Quand la passation de pouvoir entre l’ex et le nouveau Premier ministre se transforme en déclaration d’indépendance…
C’est un moment rare que l’on a vécu avec la passation de pouvoir entre Gabriel Attal et Michel Barnier tant le premier n’aura pas caché ses désaccords avec le président de la République sur la dissolution, « 8 mois c’est court, c’est trop court » avant de se positionner en tant que président du groupe Renaissance en affichant, les dossiers qu’il laisse sur le bureau du Premier ministre, comme autant de priorités de son groupe parlementaire. Un discours qu’il conclura en soulignant : «On m’a enseigné la liberté », pour préciser que son groupe ne sera pas godillot ? Tandis que son successeur ne cachera pas sa volonté «d’apporter sa plus-value » affirmant vouloir dire « la vérité aux Français sur la dette » et d’afficher la maîtrise de l’immigration comme une priorité… Une garantie donnée au RN.
«Il y a de la frustration mais aussi le sentiment du devoir accompli»
Gabriel Attal attaque son intervention lors de la passation de pouvoir avec Michel Barnier par les figures imposées de ce genre de manifestation. Il a félicité son successeur « un grand élu local », remercié le président de la République « pour sa confiance » lorsqu’il le nomma Premier ministre. Puis de rendre hommage aux fonctionnaires, aux forces de l’ordre, aux Français : « Peuple indomptable profondément attaché aux valeurs de la République ». De poursuivre par une charge : « 8 mois c’est trop court. Il y a de la frustration mais aussi le sentiment du devoir accompli dans les 8 mois impartis ». Il considère que, dans d’autres circonstances, avec plus de temps, il aurait pu permettre aux Français « de vivre mieux » et à la France « d’être plus forte ». Il insiste sur l’école de la République qui est selon lui : « La mère des batailles. L’école c’est l’assurance vie de la République » met aussi en exergue la nécessité d’avoir plus de médecins, plus d’autorité, un plan national d’adaptation au changement climatique, toute une série de dossiers qui sont sur le bureau de son successeur. Gabriel Attal rappellera enfin : « La situation politique est inédite. La politique française est malade. La guérison est possible à condition d’être à la hauteur de la situation, de sortir du sectarisme, des coups politiques». Et de conclure : « Rien ne résiste au peuple français ». Un discours qui sera couronné d’applaudissements prolongés.
« La France a besoin d’unité et d’apaisement »
Michel Barnier, dans ce duel à fleuret moucheté, utilisera l’humour comme arme demandant : « Je peux dire quelques mots ? » et en remerciant pour tous les conseils « qui vont m’être utiles comme les projets de loi ». Il tient à préciser qu’il apporterait sa «valeur ajoutée ». Il affiche sa volonté de soutenir les bénévoles : « Ils sont l’honneur de la République ». Signale vouloir faire preuve d’humilité, être dans une forme olympique et vouloir que le temps où il sera Premier ministre soit «une période utile». «Il faut, indique-t-il, répondre à la colère, la souffrance, le sentiment d’abandon. Je pense aux services publics et l’école qui restera une priorité. Je pense à la sécurité, à la maîtrise de l’immigration ». Il considère que : «les Français attendent la vérité sur la dette financière et écologique, sur l’influence du pays en Europe, sur le rôle vital des acteurs du monde économique, du monde agricole, de la pêche ». Le nouveau Premier ministre affirme : « La France a besoin d’unité et d’apaisement » et plaide pour cela en faveur « d’un respect entre toutes les forces politiques ».
Michel CAIRE