Publié le 18 mai 2016 à 0h08 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h31
Jean-Marc Coppola (PCF-FdG) -conseiller municipal de Marseille, élu des 15/16 et ancien vice-président de la Région Paca- revient sur la mobilisation contre la Loi Travail; évoque des régressions alors même que «l’on fête le Front populaire de 1936 qui a vu les plus grandes avancées sociales et démocratiques»…
Le gouvernement a beau faire preuve de fermeté et d’autoritarisme, à défaut d’écoute et de dialogue, les travailleurs, les jeunes, les syndicats ont fait aujourd’hui encore la démonstration que rien ne les détournera de leur objectif : le retrait de la loi travail.
Ils seront aux rendez-vous de jeudi 19 mai, pendant que les routiers, les cheminots engagent des journées (et des nuits) de grève.
Toujours plus nombreux, toujours plus déterminés, à l’image des 75 % de Français opposés à cette loi travail, ils ont bien compris que la balance pèse du côté du Medef, de la concurrence, de la finance qui réclament toujours plus de régression sociale et de suppression de droits, de garanties et de statuts.
Compris, oui ! N’en déplaise à tous ceux qui racontent en boucle, que telle ou telle corporation ne serait pas impactée par la loi travail, que les manifestants ne connaissent pas le contenu de la loi en question.
Compris, oui ! N’en déplaise à François Hollande qui, pour justifier son entêtement à maintenir cette loi, menace l’alternance avec la droite ou l’extrême droite, pour n’apparaître que le seul recours possible.
En revanche, le Président de la République n’a manifestement pas compris que ces femmes, ces hommes, ces jeunes qui luttent aujourd’hui n’ont que faire des stratégies politiciennes.
Elles et ils déjouent à chaque manifestation les provocations et les violences dont elles et ils sont les victimes, dont la première violence, est celle de trahison des engagements non tenus. La trahison des idéaux de gauche, mais aussi des valeurs républicaines comme l’égalité, la solidarité, la justice. La trahison d’un gouvernement bien fragile qui préfère le 49-3 au débat démocratique et contradictoire sur les amendements.
Elles et ils ne réclament que le retrait de cette loi parce qu’elle introduit l’inversion de la hiérarchie des normes et enlève toute force au Code du travail.
Ainsi un contrat de travail signé sous la pression affectera les conditions de travail, le niveau de rémunération et les droits des travailleurs.
Il sera plus facile de mettre en concurrence les salariés pour le plus grand bénéfice des actionnaires et de la finance.
A l’heure où l’on fête le Front populaire de 1936 qui a vu les plus grandes avancées sociales et démocratiques comme les congés payés, la semaine de 40 heures, l’invention des conventions collectives, censées augmenter la loi et non la transgresser comme c’est prévu dans la loi Travail, elles et ils ont bien compris le danger de cette politique libérale qui va fragiliser encore plus les salariés.
En 2012, une majorité de Français avait choisi une politique de gauche, après les 10 ans de gestion du pays par la droite, en 2016 la dérive libérale de ce gouvernement doit être stoppée pour faire place à une véritable politique de gauche.
Une politique courageuse de redistribution des richesses à ceux qui les créent. Une politique ambitieuse qui ouvre la voie à de nouveaux droits pour les travailleurs et les citoyens, et à de nouvelles avancées comme la baisse du temps de travail, l’amélioration des conditions de travail, l’augmentation des salaires et pensions, l’investissement public dans l’éducation et la formation.
D’autres dirigeants avant François Hollande et Manuel Valls avaient dit qu’ils ne céderaient pas, et ils ont cédé comme en 2006 avec la loi sur le CPE (Contrat Première Embauche) qui fut retirée par Jacques Chirac, après sa promulgation.
Les manifestants, les grévistes, les soutiens à ces mouvements ont d’autant plus raison, que ce gouvernement est moins violent à l’égard des fraudeurs en col blanc qui placent leur argent dans les paradis fiscaux comme à Panama. Ce gouvernement est moins ferme à l’égard des grands patrons qui s’octroient des augmentations de salaires indécentes. Il est moins autoritaire à l’égard des actionnaires des entreprises du CAC 40 et des banques qui se gavent chaque année plus quand la majorité des Français se serre la ceinture.
Alors oui une autre politique est possible et urgente pour sortir de la spirale du déclin économique et du chômage, et pour s’extraire de l’austérité qui bouche toute perspective de développement humain et de progrès social.
Alors rendez-vous jeudi 19 et la suite pour une nouvelle étape dans la mobilisation sociale.