Publié le 6 janvier 2016 à 13h41 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
Décidément, ce début 2016 est cruel et chaque jour qui se lève apporte la triste nouvelle d’un décès. Nous venons ainsi d’apprendre celui de Pierre Boulez, musicien, pédagogue, compositeur et chef d’orchestre français, le cinq janvier à Baden-Baden à l’âge de 90 ans terrassé par l’âge et la maladie. Que dire, qu’écrire sur cet homme qui est entré de son vivant au Panthéon de la Musique ? Si ce n’est reprendre la biographie, maintes fois écrite, de ce monument qu’était Boulez dont la vie entière fut consacrée à l’amour de la musique contemporaine, à la recherche et à la direction des plus grands orchestres du monde. L’été dernier, à Forcalquier, Jean-Guihen Queyras, et ses amis lui avaient rendu hommage au long d’une programmation festivalière de haute tenue. Le violoncelliste français nous avait alors confié que celui qui fut son mentor était déjà bien fatigué. Mais il nous avait aussi dit combien Boulez était une pièce essentielle de l’histoire de la musique.
Personnellement, outre de somptueux enregistrements, Boulez restera l’un des personnages qui ont compté dans mon éducation musicale. Deux souvenirs remontent à ma mémoire et les deux sont nés de l’intelligence du duo Boulez-Chéreau. Le premier c’est le « Ring » de Wagner donné à Bayreuth de 1976 à 1980. Une production qui allait casser les codes et serait saluée par 85 minutes d’applaudissement au soir de la dernière.
Ce « Ring » (l’Or du Rhin, Siegfried, La Walkyrie et Le Crépuscule des dieux), c’est mon professeur de philosophie, en Avignon, André Courcol, qui l’avait fait découvrir à une phalange d’élèves intéressés par la musique en terminale. Ce n’était pas encore celui de Boulez… Le deuxième souvenir, remonte en 2007 où, toujours en complicité avec Patrice Chéreau, le maître était à la direction musicale d’une production de l’opéra de Janacek « De la maison des morts » programmée au festival d’Aix-en-Provence au Grand Théâtre de Provence. Cette production reste comme l’une des plus abouties qu’il m’ait été donné d’apprécier dans mon activité de critique musical. Les images et la musique sont encore dans ma tête. Désormais Boulez et Chéreau sont réunis à tout jamais.
« Pour tous ceux qui l’ont côtoyé et qui ont pu apprécier son énergie créatrice, son exigence artistique, sa disponibilité et sa générosité, sa présence restera vive et intense« , indique sa famille dans le communiqué diffusé hier par la Philharmonie de Paris, dont il était l’initiateur. Effectivement, une présence vive et intense qui n’est pas prête de disparaître. Que le maître repose en Paix désormais.
Michel EGEA