Parc national des Calanques: les bons comportements à adopter avec les chenilles processionnaires du pin

Publié le 26 février 2015 à  21h49 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h41

Les chenilles processionnaires du pin sont de sortie. Le Parc national des Calanques recommande au public d’adopter les bons comportements pour éviter les risques dus à l’exposition aux poils urticants. Dans les zones de très forte fréquentation, le Parc national a installé des éco-pièges afin de limiter l’impact sanitaire.

Chenille processionnaire du pin (Photo D.R.)
Chenille processionnaire du pin (Photo D.R.)

La chenille processionnaire du pin est devenue un vrai sujet d’inquiétude sanitaire. Présente naturellement autour du bassin méditerranéen et en forte expansion dans le Nord de la France du fait du changement climatique, elle peut présenter un risque pour l’homme et les animaux. Cependant, cette espèce représente aussi un maillon essentiel de la chaîne alimentaire, indispensable au maintien de l’équilibre écologique dans le Parc national.

Impact sur la santé

Au cours de son développement, la chenille processionnaire se dote de poils très légers et fragiles qui se détachent facilement dès que la chenille est inquiétée ou excitée. Emportés par le vent, ils peuvent se déposer sur la peau. À son contact, le poil se brise et dégage une protéine urticante et allergisante qui se libère dans l’organisme provoquant des irritations. Les animaux domestiques (chiens, chats) sont les premières victimes de cette contamination. Au contact des chenilles, mortes ou vivantes, les conséquences peuvent aller de l’inflammation jusqu’à des nécroses sur toute la région buccale. Les conséquences sur l’homme sont généralement moins graves. Une exposition aux poils urticants se traduit la plupart du temps par des démangeaisons accompagnée de boutons qui disparaissent au bout de deux ou trois jours.
En février et mars, pour prévenir toute situation alarmante, il est conseillé d’adopter les comportements suivants :
-Évitez les lieux où les nids sont abondants en particulier les calanques en cette saison.
-Tenez vos chiens en laisse.
-Rendez-vous au plus vite chez le vétérinaire en cas d’inflammation de votre animal. -Ne vous risquez pas dans les bois infestés par jour de vent. Les poils urticants peuvent être emportés dans l’air ambiant.
-N’écrasez pas les chenilles mortes qui libèrent leurs poils dans tous les cas.
-Ne cherchez pas à détruire vous-même, ni à manipuler les branches porteuses de nids. Les risques de brûlures graves sont importants.
-Munissez-vous d’une bouteille d’eau et d’un tissu (gant, serviette …) pour vous rincer ou rincer la bouche de votre animal en cas de brûlures et surtout ne pas boire pour éviter l’ingestion des poils.

Limiter l’impact sanitaire sans altérer l’équilibre écologique

La chenille processionnaire a sa place dans l’écosystème méditerranéen. Le Parc national prône une intervention minimale de régulation en cœur de parc uniquement dans les zones de très forte fréquentation. Pour cette saison 2015, Le Parc national a mandaté l’ONF pour poser une soixantaine d’éco-pièges répartis sur Port-Pin, Sormiou et Morgiou. Ces pièges sont des dispositifs placés autour du tronc des pins qui permettent de capturer les chenilles processionnaires lorsqu’elles descendent du cocon pour aller s’enterrer. Un éco-piège est basé sur la biologie de ces chenilles. Il intercepte exclusivement la chenille processionnaire ce qui en fait la solution technique la plus respectueuse de l’écosystème. Ce dispositif sera par la suite complété par des nichoirs à mésange (prédateur naturel des chenilles processionnaires) qui seront construits dans le cadre de journées d’éducation à l’environnement. En effet, dans les zones habitées ou très fréquentées, l’installation pérenne de nichoirs à mésange contribue à limiter naturellement le nombre de chenilles.

La processionnaire du pin une espèce importante pour les milieux naturels
La chenille processionnaire est la larve d’un papillon de nuit gris-brunâtre marbré, le Thaumetopoea pityocampa. A la belle saison, entre juin et septembre, la femelle papillon, qui représente la forme «adulte» de la chenille, vient pondre environ 300 œufs rangés en parallèle autour des aiguilles de pin. 5 à 6 semaines après la ponte, l’éclosion donne naissance à de petites chenilles encore fragiles et très sensibles aux pics de température (chaud ou froid). Elles vont alors tisser collectivement un cocon pouvant atteindre 30 cm, qu’elles ne quitteront que la nuit venue pour se nourrir des aiguilles. Au printemps, on peut observer les chenilles quitter l’arbre et se déplacer en file indienne, en «procession», pour aller s’enfouir à quelques centimètres sous terre et se nymphoser, c’est à dire après un stade de chrysalide, se transformer en adulte papillon qui émergeront directement du sol.
Ces chenilles ont un réel intérêt pour la nature: de nombreuses espèces se développent uniquement dans leurs nids qui constituent alors un véritable micro-écosystème (coléoptères remarquables, araignées). Certaines espèces de micro-guêpes ou mouches parasites ont besoin des chenilles ou de leurs œufs pour accomplir leur développement. Pour d’autres comme les oiseaux (mésanges, huppe fasciées) ou les insectes (Ėphippigère dit Tizi dans le midi), elles représentent une importante ressource alimentaire. Pour cela, la conservation de cette espèce est indispensable au maintien de l’équilibre écologique d’autant que les prédateurs, parasites ou agents pathogènes de la processionnaire permettent la régulation naturelle des populations de chenilles. Contrairement aux préjugés, les pins complètement défoliés par les attaques de chenilles ne meurent pas. Ils sont parfaitement capables de supporter cette attaque. Les arbres récupèrent en quelques années si leurs conditions de croissance sont satisfaisantes.
Plus d’info: calanques-parcnational.fr

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