Publié le 17 novembre 2015 à 18h50 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 20h44
C’est dans le hall du théâtre du Jeu de Paume -qui coproduit le spectacle- puis, dans la salle que débute ce «Conte d’Hiver» de Shakespeare revu par Philippe Car et sa compagnie «Agence de voyages imaginaires». Acteurs, musiciens investissent le balcon jouant de de tous les instruments et une fois la complicité installée avec le public, les voilà qu’ils se retrouvent sur les planches pour 1h50 de bonheur artistique. Le Conte d’Hiver se signale donc d’abord par son côté festif. Il est vrai que cette pièce se termine bien, faisant partie comme «La nuit des rois» des comédies concoctées par l’auteur élisabéthain dont l’année 2016 marquera le 500e anniversaire de sa disparition. Pourtant l’histoire revêt à ses débuts tous les habits du drame. Leonte, un Roi de Sicile, bouffon rappelant ici par ses costumes et sa gestuelle l’Ubu de Jarry et autour quelques personnages hantés par la folie comme les conçoit Pirandello, décide par jalousie et dans un élan de passion destructrice de faire enfermer Hermione sa femme enceinte qu’il croit être porteuse de l’enfant de son ami Polixène, roi de Bohème. Ce dernier parvient à échapper au courroux de son ancien monarque ami, tandis que l’épouse bafouée et emprisonnée accouchera de sa fille qui sera abandonnée sur un rivage hostile en étant prénommée Perdita. Seize années après tout rentrera dans l’ordre, la mère que l’on a cru morte et l’enfant se retrouveront, Perdita fera un beau mariage d’amour et de raison royale et, Leonte reconnaîtra ses fautes morales en accueillant à nouveau sa fille. Tragédie, Comédie, Burlesque rappelant la commedia dell’arte cette pièce découpée par Philippe Car en trois parties ne cesse de révéler des surprises narratives et scéniques. Nous changeons également de décors passant de l’hiver au palais de Bohème, au printemps du bord de mer sicilien, et retour en Bohème pour un épilogue joyeux. Interprétée avec un esprit de troupe, servie par des accessoires rutilant de couleurs, assortie d’assertions ironiques, sur l’absence de flair du héros, trône et temps qui passe joués par des acteurs, bateaux en papiers pour narrer le voyage vers la Sicile, cette pièce bénéficie d’une mise en scène alerte et d’un jeu choral d’où Philippe Car émerge en interprétant comme ses camarades plusieurs rôles parlés et musicaux. Voilà une re-création (ce spectacle a en effet été présenté d’abord en 2002), qui fait réfléchir avec le sourire sur la jalousie, la vanité et la brutalité des tyrans et le tout dans une grande beauté visuelle. Un conte d’hiver qui réchauffe le cœur et l’âme.
Jean-Rémi BARLAND
Au Jeu de paume d’Aix du 17 au 21 novembre à 20h30, sauf le mercredi 18 à 19h. Plus d’info: jeudepaume.org
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