Port de Marseille-Fos. Des gigaprojets pour relancer l’activité industrielle

Publié le 18 septembre 2024 à  8h35 - Dernière mise à  jour le 19 septembre 2024 à  9h23

Les chiffres donnent le tournis. 12 milliards d’investissements, entre 10 et 15 000 emplois créés d’ci 2030. Un programme d’industrialisation jamais vu depuis les années 70. Les investisseurs sont là, mais reste une vaste interrogation : Est-ce que l’intendance suivra ? Invités par le club de l’immobilier Marseille-Provence divers acteurs ont fait le point à Port-Saint-Louis du Rhône.

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Les acteurs de l’immobilier invités par le Club de l’immobiler Marseille-Provence (Photo Joël Barcy)

 Un investissement inédit

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Rémi Costantino présente le hub des futures implantations des entreprises du hub décarboné (Photo Joël Barcy)

 C’est une langue de terre semblable à un cargo, vue d’avion. Sur les centaines d’hectares qui jouxtent la darse 1 du port de Fos, doit naître un hub de l’industrie décarbonée. Investissement prévu, privé et public autour des 12 milliards d’euros. Du jamais vu depuis près d’un demi-siècle dans le secteur. «On n’a pas eu d’implantations nouvelles en 40 ans dans le secteur, dans la pétrochimie comme dans la sidérurgie chacun a vécu en silo son histoire », indique le sous-préfet d’Istres Régis Passerieux.

Jusqu’à présent la stratégie industrielle des acteurs du port de Marseille-Fos a été « pour vivre heureux vivons cachés » indique Rémi Costantino, le directeur général adjoint de Marseille-Fos. L’idée est aujourd’hui de travailler en synergie et d’aller vers une trajectoire décarbonée en 2050. De montrer qu’à l’Ouest il y a du nouveau et que les entreprises tirent dans le même sens».

Des gigafactories

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Jérôme Marchais, directeur de la construction et de la coordination des projets de l’entreprise Carbon (Photo Joël Barcy)

Sur ce hub décarboné de Fos, 5 gigafactories sont candidates. Carbon, spécialisée dans les panneaux photovoltaïques, devrait produire « 11 millions d’unités par an et créer 3 000 emplois, affirme Jérôme Marchais, directeur de la construction et de la coordination des projets. On pense obtenir notre permis de construire en janvier prochain et démarrer les premières lignes en 2027». L’usine ne fera pas de la sous-traitance, Fos la filière sera totalement intégrée. La Recherche et développement sera basée à Istres.

A côté, le long de la darse 1, doit s’installer GravitHy. Le groupe prévoit d’investir 2,2 milliards d’euros pour fournir un acier décarboné aux usines sidérurgiques voisines. Selon Alice Vieillefosse, la directrice croissance de la société « le projet GravitHy avance bien, on avance dans les études pour déposer les autorisations mi-2025. Le projet avance bien sur les contrats commerciaux et les approvisionnements. Ce sont des étapes essentielles qui permettent de voir ce projet bientôt sortir de terre ». La mise en service est prévue en 2028. H2V, Neocarb font aussi partie des structures appelées à s’installer sur la zone.

Des freins

Reste des freins pour l’installation de ces gigafactories. Ce futur paradis industriel décarboné souffre d’insuffisances notoires. Le développement des infrastructures routières tarde or les bouchons sont déjà légion au rond-point de la Fossette. Qu’en sera-t-il avec 10 à 15 000 salariés en plus sur le secteur. En outre, l’arrivée d’une ligne électrique à très haute tension, indispensable pour le démarrage de GravitHy par exemple, n’a toujours pas vu son tracé validé. « Je ne suis pas rassuré monsieur le préfet. On devait avoir le tracé en juin, on ne l’a toujours pas  », s’impatiente Jean-Luc Chauvin le président de la CCIAMP. Soit on profite de ce Momentum et on a 30 à 50 ans de croissance assurée ou on passe à côté et on court vers un déclin ces 15 prochaines années

Restera aussi à fournir des logements, des services. En comptant les familles, ce sont 30 à 40 000 personnes qui vont arriver sur ce secteur d’ci 2030. « Le principal challenge est le temps, conclut le sous-préfet d’Istres. Si les décisions ne sont pas prises dans les prochains mois et qu’on n’est pas capables de donner des certitudes aux investisseurs tout peut s’effondrer comme un château de cartes ».

Passer le col du Rove !

« Pour les Marseillais, le symbole c’est le passage du col du Rove », annonce avec humour William Joly, directeur délégué de la SNEF, une entreprise de sous-traitance électrique. On a aucune infrastructure sur la zone en matière de logement ou de restauration. Il faut que les Marseillais s’approprient ce territoire, qu’ils osent franchir ce col et découvre son intérêt ».

« Un potentiel énorme »

En organisant ce rendez-vous du club de l’immobilier à Port-Saint-Louis du Rhône, l’objectif était de faire découvrir aux adhérents le potentiel de cette partie ouest, proche de la mer, de la Camargue… « C’est un territoire qui va muter considérablement, affirme Emmanuel Dujardin, organisateur de la journée de l’immobilier. Il faut qu’à un moment les professionnels investissent ce territoire et se disent que 15 000 emplois créés, ce sont des logements, des équipements scolaires, de loisirs et culturels à construire. C’est un territoire qu’on connait peu vu d’Aix ou de Marseille. Il faut venir prospecter. Si on n’y met pas toute notre énergie il y a des risques que le train passe et qu’on ne monte pas dedans. Le site est dingue sous le soleil face à la mer. C’est un potentiel unique et il faut venir investir dessus ».

Dans 6 mois ou un an on devrait mesurer si l’intendance suit. Si ce n’est pas le cas, des projets pourraient tomber à l’eau et avec eux le vaste hub décarboné envisagé sur le grand port maritime de Marseille-Fos. S’il y a une chose dont les investisseurs ont horreur, c’est l’incertitude.

Reportage Joël BARCY

 

 

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