Publié le 18 janvier 2018 à 20h36 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h24
Dix-huit boutiques en région Provence-Alpes-Côte d’Azur dont 4 à Marseille, sont menacées de perdre 208 emplois dans un délai de six mois et donc de fermeture. Devant la boutique de la rue Saint-Ferréol, les représentants syndicaux des personnels (FO-CGT-CFDT) ont demandé hier, aux Marseillais qui passaient de signer une pétition pour que soit stoppée l’hémorragie de licenciements. Une mesure qui survient après l’abandon de la procédure de rupture collective mardi dernier et la signature d’un accord en vue d’un plan de départs volontaires. Une situation difficile qui germe depuis longtemps, qui n’est pas propre à Pimkie et qui touche plus ou moins l’ensemble des boutiques qui, pour rester en tête, doivent sans cesse se renouveler, être au top et le moins cher. La mode c’est ce qui se démode, disait Chanel, sauf qu’aujourd’hui sa durée de vie est ultra courte.
Une belle histoire
Pimkie et Marseille, c’est pourtant une belle histoire tricotée dans les années 1968-1971 alors que la mode était en pleine effervescence, pilotée par de jeunes créateurs qui ont fait le pari d’offrir à toutes les femmes un style luxe «relooké», inspiré des grands nomS de l’époque, Courrèges, Saint-Laurent, etc. A l’origine, Pimkie était une marque de chaussettes, qui a senti le vent changer et s’est adapté au pantalon pour la femme. Oui, elles ne voulaient plus mettre de robes! C’est ainsi avec toutes sortes de pantalons que la marque est née dans le centre-ville de Lille. A la fin des années 1980, la marque avait déjà pignon sur rue dans toute la France. Sur cette vague, qui a fait le bonheur d’autres marques, le métier de créateur s’est du même coup développé, en ciblant sa clientèle, par âge, par prix, par qualité. On peut se tromper en choisissant un créneau soi-disant porteur, il semble que Pimkie qui, en 2010, a ciblé la tranche des 15 à 20 ans ait fait fausse route, ce qui lui a coûté cher. Faire la mode moins cher que la mode, ce n’est pas évident; le créneau de la marque était auparavant les 18-25 ans, une clientèle qui découvre comment se mettre en valeur, indépendante, active, sans famille et donc disposant d’un budget «fringues» plus libre. Aujourd’hui tout le monde veut avoir 25 ans et il était amusant d’ailleurs de voir hier dans ce magasin autant de jeunes que de personnes de tous les âges. La crainte des salariés, qui sont très attachés à Pimkie, c’est aujourd’hui 718 magasins dans 30 pays dont notamment la Chine – est qu’elle ne soit un jour qu’une autre marque parmi les autres au sein d’un Groupement d’Intérêt Économique. Une sorte de grand magasin où seraient regroupés plusieurs ex-leader. Un peu triste tout ça, la mode est débridée, elle n’aime pas l’uniformité.
Christine Letellier