La mer, le soleil et… la pauvreté. Dans la vaste enquête de l’Insee sur les régions de France, Provence-Alpes-Côte-D’azur décroche la médaille de bronze en matière de pauvreté derrière la Corse et les Hauts-de-France. Pire, la pauvreté est plus marquée qu’ailleurs : « le niveau de vie médian des personnes en situation de pauvreté est inférieur à celui des personnes pauvres en France métropolitaine » indique l’Insee.
Des chiffres de 2020
L’enquête remonte à 2020. A cette date la région Sud comptait 852 000 personnes vivant sous le seuil de pauvreté soit 17%. (Le seuil de pauvreté est fixé 1120 € pour une personne seule ou 2350 € pour un couple avec deux jeunes enfants). La période ne prend en compte ni le Covid, ni l’inflation mais selon l’Insee : « L’évolution doit être à la marge. On a moins d’inscrits par exemple au RSA en 2022 qu’en 2020 ». Dans le même temps « un Français sur deux, estime qu’il a modifié son alimentation en raison de l’inflation», toujours selon l’Insee. Les chiffres pourraient donc évoluer d’ici la fin de l’année. Il est à noter que les disparités sont fortes au sein de la Région. Le Vaucluse est un des départements de France métropolitaine avec le taux de pauvreté le plus élevé tandis que les Hautes-Alpes ont un chiffre inférieur. Globalement les grands pôles urbains et les communes rurales isolées sont les plus touchés.
1 enfant sur 4 sous le seuil de pauvreté
Les chiffres font froids dans le dos. En Provence-Alpes-Côte d’Azur 260 000 enfants vivent sous le seuil de pauvreté soit un enfant sur quatre. La région Sud se classe deuxième pour la pauvreté infantile. La moitié de ces enfants sont dans une famille monoparentale et 21% dans un logement suroccupé contre 9% en France. «Les deux indicateurs des fragilités dans la région sont la situation des enfants et l’accès au logement», note Valérie Roux, directrice régionale de l’Insee. « Parmi les personnes non insérées dans l’emploi il y en a beaucoup qui sont locataires dans le secteur privé avec des loyers élevés. Cela veut dire que les difficultés sont accrues. Dans d’autres régions elles auraient accès à un logement social», avance Valérie Roux.
30% des personnes pauvres passent à travers les aides
Il y a un certain déterminisme dans la pauvreté. Selon Yolande Eskenazi, commissaire à la lutte contre la pauvreté, « pour un enfant qui naît dans une famille pauvre, il faut sept générations pour vraiment s’en sortir». Un premier plan (2018-2022) baptisé Stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté a déjà été mis en place sans réelle évaluation. Là, avec le concours de l’Insee et de comités de suivi, l’idée est de faire un bilan et de lancer le Pacte des solidarités (2024-2027). Selon la commissaire, «Il faut agir dès le plus jeune âge, accompagner les personnes en difficulté vers le marché de l’emploi en levant le problème des gardes d’enfants, de mobilité et de logement». Il faut aussi aider les plus pauvres à faire valoir leurs droits. «30% d’entre eux ne bénéficient pas des aides auxquelles ils ont droit en raison de l’illectronisme ou de l’éloignement des structures». D’ores et déjà la ville de Marseille est lauréate d’un projet de territoire « zéro non recours ». Le troisième arrondissement, l’un des plus pauvres de France a été retenu pour mettre en application cette volonté que tout le monde puisse faire valoir ses droits.
Ce pacte des solidarités est ambitieux mais il risque rapidement de se heurter aux moyens financiers. Environ 10 millions d’euros par an pour l’immense tâche décrite semble minime.
Reportage Joël BARCY