’excellence qui est véritablement différenciant pour la région ». Les Smart Grids représentant «un marché mondial de plus de 30 milliards d’euros par an». «C’est la véritable industrie du futur et parce qu’elle se base sur nos atouts locaux et notre matière grise, elle ne sera pas délocalisable», avance-t-il. Puis de se considérer que, se positionner sur ce domaine, c’est un triple défi : «Un défi économique qui nous permettra de créer massivement et durablement de l’emploi et de la valeur ajoutée, un défi environnemental qui permettra à la Provence, aux Alpes et à la Côte-d’Azur de continuer à faire rêver le monde pour les siècles à venir et enfin un défi sociétal pour que les 5 millions d’habitants de notre région ne vivent plus dans l’angoisse de la coupure d’électricité».
«Aujourd’hui, Paca est la 3e région de France en matière de consommation énergétique mais nous ne produisons que 13% de l’énergie consommée»
Christian Estrosi souligne : «Aujourd’hui, Paca est la 3e région de France en matière de consommation énergétique mais nous ne produisons que 13% de l’énergie consommée. Pire, 12% des foyers de notre territoire sont en situation de vulnérabilité énergétique». Et de revenir sur son ambition : «Faire de Paca la première Smart Région». A ses yeux : «Nous sommes en bonne voie en remportant l’appel à projets national du Gouvernement à travers notre projet Flexgrid». Il tient, à ce propos à remercier tous les acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche, «vous, les Pôles de compétitivité Capenergies et Solutions Communicantes Sécurisées». Il ne manque pas de mettre en exergue qu’avec Flexgrid : «Ce sont plus de 150M€ publics et privés qui vont être investis sur notre territoire et près de 6 000 emplois qui seront créés. J’ajoute que 500M€ d’investissement suivront autour des énergies renouvelables. Et, pour l’avenir ce sont plus de 25 000 emplois d’ici à 2020 qui pourraient être créés grâce à cette nouvelle filière d’excellence dans notre pays».
Pour le Président de la Région : «Nous entrons dans une nouvelle ère, celle des Smart Régions qui feront que demain nos enfants évolueront dans un environnement sain. C’est le développement durable au service de l’économie. L’écologie comme je l’imagine». Il en vient à l’impact de la Smart Région dans la vie quotidienne du territoire et de ses habitants. «Le développement des Réseaux Électriques Intelligents, c’est par exemple: 2 millions de véhicules électriques en France d’ici à 2020. Et nous allons, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, prochainement créer un dispositif d’aide aux communes pour celles qui voudront développer cette technologie. A l’échelle européenne, les investissements dans des technologies intelligentes pourraient générer une réduction de 64 % de la consommation d’électricité par l’éclairage public. A l’horizon 2020, l’Union européenne veut satisfaire 20% de sa consommation finale d’énergie par les énergies renouvelables. La France vise un taux de 23% et nous y participons activement. Aussi, le 24 juin prochain, je soumettrai une délibération pour lancer un grand appel à projets pour le déploiement des panneaux photovoltaïques à notre Assemblée régionale».
«Rendre à la société civile la transition énergétique»
Le projet Flexgrid est lauréat de l’appel à projets de territoires pour le déploiement à grande échelle de solutions technologiques de «Réseaux Électriques Intelligents» (REI) lancé le 15 avril 2015 dans le cadre de la «Nouvelle France Industrielle». Pour Benjamin Gallezot l’enjeu est de «créer une filière des réseaux électriques intelligents, d’amplifier la recherche et le développement, de lancer une appel à projet sur le système électrique intelligent». François Brottes indique pour sa part : «Nous avons besoin de temps long dans notre profession, ici, nous savons pouvoir compter sur le président de région pour avoir du temps». Philippe Monloubou, Président de ENEDIS (ex-ERDF) cite Al Gore lors de la Cop 21 : «Il a jugé que c’était un succès diplomatique et que l’avancée la plus grande avait été de rendre à la société civile la transition énergétique». Christian Bonnet, le directeur du CEA Cadarache rappelle : «Au-delà de notre travail traditionnel sur le nucléaire, nous avons sur Cadarache deux plateformes : la cité des énergies et la cyber-sécurité ». Laurent Schmitt, Vice-président de Smart Grid GE Grid Solutions met en avant «Nice grid (quartier solaire intelligent) qui est une référence nationale et même internationale. Maintenant, l’enjeu est de démontrer à une autre échelle que cela peut fonctionner». Jean-Pierre Frémont, Directeur Collectivités locales et Délégué à l’action territoriale EDF parle «d’un enjeu majeur pour EDF». En termes de réduction des émissions de CO2, «sachant que, indique-t-il, 50% des émissions de CO2 en France sont le fait des transports et de l’énergie utilisé pour les bâtiments. Ces deux postes entraînent également un déficit de 50 milliards d’euros par an pour notre pays. Il est donc vital, à tous les points de vue, de trouver des solutions de transition énergétique efficace. Il faut pour cela une complémentarité des énergies et nous devons être acteur de la production décentralisée».
«La création d’un réseau intelligent va aider à mieux consommer sans trop de contraintes»
François Brottes reprend : «La dynamique FlexGrid nous intéresse car il faut optimiser l’infrastructure, équilibrer l’offre et la demande, agir sur la consommation, pour cela il nous faut optimiser l’information ». Christian Estrosi revient sur Nice Grid : «J’étais ministre de l’Industrie, on me dit que le textile, la sidérurgie vont disparaître mais que, en revanche, l’économie verte, les objets interconnectés sont des secteurs qui allaient exploser, c’était en 2008 et, en 2011 Nice Grid voyait le jour». Jean-Pierre Fau, Directeur Général Aloe Energy, est producteur d’énergie verte raconte: «Nous avons une centrale solaire à La Ciotat qui fournit 70 mégawatts et nous travaillons depuis 2003 sur un projet associant éolien et solaire, sachant que l’éolien n’occupe que la portion congrue en Paca». Et Flexgrid «doit lui permettre un meilleur raccordement au réseau et offrir une palette plus riche en matière de production d’énergie.»
Frédéric Rychen, enseignant chercheur à l’AMU en vient aux usages : «La question n’est pas de savoir comment les consommateurs vont accepter les technologies mais que soit expliqué ce que ces technologies vont leur apporter. En France, nous avons l’habitude d’une énergie abondante. Or, si nous continuons à l’utiliser de la même façon elle va coûter plus cher et cela, personne ne va l’apprécier. Donc la création d’un réseau intelligent va aider à mieux consommer sans trop de contraintes». Pierre Vollaire, Maire des Orres, n’a pas attendu la FlexGrid pour analyser l’énergie utilisée afin de réaliser des économies : «L’énergie représente pour notre station le deuxième poste de dépense. Nous avons mis en place des capteurs pour mesurer les charges afin d’avoir une meilleure gestion, nous avons ainsi réduit de 25% notre consommation et réduit de 7% nos rejets de gaz à effet-de-serre et nous avons maintenant un projet de centrale et de stockage». Alors, Bernard Kleynhoff, Conseiller régional, Président de la commission Industrie, Innovation, Nouvelles Technologies et Numérique peut remercier tous les acteurs qui ont permis au projet Flexgrid d’être lauréat : «Nous allons maintenant devoir être didactique pour permettre à tous de s’approprier ce projet qui représente une chance énorme sur le plan économique et permettre un mieux vivre au quotidien».
Michel CAIRE
Smart Grids : «Un enjeu essentiel pour nos ports »
Les Smart Grids et plus largement les technologies et services connectés sont, pour le président de région : «Un enjeu essentiel pour nos ports également. Je veux que nous fassions de nos ports des ports connectés et intelligents qui optimisent leur performance, optimisent la gestion des flux humains et de marchandises, mais aussi leur consommation énergétique, y compris en utilisant l’énergie de la mer. Un port connecté, c’est une productivité dopée (rangement des conteneurs, régulation du trafic des bateaux et des camions…)». Et d’informer à ce propos : «Je rencontre jeudi avec Renaud Muselier, Président délégué de la Région, le PDG de Cisco France, grand partenaire du Port de Hambourg et la Directrice générale du Grand port de Marseille pour étudier le port de Hambourg qui fait figure de modèle du genre et nous allons nous en inspirer. Il est équipé de 90 capteurs pour la circulation et les conteneurs et plus 70 informaticiens y travaillent en permanence».
M.C.