Publié le 1 novembre 2013 à  11h43 - DerniÚre mise à  jour le 27 octobre 2022 à  16h25
En ouverture du Mois de lâĂ©conomie sociale et solidaire, les artistes locaux de SMartfr, la plus grande coopĂ©rative de gestion de projets artistiques et culturels, sâinvitent Ă Marseille Capitale EuropĂ©enne de la Culture, du vendredi 1er au jeudi 7 novembre. Une occasion unique de dĂ©couvrir les talents dâartistes locaux et dâĂ©changer sur les conditions dâexercice de leur mĂ©tier Ă travers un exemple concret dâinnovation sociale.
Des performances artistiques proposĂ©es gratuitement tout au long de la semaine avec une thĂ©matique chaque jour ; dĂšs ce vendredi 1er novembre, une galerie dâart Ă©phĂ©mĂšre sera inaugurĂ©e autour de la thĂ©matique « Portraits dâArtistes » Ă partir de la collection dâĆuvres de la fondation SMartbe, « un parcours dâart qui montre la rĂ©alitĂ© des artistes dans leur quotidien », dixit Sam Khebizi, directeur de lâassociation « TĂȘtes de lâart », association marseillaise de mĂ©diation artistique ; sans oublier ce vendredi soir une soirĂ©e exceptionnelle avec Papet J de Massilia Sound Systsem qui naviguera entre reggae, blues et musiques traditionnelles du monde : comme câest le cas depuis le dĂ©but de lâannĂ©e Capitale, le Pavillon M sera plus que jamais cette semaine « le Pavillon des Artistes ». En ouverture du Mois de lâĂ©conomie sociale et solidaire, ce haut-lieu de la Capitale europĂ©enne de la Culture bĂ©nĂ©ficiera en effet, jusquâau jeudi 7 novembre, de la programmation artistique Ă©clectique de lâantenne locale de SMartfr, la plus grande coopĂ©rative de gestion de projets artistiques et culturels, et accueillera des temps dâĂ©changes et de rencontres professionnelles. DĂ©jĂ associĂ©e depuis le lancement de Marseille-Provence 2013 Ă lâopĂ©ration du « Pâtit M », lâantenne marseillaise de SMartfr entend ainsi faire de cet Ă©vĂ©nement un temps de promotion dâune « culture sociale et solidaire ».
Il faut dire que la structure, fondĂ©e en 2008, est un bel exemple concret dâinnovation sociale. « LâidĂ©e est que lâentreprise peut aussi ĂȘtre un espace de partage : on nâest pas obligĂ© de crĂ©er une entreprise quand on veut lancer une activitĂ©. SMartfr est ainsi une entreprise partagĂ©e oĂč on peut dĂ©velopper des services que lâon ne pourrait pas avoir dans une entreprise multiple. Elle met Ă disposition des outils pour Ă©viter de crĂ©er une association ou une entreprise chaque fois quâon lance une activitĂ© », rĂ©sume Sandrino Graceffa, PDG de la sociĂ©tĂ© coopĂ©rative dâintĂ©rĂȘt collectif (SCIC) SMartfr, un statut que la coopĂ©rative de projets artistiques culturels a adoptĂ© lâĂ©tĂ© dernier.
La double particularitĂ© de cette forme de sociĂ©tĂ© coopĂ©rative et participative (Scop) est de possĂ©der un mode de gouvernance qui « repose sur lâimplication de lâensemble des acteurs concernĂ©s par un projet » et « de servir lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral ». « Les personnes qui dirigent le conseil dâadministration sont pour la plupart des usagers, des artistes. Les salariĂ©s sont partie prenante de notre mode de gouvernance », souligne Sandrino Graceffa.
Un fonds qui permet de payer les acteurs culturels dans un délai de 7 jours et de garantir les impayés
Avec des structures basĂ©es dans prĂšs dâune dizaine de villes en France (Lille, Paris, Strasbourg, Nantes, Lyon, Clermont-Ferrand, Montpellier, Toulouse et Marseille), SMartfr regroupe aujourdâhui prĂšs de 4 000 membres, dont 400 dans la seule citĂ© phocĂ©enne, qui ont choisi dâintĂ©grer la structure pour dĂ©velopper leur projet dans le domaine culturel.
Ces personnes bĂ©nĂ©ficient dâun ensemble dâoutils et de services gratuits qui leur permettent dâexercer leurs activitĂ©s sans avoir Ă recourir Ă la crĂ©ation dâune entreprise ou dâune association. Les services mutualisĂ©s proposĂ©s par SMartfr sont Ă la fois nombreux et adaptĂ©s aux besoins de ses membres. La structure propose tout dâabord un outil pour assurer la gestion comptable, administrative et financiĂšre des activitĂ©s. « Câest un outil de gestion conçu pour pouvoir administrer son activitĂ© sans avoir de connaissances poussĂ©es en comptabilitĂ© ou en administration. Câest une interface web qui permet Ă nâimporte qui de gĂ©rer une activitĂ© », prĂ©cise le PDG de la SCIC. SMartfr assure Ă©galement un accompagnement individuel personnalisĂ©. « Il sâagit dâun service qui accompagne les porteurs de projets, les accueille et leur donne des conseils pratiques pour dĂ©velopper leur activitĂ© », explique Sandrino Graceffa.
Mais lâune des plus grandes innovations de SMartfr est vraisemblablement dâavoir mis un systĂšme permettant le rĂšglement des rĂ©munĂ©rations Ă 7 jours aprĂšs la fin de la prestation et un fonds de garantie en cas dâimpayĂ©s. « Dans le domaine culturel, lâartiste doit attendre pas mal de temps avant dâĂȘtre rĂ©munĂ©rĂ©. Alors nous avons crĂ©Ă© un fonds de garantie qui permet de faire des avances et de payer les membres de SMartfr dans un dĂ©lai de 7 jours, tout en garantissant les impayĂ©s, qui sont rares mais qui existent. Lâartiste peut ainsi se consacrer sur son activitĂ©, la crĂ©ation, et ĂȘtre un peu sĂ©curisĂ© », observe le PDG de la SCIC.
La coopĂ©rative a Ă©galement innovĂ© en matiĂšre dâassurance. « Nous avons nĂ©gociĂ© un contrat qui garantit lâutilisation du matĂ©riel utilisĂ© qui est souvent la propriĂ©tĂ© de lâartiste. Ce dernier est assurĂ© pour la dĂ©gradation, la perte ou le vol de son matĂ©riel », poursuit-il. SMartfr offre ainsi toute une gamme de services mutualisĂ©s qui permettent aux artistes de dĂ©velopper leur activitĂ© « de maniĂšre un peu plus sĂ©curisĂ©e ».Une formule qui dĂ©jĂ sĂ©duit 4 000 personnes Ă travers la France et qui continue dâattirer environ 150 nouveaux membres chaque mois.
Créer une communauté et mettre en valeur les artistes
Le financement de lâensemble de ces services mutualisĂ©s est assurĂ© par des donneurs dâordre (clients, collectivitĂ© publiques, organisateurs de spectaclesâŠ) qui acceptent dâajouter 8,5% du budget en contrepartie dâune sĂ©curisation de leurs relations contractuelles avec les porteurs de projet artistique.
Mais cet aspect pratique nâest pas la seule finalitĂ© de la coopĂ©rative. « Smart câest aussi une communautĂ© de personnes qui ont la possibilitĂ© de se connaĂźtre. Et Ă partir du moment oĂč on met ensemble des personnes qui ont des professions proches, on leur donne la possibilitĂ© de crĂ©er, dâimaginer des projets », insiste Sandrino Graceffa.
Pour prendre pied Ă Marseille, SMartfr sâest appuyĂ© sur lâassociation « TĂȘtes de lâart ». « Quand on sâinstalle sur un territoire, nous ne sommes pas McDonaldâs, nous ne sommes pas une franchise, donc on se repose sur des structures prĂ©existantes qui avaient dĂ©jĂ une expertise en matiĂšre dâaccompagnement », indique le prĂ©sident de la SCIC. Sam Khebizi, directeur de « TĂȘtes de lâart », rappelle ainsi que lâassociation « a pignon sur rue depuis 18 ans ». « Nous proposons des services diffĂ©rents de SMartfr qui nâont pas dâĂ©quivalent en France », rappelle-t-il. Avant dâinsister sur le fait que « SMartfr, câest dâabord un outil concret pour les artistes, mais la deuxiĂšme volontĂ©, câest de crĂ©er une communautĂ© et de mettre en valeur les artistes ». Ce qui sera fait cette semaine au Pavillon M.
Et la formule ne cesse de convaincre Ă lâinstar de Pierre-Yves Graf, graphiste et chargĂ© de montage culturel, qui est un usager de Smart. « Je voulais intĂ©grer une entreprise qui a des valeurs. Il y a cet aspect fonctionnel qui permet de gĂ©rer toute la dimension comptable et administrative. Câest un outil hyper performant au niveau technique qui justifie lâidĂ©e mĂȘme de la mutualisation », raconte-t-il.
Pierre-Yves Graf Ă©voque la dimension financiĂšre de lâapport de la coopĂ©rative. « Smart gĂšre des factures pour moi et les porte en cas de problĂšme. Avec le fonds de garantie, on a la possibilitĂ© dâĂȘtre sĂ©curisĂ© », souligne-t-il. Sans compter que le paiement Ă 7 jours permet dâĂ©viter « les problĂšmes de calage de trĂ©sorerie ».
Enfin, au-delĂ du factuel, il apprĂ©cie lâaccompagnement de son propre dĂ©veloppement. « Lâouverture sur les structures partenaires apporte une dimension toute autre : ça permet de passer des Ă©tapes », se rĂ©jouit-il. Et dâen conclure : « Pour ma part, câest une expĂ©rience trĂšs positive ».
Serge PAYRAU