Portraits des Comités d’Intérêt de Quartier de Marseille- Le CIQ de Sévigné et alentours (9e)

Publié le 10 juin 2015 à  20h07 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  19h17

Destimed met en lumière des Comités d’Intérêt de Quartier de Marseille. Le premier de cette série de portraits de CIQ sera celui de Sévigné et alentours (9e). Rencontre avec Guy Brault, un président atypique et passionné à l’occasion de l’assemblée générale du CIQ

Guy Brault, (au micro) entouré de Lionel Royer-Perrreaut, maire des 9/10, Frédéric Guelle, adjoint délégué à la Voirie, de madame le Commandant Coste du commissariat du IXe arrondissement de Marseille (Photo Philippe Maillé)
Guy Brault, (au micro) entouré de Lionel Royer-Perrreaut, maire des 9/10, Frédéric Guelle, adjoint délégué à la Voirie, de madame le Commandant Coste du commissariat du IXe arrondissement de Marseille (Photo Philippe Maillé)

Le CIQ Sévigné et alentours a été créé le 8 mai 1967 sous le nom de « Comité général des intérêts de Quartiers Ganay, Coin Joli, La Cravache, Sévigné et Trioulet réunis » (le territoire du CIQ était alors plus vaste qu’actuellement, une partie ayant été détachée pour la création du CIQ actuellement dénommé « Square Jean Bouin »). Les statuts et dénominations actuels du CIQ ont été adoptés en 2007.
Le secteur du CIQ s’inscrit en grande partie dans l’ancien périmètre de la propriété de la Magalone du XVIIIe siècle dont l’une des entrées se trouvait avenue de Mazargues dans le quartier de Sainte-Anne, et l’autre rue Augustin Aubert, du quartier de Sainte-Marguerite. Le périmètre actuel est le suivant : boulevard Gustave Ganay-rue Augustin Aubert-rue Aviateur Lebrix-avenue Viton-Traverse de la Gaye-chemin Joseph Aiguier-rue Aviateur Lebrix-boulevard Michelet.
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Le territoire offre une grande diversité d’habitations : grands ensembles HLM ou privés, maisons individuelles et lotissements, petits immeubles. Socialement, économiquement et culturellement, des disparités importantes existent dans la population. A noter que le secteur, malgré le rétrécissement de la propriété de la Magalone, a conservé la « Bastide de la Magalone » (devenue Cité de la Musique en 1987) avec son parc. Et, même si l’on n’a pas d’informations sur un éventuel passage de Madame de Sévigné à la Magalone (lorsqu’elle séjournait chez sa fille la comtesse de Grignan, au château de Mazargues), elle a marqué le secteur de notre CIQ avec les noms de : Parc Sévigné, rue Rabutin Chantal (nom de son père), rue Coulanges (nom de sa mère), rue Mignard (peintre contemporain de la marquise).

Rencontre avec Guy Brault, président du CIQ Sévigné et alentours, depuis 2001…

Guy Brault, quel a été votre parcours…
Professeur de Lettres, détaché auprès du Ministère des Affaires Etrangères en 1967, j’ai été affecté à l’Université de Brasilia, nommé ensuite Conseiller pédagogique auprès du Consulat Général de France de Sao Paulo, puis professeur à l’Université Classique de Lisbonne. Revenu en France en 1982, j’ai été nommé professeur de Techniques d’expression à l’IUT de Gestion de Lyon-II, jusqu’à ma retraite en 1996, tout en habitant à Marseille, période où j’ai en même temps passé un Master 2 (DESS) de Psychopathologie et Psychologie clinique à l’Université d’Aix-en-Provence.

Pour quelles raisons avez-vous souhaité devenir président de ce CIQ ?
Je suis venu vivre dans mon quartier en 1989. Les troubles dus à des jeunes de grands ensembles du secteur avaient amené des riverains à créer une association de quartier qui a assez vite adhéré au CIQ local, dont je suis devenu président en 2001. De ce point de vue, ce sont donc d’abord les problèmes dits de «sécurité» qui ont présidé à mon choix de m’occuper du CIQ, de mettre en place des réunions Sécurité où ma conviction s’est vite faite qu’il y avait à imaginer des actions de prévention de la délinquance, à côté du nécessaire recours aux interventions de la Police nationale : d’où, en 2012, avec l’aide de notre Secrétaire général Monsieur Michel Carré, le lancement effectif de notre action « Harmonie Cités » avec l’association APIS.

Qu’est-ce qui a notamment changé depuis que vous présidez ce CIQ ?
Je dirais que, grâce aussi à une équipe soudée, nous sommes plus actifs. Dans le secteur de la délinquance et de la sécurité, nous n’avons quasiment plus de problèmes. Il faut dire que nous avons aussi mis en place une collaboration efficace avec la police en créant dès 2002, les réunions « sécurité » (avec les principaux responsables du secteur, la police nationale, des éducateurs et des élus) au cours desquelles le CIQ fait le point avec les représentants des forces de l’ordre de la situation dans le quartier, des problèmes rencontrés, etc. Ce dispositif (plus de 10 réunions entre 2002 et 2010) s’est révèle payant au fil du temps. (Dispositif repris depuis 2010 par la création des réunions « Sécurité » de la Fédération des CIQ du IXe arrondissement de Marseille).

Quels sont les principales réalisations obtenues par le CIQ ?
Depuis une trentaine d’années, ce CIQ est intervenu directement pour obtenir auprès des services concédés des améliorations concrètes dans le quartier et notamment concernant :
-La voirie: réfection du bd Léon et des rues Mirone et Cazalet-Jacquet parties voie publique, d’une partie du bd Gustave Ganay (entre le boulevard du Commandeur et la rue Maurin), des rues Mignard et avenue de la Magalone. Sans compter les aménagements que sont les poses de potelets, de ralentisseurs, la sécurisation de la circulation des piétons, la matérialisation des espaces de stationnement, la pose de feux de circulation bd Ganay-rue Maurin, etc…). L’avenue du Frêne va être entièrement refaite au 2e semestre prochain, au bénéfice des piétons en particulier.
-Les jardins: interventions pour l’entretien des jardins Sévigné et de la Magalone.
-Les eaux pluviales: pose d’avaloirs boulevard Léon; réseau pluvial depuis la rue Mignard jusqu’au boulevard Michelet.

Quelles sont les problématiques du secteur aujourd’hui ?
Aujourd’hui, indépendamment des travaux de voirie encore indispensables dans le secteur (entre autres la nécessaire réfection du boulevard Gustave Ganay après la fin des travaux du bassin de rétention Ganay), les préoccupations concernant la sécurité des riverains liée au problème majeur, urbanistique, qui affecte la qualité de vie de nombreux riverains : les difficultés de circulation dans le secteur créées ou accentuées par la clôture des copropriétés.

Quels sont les temps forts du CIQ ?
Outre les AG annuelles, les permanences du 1er lundi du mois récemment mises en place, les réunions « Sécurité » et la participation aux réunions de la Fédération des CIQ du IXe arrondissement, le temps fort récent a été le mini-concert (violons et chorale) présenté par les enfants de la formation « Harmonie Cités » à l’occasion de l’AG du CIQ du 18 mai 2015 sous les applaudissements chaleureux des riverains, des élus et invités présents.

(Photo Philippe Maillé)
(Photo Philippe Maillé)
(Photo Philippe Maillé)
(Photo Philippe Maillé)

Parlez-nous d’Harmonie Cités…
Soucieux depuis des années d’un contexte préoccupant pour les jeunes de grandes cités sensibles de son secteur, comme pour leurs familles et les habitants des quartiers, le CIQ a décidé de lancer en 2010 une action innovante de prévention de la délinquance auprès de certaines cités du secteur du CIQ, baptisée « Harmonie Cités ». Inspirée du célèbre modèle El Sistema vénézuélien, l’action vise à initier et former à la pratique instrumentale et orchestrale en musique classique des enfants et jeunes adolescents de ces cités. Le CIQ, à l’origine de l’action et se chargeant des rapports avec les différentes autorités et de la recherche d’aides et sponsors, s’est assuré la collaboration de l’association APIS (Association pour la Promotion de l’Ingénierie Socio-éducative), de Marseille, pour le recrutement, l’encadrement des enfants, la gestion administrative et financière de l’action et de l’école de Musique Mélodie 7. En mars 2015, il a été mis en place une première formation de 15 enfants, avec apprentissage du violon pour tous et chorale, 8 heures par semaine, assurés par deux professeurs éminents : Valério Conti et Licia Zyngale.

Aujourd’hui, quelles sont les principales demandes du CIQ auprès des élus ?
Notre CIQ, comme tous les autres, ne cesse d’intervenir auprès des élus sur ces questions fondamentales que sont les problèmes de voirie, de circulation, d’urbanisme, de propreté, du droit au calme des riverains. Mais la spécificité de l’action Harmonie Cités, actuellement financée partiellement par la Politique de la Ville, le Conseil général, l’entreprise GEMALTO et surtout une aide conséquente de la Fondation de France, n’aura de sens que dans sa pérennité : action de long terme auprès des quartiers, leur image, et nécessité humaine que les enfants et leurs familles engagés dans cette aventure ne soient pas abandonnés à leur sort. Assurément, nous devons continuer à solliciter des mécènes pour financer cette action. Mais nous pensons que la Ville et les autorités locales ne peuvent qu’être concernées par une action où c’est la sécurité, la qualité de vie et l’image de nos quartiers qui est en jeu.

Quelles raisons pourraient amener de nouveaux adhérents au CIQ ?
Justement la réussite et la portée d’Harmonie Cités (sécurité, prévention mais aussi culture, lien social) peut amener certains riverains à porter un regard différent sur le CIQ et les actions menées par celui-ci.

Votre CIQ en un mot ?
« Atypique », ce CIQ ? Sans doute si nous sommes le seul CIQ à avoir créé ce type d’action de prévention de la délinquance ; mais je revendique la cohérence de notre CIQ à l’égard de ces questions de délinquance, incivilités et le souci d’améliorer la qualité de vie de nos riverains comme l’image des quartiers.
Propos recueillis par Mireille SANCHEZ

Contact CIQ : CIQ Sévigné & alentours, Maison du Quartier, 36 rue Aviateur le Brix 13009 Marseille. Permanence tous les 1er lundi du mois de 10 h à 12 h.

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