Publié le 16 juin 2021 à 7h30 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 19h15
Initié il y a deux ans, le projet de cabanes nomades est officiellement opérationnel cette année. Inspiré par son homologue des Écrins, le parc naturel régional du Queyras s’est lancé depuis deux ans dans leur conception grâce à des fonds régionaux et européens mais aussi en autofinancement (25 %).
Celles-ci sont destinées à répondre à la demande des éleveurs du secteur pour équiper des quartiers dépourvus d’abri ou touchés par des avalanches avec destruction des cabanes existantes ou encore qui subissent une forte pression du loup.
Ces équipements permettent une meilleure gestion des alpages et un meilleur confort des bergers. Il n’est pas question de faire des installations pérennes mais de répondre à une urgence.
Afin de réaliser un modèle de cabane le plus ergonomique et pratique possible le Parc a organisé une réunion de co-conception juste avant le 1 er confinement avec le pôle Écodesign qui s’est occupé de la maîtrise d’œuvre.
Une approche collective
Les participants : associations foncières pastorales, élus, éleveurs, groupes pastoraux, artisans, etc. pouvaient apporter leur pierre à l’édifice grâce notamment à des maquettes qui permettaient de parfaitement visualiser le projet. Pour les artisans, l’idée était qu’ils puissent se réapproprier le modèle et ensuite en proposer de similaires aux communes contre une rétrocession de 5 % du prix de la cabane au concepteur. Cette approche pragmatique et collective a beaucoup plu à la trentaine de participants.
La principale demande concernant cette cabane était qu’elle soit héliportable en une seule fois et donc, qu’elle fasse moins de 800 kg. Sachant qu’elles sont aussi convoyables par voie terrestre.
Le premier prototype a été réalisé par Le Gabion, une structure de réinsertion et François Denayrou, artisan menuisier à Mont-Dauphin. Elle est constituée d’une ossature bois, issue d’essences locales, en forme d’œuf ce qui lui permet d’avoir une emprise réduite au sol mais d’offrir un grand espace intérieure et une impression de volume. Elle est recouverte d’une bâche technique isolante ce qui concourt à sa légèreté. Elle dispose de tout l’équipement nécessaire à assurer le confort de son occupant : une douche solaire, des toilettes sèches, une réserve d’eau de 200 litres, une plaque de cuisson, un poêle à bois, un couchage pour une personne et un couchage secondaire de secours, etc.
Un premier test concluant
Une première cabane-test a été installée à Ristolas pour deux bergers pendant 15 jours à la fin de l’été 2020. Le résultat a été très convaincant même si des petites améliorations étaient souhaitables au niveau des accroches pour l’héliportage et l’inertie du chauffage.
Le Parc disposera de deux cabanes qui seront mises à la disposition gratuitement des groupes pastoraux, des communes et des associations foncières pastorales sur demande auprès du Parc. Ils devront régler les frais de déplacement terrestre ou par les airs et déposer une caution. Les communes qui feraient appel à ces cabanes d’urgence doivent, par ailleurs, s’engager à en faire construire une pérenne.
Si plusieurs demandes pour la même période devaient être déposées une commission d’attribution se réunira pour désigner le bénéficiaire selon plusieurs critères objectifs.
La construction des deux cabanes a coûté 60 000 € TTC pour leur réalisation et 10 000 € de conception. L’entretien courant est dévolu au Parc qui s’occupera également des conventions d’occupation.
Le succès est déjà au rendez-vous puisque la cabane disponible est déjà très demandée pour cet été. Il ne reste que quelques disponibilités. L’objectif du Parc en associant des entreprises et des acteurs de la vie locale à ce genre de projets est que les habitants du Queyras s’approprient mieux leur agriculture et leur territoire.
Alexandra Gelber pour L’Espace Alpin
[(L’Espace Alpin est le journal agricole et rural des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes. Ce journal bimensuel est disponible sur abonnement sur lespace-alpin)]