Publié le 21 juillet 2017 à 18h09 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 17h18
Renaud Muselier, Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, député européen, a lancé ce jeudi 20 juillet le Contrat Régional d’Équilibre Territorial (Cret), Région-Métropole Aix-Marseille Provence en présence de nombreux élus au rang desquels Jean-Claude Gaudin, Président de la Métropole, maire de Marseille et de Maryse Joissains-Masini, Présidente du Conseil de Territoire du Pays d’Aix et maire d’Aix-en-Provence. Par ce Contrat, la Région cofinance les projets des territoires qui s’inscrivent dans ses propres priorités, un document que la Région entend voir signer en décembre 2017.
«Nous aurons un comité de pilotage en novembre, nous voulons des axes concrets émanant des communes, des territoires, la métropole présentant l’ensemble», explique Renaud Muselier qui rappelle que «depuis le début de notre mandat nous avons voté 25 Cret. Cela représente plus de 220M€ dont 64 ont déjà été votés et 155 le seront après ce mois de juillet». Concernant Aix-Marseille Provence, il annonce: «Nous allons injecter plus de 120M€ sur le territoire de la métropole en soutien aux communes. Ils viendront en complément des 450M€ que nous consacrons, chaque année, au tissu économique, industriel, associatif, éducatif de la Métropole, de nos investissements massifs à travers le Contrat de Plan État-Région et le financement d’Euroméditerranée, mais aussi des fonds européens que nous captons». Précise que si ce contrat n’arrive que maintenant et en dernier : «C’est parce que nous avons souhaité avec Christian Estrosi laisser le temps à la métropole de s’installer. Laisser les polémiques et les combats politiques s’estomper pour bâtir ce contrat dans la sérénité et pouvoir sélectionner les projets qui s’inscrivent le mieux dans nos priorités et nos compétences régionales». «Nous financerons des projets qui sont dans nos compétences, prévient-il, car je considère que pendant trop longtemps l’institution régionale s’est éparpillée. Nous devons nous concentrer sur nos compétences qui placent notre collectivité au cœur de l’action publique. Je pense notamment à l’économie, aux transports, aux lycées, à la formation professionnelle initiale et continue, au tourisme, à l’aménagement du territoire, à la gestion des déchets, au développement durable, à l’apprentissage, à la protection du patrimoine, au développement des ports et des aérodromes, à la protection des réserves naturelles, à la gestion des fonds européens, à la culture, au sport, au numérique…».
Jean-Claude Gaudin se félicite que «la Région ait à cœur d’accompagner nos grands projets». Rappelle: «Avec près de 50% du PIB et 75% des investissements internationaux, notre Métropole constitue une locomotive économique majeure. Sa réussite sera aussi celle de la Région Paca», lance-t-il. Tandis que Maryse Joissains-Masini, ne boude pas son plaisir: «Les territoires existent dans ce projet». Elle s’interroge toutefois : «Comment allons-nous travailler avec la métropole? J’aimerais qu’une méthode soit définie car, en ce qui concerne les territoires ils ont déjà des projets. Mais est-ce que les dossiers retenus par la Région émaneront du centre où seront-ils le fruit du travail des territoires». Roland Mouren, le maire de Chateauneuf-les-Martigues met en garde: «Attention à la cohérence d’ensemble, il faut que la métropole soit l’interlocuteur unique». C’est une autre inquiétude que fait entendre Martine Césari, maire de Saint-Estève Janson: «Nous sommes une toute petite commune, comment cela va-t-il fonctionner? Faudra-t-il demander à la Région qui transmettra à la métropole qui transmettra au territoire… ». C’est l’inverse lui répondra-t-on. Dans cette même interrogation sur la proximité, André Molino, le maire de Septèmes avance: «Nous avons un travail à accomplir sur les transports en matière d’infrastructures et Dieu sait si c’est complexe. Mais il y a aussi des travaux à réaliser au sein des communes qui ne coûtent pas des cents et des milles. Qu’en sera-t-il?». Si le maire de Salon remercie la Région, il considère que «l’État doit aussi financer». Il souhaite également que la Région vienne dans les territoires expliquer aux maires ce Cret. «D’accord, opine Renaud Muselier mais, la région viendra avec le métropole». Plus largement le Président de Région situe le contexte dans lequel il place ce contrat, réaffirme son ambition pour la Région: «Notre écrin de France entre mer et montagne doit être le poumon de la France qui réussit. Il ne s’agit pas de figer notre territoire pour en faire un sanctuaire que l’on protégerait de tout y compris du mouvement et du développement. Il s’agit au contraire d’en faire un territoire pilote. Un moteur en matière d’attractivité et d’innovation. Le modèle des territoires de demain. Plus sûr, plus respectueux de l’écosystème, plus dynamique et innovant et surtout plus harmonieux. Autrement dit, nous allons faire de Provence-Alpes-Côte d’Azur la vitrine des accords de Paris». Souhaite «avoir des résultats sur 3 ans avec une vision sur 20 ans. Pour chaque projet, pour chaque décision, nous devons nous demander ce qu’il en sera dans 20 ans.»
«Penser, bâtir, construire, réfléchir à long terme, voilà notre rôle»
Renaud Muselier revient sur la métropole: «Chacun le sait, j’y étais et j’y suis favorable. Dès 2009 je lançais le projet du Grand Marseille. Il préfigurait l’installation de la Métropole. L’objectif était le même : faire d’Aix-Marseille une Métropole de dimension européenne. Se donner les moyens de rivaliser avec Barcelone, Rome, Naples, Tanger, Gènes…Certains d’entre nous ne voulaient pas de la Métropole. D’autres, sans en être de grands partisans, ne s’y opposaient pas tout en pensant qu’elle était allée « trop loin, trop vite, trop fort »». Or, selon lui : «Trop loin ? Avec 3 150 km² de surface, 92 communes et 1,8 million d’habitants, sans doute… Et encore ce n’est pas sûr. Trop vite? Peut-être. Trop fort ? Certainement pas. En fait, l’État n’a pas mis les moyens nécessaires au bon fonctionnement de cette nouvelle collectivité. Il a placé notre Métropole dans un entre deux à la fois financier et institutionnel qui la fragilise».
«Les collectivités territoriales ne peuvent pas être la variable d’ajustement de L’état»
«Lorsque j’entends le Président de la République demander toujours plus d’efforts à nos collectivités, poursuit-il, je veux tirer la sonnette d’alarme. Les collectivités territoriales ne peuvent pas être la variable d’ajustement de l’État. Nous sommes les acteurs centraux du Service Public. Et nous n’accepterons pas de servir d’alibi pour éponger l’insincérité du budget de l’État dont le nouveau Gouvernement a hérité de ses prédécesseurs». «La Métropole, considère-t-il, a besoin d’être clairement identifiée sur ses compétences et a besoin de davantage de moyens pour financer son développement. C’est là tout l’objectif de notre réunion aujourd’hui. Pour répondre à ce besoin d’équité et de développement de la Métropole il nous fallait une méthode. La mienne se résume en 3 mots : Autorité, écoute, proximité». Et de définir ce qu’il met derrière ce triptyque: L’autorité qu’il qualifie «de nécessaire» lorsque l’on exerce d’importantes responsabilités et que l’on doit prendre des décisions qui auront une répercussion sur la vie de près de 2 millions d’habitants. «C’est la raison pour laquelle, les projets financés par ce CRET devront correspondre aux compétences de la Région bien évidemment mais aussi et surtout à nos priorités politiques. Autrement dit, la Région ne sera pas le tiroir-caisse des autres collectivités. Nous serons co-constructeurs des projets que nous aurons sélectionnés. Je souhaite des projets visibles, répondant aux priorités de mon exécutif autour de plusieurs axes stratégiques correspondant à nos compétences». Et d’indiquer les 4 axes retenus: La transition énergétique et la croissance verte, le développement économique, la mobilité, l’aménagement et l’équipement. Il en vient à la deuxième composante de son triptyque, l’écoute. «Elle est centrale pour réussir à bâtir un contrat de développement de cette ampleur. Elle est la première d’une longue série qui doit nous permettre de signer ce contrat d’ici le mois de décembre 2017. Je veux faire de ce contrat un contrat gagnant-gagnant. Il doit permettre à l’institution régionale d’être clairement identifiée sur ses compétences d’une part et permettre à notre territoire de se développer d’autre part». Et, la dernière composante, la proximité. «C’est ma marque de fabrique. Et c’est pourquoi, nous allons bâtir ce CRET tous ensemble. Avec vous, les élus locaux, qui avez à cœur, par-delà les étiquettes politiques, de vous inscrire dans un projet de développement partagé. Bien sûr, in fine je le signerai avec le Président de la Métropole, mais nous allons élaborer ce contrat avec tous les Conseils de territoires. C’est un élément essentiel pour moi car c’est la garantie d’une meilleure équité entre tous nos territoires et de rapports politiques apaisés entre nous».
Michel CAIRE