Publié le 13 mars 2020 à 10h11 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h29
«Cette épidémie qui affecte tous les continents et frappe tous les pays européens est la plus grave crise sanitaire qu’ait connu la France depuis un siècle.». Lors de son allocution télévisée ce jeudi 12 mars, Emmanuel Macron a annoncé une série de mesures d’ampleur pour lutter contre l’épidémie de coronavirus Covid-19. Tout en rappelant: «Nous avons en France les meilleurs virologues, les meilleurs épidémiologistes, des spécialistes de grand renom, des cliniciens aussi, des gens qui sont sur le terrain…» Son annonce la plus marquante concerne la fermeture à partir de lundi, et «jusqu’à nouvel ordre», des crèches, écoles, collèges, lycées et universités pour freiner la propagation du virus, qui a tué 61 personnes et en a contaminé près de 3 000. Emmanuel Macron en a appelé à «la responsabilité» et demandé «à tous les Français» de limiter «au strict nécessaire» leurs déplacements, en privilégiant le télétravail, mais a maintenu les élections municipales dont le premier tour est prévu dimanche.
Les mesures annoncées
Un appel à refuser le « repli individualiste »
«Jamais de telles épreuves ne se surmontent en solitaire, mais au contraire en solidaire», a indiqué le chef de l’État qui en a appelé à la responsabilité de tous les Français pour respecter les consignes qui sont données par les autorités, ainsi que les gestes pour éviter la transmission du virus.
Les personnes de plus de 70 ans appelées à rester chez elles
«Toutes les personnes âgées de plus de 70 ans, à celles et ceux qui souffrent de maladies chroniques ou de troubles respiratoires, aux personnes en situation de handicap, de rester autant que possible à leur domicile. Elles pourront, bien sûr, sortir de chez elles pour faire leurs courses, pour s’aérer, mais elles doivent limiter leurs contacts au maximum», a conseillé le chef de l’État. Il invite également «tous les Français à limiter leurs déplacements au strict nécessaire». Et d’expliquer: «On doit se préparer à une deuxième vague qui touchera un peu plus tard les personnes plus jeunes».
Crèches, écoles, collèges, lycées et universités fermés dès lundi
Emmanuel Macron a ordonné la fermeture à partir de lundi, et «jusqu’à nouvel ordre», des crèches, des établissements scolaires et universités. «Un service de garde sera mis en place région par région» pour que les personnels «indispensables à la gestion de la crise sanitaire» puissent «faire garder leurs enfants et continuer d’aller au travail», a-t-il annoncé lors de sa déclaration télévisée.
Les salariés contraints à rester chez eux indemnisés par l’État
Le président de la République a aussi annoncé des mesures «exceptionnelles et massives» de chômage partiel. «L’État prendra en charge l’indemnisation des salariés contraints à rester chez eux», a indiqué le chef de l’État. «Je veux que nous puissions protéger aussi nos indépendants, et donc nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour donner cette garantie sur le plan économique», a-t-il ajouté. Il a aussi annoncé le report des cotisations et des impôts dus en mars par les sociétés. Par ailleurs, le Président de la République a insisté pour l’intensification du télétravail dans les entreprises où il est possible.
Les élections municipales maintenues
Le premier tour des élections municipales, dimanche 15 mars, «se tiendra», a annoncé jeudi Emmanuel Macron, s’appuyant sur l’avis de scientifiques selon lequel «rien ne s’oppose à ce que les Français se rendent aux urnes». «Il est important en ce moment, en suivant l’avis des scientifiques comme nous venons de le faire, d’assurer la continuité de notre vie démocratique et de nos institutions», a assuré le chef de l’État.
La trêve hivernale prolongée de deux mois
«La trêve hivernale sera reportée de deux mois», a annoncé Emmanuel Macron. Cette mesure était réclamée par les associations, qui craignaient que les personnes sans domicile fixe ne soient particulièrement affectées par le virus.
Un plan de relance européen à l’étude
Sur le plan économique, Emmanuel Macron a également demandé au gouvernement «de préparer un plan de relance national et européen», invitant les 27 à «réagir vite et fort». «Nous devons aussi porter une réponse européenne. La Banque centrale a déjà aujourd’hui fait part de ses premières décisions. Seront-elles suffisantes ? Je ne le crois pas», avance-t-il. «Il faut éviter le repli nationaliste, ce virus n’a pas de passeport», a enfin appelé Emmanuel Macron, soulignant que les fermetures de frontières devront être décidées «à l’échelle européenne», le cas échéant.
Les étudiants et les jeunes retraités mobilisés, dans le cadre de la réserve nationale
«Notre système de santé, notamment dans les services de réanimation, doit se préparer à accueillir de plus en plus de cas graves de Covid-19 et continuer à soigner les autres malades», a indiqué le chef de l’État. «Des places doivent se libérer dans les hôpitaux. Pour cela, toutes les capacités hospitalières nationales ainsi que le maximum de médecins et de soignants seront mobilisés», a-t-il annoncé, précisant que «les étudiants et les jeunes retraités» seront mobilisés, dans le cadre de la réserve nationale. Emmanuel Macron a également fait savoir qu’en parallèle, «les soins non essentiels à l’hôpital seront reportés, c’est à dire les opérations qui ne sont pas urgentes, tout ce qui peut nous aider à gagner du temps». Et d’assurer : «Le Gouvernement mobilisera tous les moyens financiers nécessaires pour porter assistance, pour prendre en charge les malades, pour sauver des vies quoi qu’il en coûte»
Des pistes de traitement
Le chef de l’État annonce: «Nos professeurs, avec l’appui des acteurs privés, travaillent d’ores et déjà sur plusieurs pistes de traitement à Paris, Marseille et Lyon, entre autres. Les protocoles ont commencé.» «L’Europe a tous les atouts pour offrir au monde l’antidote au Covid-19. Des équipes sont également à pied d’œuvre pour inventer un vaccin. Il ne pourra pas voir le jour avant plusieurs mois, mais il est porteur de grands espoirs.», assure-t-il.
Des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché
«Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, c’est que la santé gratuite, sans condition de revenus, de parcours ou de profession, notre État-providence, ne sont pas des coûts ou des charges, mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe», a déclaré Emmanuel Macron qui estime que «ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché».
Anna CHAIRMANN
Verbatim de l’allocution télévisée du Président de la République
Françaises, Français, mes chers compatriotes, |