Paris- Salle Cortot – Concert de Stella Almondo le 27 septembre pour la sortie de son album « Passion ». Rencontre avec une jeune pianiste surdouée

18 ans à peine et tous les talents. Portant avec la grâce de sa jeunesse un prénom d’étoile, illustrant l’idée que la valeur n’attend pas le nombre des années la jeune pianiste monégasque Stella Almondo,  possède déjà un palmarès impressionnant.

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Stella Almondo : à dix-huit ans elle signe un premier album exceptionnel de densité quelle lancera le 27 septembre à la salle Cortot de Paris (Photo Emilie Moysson)

Le piano comme élévation de l’âme

Étudiante de la classe d’Amédée Briggen, elle obtient la plus haute distinction du conservatoire de Nice à l’âge de 13 ans. Stella rejoint ensuite la classe du célèbre pianiste russe Igor Lazko à la Schola Cantorum, puis réussit à l’unanimité le concours d’entrée du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, où elle étudie actuellement dans la classe de Marie-Josèphe Jude. Stella a eu l’opportunité de travailler avec d’éminents maîtres du piano, notamment Jacques Rouvier, Mira Marchenko, Rena Shereshevskaya, Vincenzo Balzani, Akiko Ebi, Philippe Raskin, Grigory Gruzman, Nicolas Bringuier, Michel Dalberto, Olga Monakh, Kemal Gekic, Philippe Bianconi et Natalia Trull. Elle donne son premier concert à l’âge de 10 ans, à 12 ans, elle réalise son premier récital lors du festival des Nuits Musicales du Suquet, et à l’âge de 15 ans, elle interprète son premier concerto avec l’Orchestre National de Cannes.

Elle connaît un franc succès en Slovaquie avec l’Orchestre Slovak Sinfonietta dirigé par Misha Katz, tout comme avec l’Orchestre Symphonique d’Helsinborg. Le célèbre violoncelliste Gautier Capuçon l’invite à se produire avec lui au 39e Festival des Heures Musicales de Biot. Le Quatuor Modigliani fit de même pour partager la scène du Festival de Saint-Paul de Vence avec Pierre et Théo Fouchenneret. En avril 2022, elle est récompensée par le 1er Prix avec les Félicitations du jury du XXe Concours International Scriabine à Paris. En mars 2023, Radio-Classique enregistre un récital de Stella lors de l’inauguration de « The Sea is Green » à Monaco. La jeune piansiste réalise également un enregistrement à la Salle Gaveau pour Deutsche Grammophon+, C8, Canal+, Olympia TV et Mezzo (disponible sur mycanal). Stella devient Young Artist Steinway en juin 2023 et signe avec le label naïve et Believe pour la réalisation de plusieurs albums, marquant une étape significative dans sa carrière musicale prometteuse.

Le premier qui sort s’appelle « Passion ». Un titre qui convient parfaitement au contenu enregistré qui regroupe des œuvres de Blumenfeld (1863-1931) Rachmaninov (1873-1943) et Scriabine (1863-1915), trois compositeurs nés dans la Russie impériale de la seconde moitié du XIXe siècle. Qui s’adapte aussi parfaitement à sa manière de mettre en lumière par un jeu puissant d’une grande élégance l’exaltation des climats intérieurs, l’élévation des âmes devenant de fait un tableau de la passion humaine. Surdouée, humble et réfléchissant avec beaucoup d’intelligence à ce qu’est la musique Stella Almondo a répondu à nos questions.

 

Destimed: Comment est née l’idée de ce disque qui est votre premier enregistrement studio ?

Stella Almondo: Comme beaucoup d’autres artistes, j’ai toujours rêvé d’enregistrer un disque. Ce rêve d’enfance a pris vie lorsque j’ai signé avec Naïve et je suis profondément reconnaissante envers mon label pour la confiance qu’il m’a accordée, d’autant plus qu’il m’a offert une liberté totale dans le choix des œuvres et des compositeurs à enregistrer ! Passionnée depuis toujours par la musique slave et l’intensité qui s’en dégage, il m’a semblé évident dès le début de me tourner vers Rachmaninoff, Scriabine et Blumenfeld pour ce premier disque, tant ces compositeurs résonnent profondément en moi.

On a l’impression en l’écoutant de partir en  voyage… Était-ce votre volonté?

J’ai vécu cet enregistrement comme une  véritable aventure, et le voyage en est le thème central. Un voyage avant tout intérieur, puisqu’il m’a permis d’explorer les recoins les plus profonds de mes émotions, mais aussi un voyage à travers les nuances, le son et les horizons musicaux de ce répertoire.

 

Parlez-nous de ses trois compositeurs choisis. Surtout de Felix Blumenfeld (1863-1943) qui est un peu moins connu que les deux autres. De ce qu’ils représentent. De la place qu’ils ont dans la musique, et de ce qu’ils ont selon vous en commun ? Des ressemblances entre les préludes de Blumenfeld et ceux de Rachmaninov que vous avez mis aussi au programme?

À mon sens, Rachmaninoff, Scriabine et Blumenfeld partagent tous les trois une profonde intensité et mélancolie slave. Leur héritage est similaire de par leur environnement historique, esthétique et chacun reflète les tendances esthétiques du Romantisme tardif.  Felix Blumenfeld est un compositeur et pianiste qui marqua de nombreux pianistes en Russie et compta parmi ses élèves des personnalités aussi illustres que Vladimir Horowitz ou encore son neveu Heinrich Neuhaus. La qualité de sa musique mérite selon moi d’être davantage explorée et appréciée, ce pourquoi j’ai décidé d’enregistrer quelques-unes de ses œuvres . Pour ma part, je l’ai découvert par hasard, à l’âge de douze ans, lors d’un concert de classe auquel je participais, à Moscou : il ne m’a pas quitté depuis. En fait, j’ai pensé pendant des années que Blumenfeld était aussi célèbre que ses glorieux contemporains et je fus très surprise quand j’ai découvert, récemment, qu’il n’en était rien !

Malgré votre jeune âge, vous avez une maturité de jeu assez exceptionnelle. Etes-vous d’accord avec l’idée que vous êtes une pianiste qui sait capter les émotions, qui construit une interprétation à partir d’elles ? 

Mon premier désir en tant qu’interprète est d’émouvoir, de toucher profondément ceux qui m’écoutent. On dit souvent que la musique savante s’adresse avant tout à l’intellect, mais je crois qu’en la réduisant à cette dimension, on passe à côté de son essence véritable. Pour moi, la musique est avant tout une affaire de cœur, d’émotion pure, et c’est dans cet échange intime avec le public que réside sa plus grande puissance.

Quels sont vos compositeurs favoris ?

J’ai une profonde affection pour les compositeurs que j’ai eu la chance d’enregistrer, mais Liszt occupe une place particulière dans mon cœur pour ses multiples facettes et la folie qui traverse ses œuvres. De la même manière, je voue une admiration sans bornes à Schumann et Chopin, dont la poésie et l’intensité me touchent profondément.

Préférez-vous jouer seule ou avec un orchestre ?

J’ai la chance de me produire régulièrement en récital, une forme que j’affectionne particulièrement pour la liberté et le naturel qu’elle offre. A l’âge de 15 ans j’ai donné mon premier récital avec l’Orchestre National de Cannes et récemment, j’ai eu l’immense privilège de jouer le deuxième concerto de Rachmaninoff avec orchestre à Helsingborg. Cette expérience a été profondément marquante et a intensifié mon désir de me produire davantage avec orchestre ! Depuis, je suis impatiente de retrouver l’orchestre, avec très bientôt le deuxième concerto de Saint-Saëns.

La musique et l’amour ont me semble-t-il un lien très fort pour vous….

En effet, chaque moment passé à dialoguer avec la musique me rapproche un peu plus de cette conviction profonde que je porte en moi : la musique est la quintessence de l’amour. C’est un échange pur, une communion d’âmes. Dans mon approche, j’essaie d’insuffler à chaque note une profonde affection, une sorte de déclaration d’amour à l’œuvre et au compositeur.

Comment envisagez-vous votre carrière ? Et quel sera votre prochain disque ?

J’aime la musique au plus profond, et mon objectif premier est de continuer à vivre à travers elle. Bien sûr j’aime aussi voyager, faire des rencontres et découvrir du répertoire. Quant à mon prochain disque, l’enregistrement approche, mais je préfère garder la surprise ! Je peux vous promettre en revanche qu’il sera un autre voyage musical passionnant et tout aussi intense !

Propos recueillis par Jean-Rémi BARLAND

Stella Almondo le 27 septembre 2024 Salle Cortot à Paris à 20 h30

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Stella Almondo : « Passion » CD naïve (Photo de couv. Emilie Moysson)

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