Publié le 29 septembre 2022 à 17h18 - Dernière mise à jour le 11 juin 2023 à 18h28
C’était la soirée des premières, mercredi, au Grand Théâtre de Provence. Premier concert de la saison pour le lieu, mais aussi pour Insula Orchestra et Laurence Equilbey, première «livraison» d’un nouveau programme consacré à Louise Farrenc et à Beethoven et premier bis pour Lucas Debargue sous la forme d’une mazurka de sa composition finalisée il y a quelques jours.
Laurence Equilbey poursuit son exploration de l’œuvre de Louise Farrenc; toujours avec la même passion et la même envie de mettre en lumière les partitions écrites par la compositrice au 19e siècle. L’occasion pour la fondatrice et directrice musicale de Insula Orchestra de rappeler combien dame Farrenc pouvait être considérée comme iconique et novatrice pour le moins dans l’histoire toujours perturbée de l’égalité hommes/femmes qui n’était vraiment pas de mise au 19e siècle. Après avoir enregistré les symphonies n°1 et n°3, Laurence Equilbey et Insula Orchestra se sont tournés vers les ouvertures et la symphonie n°2 de la compositrice. Et le programme proposé au GTP, qui est appelé à tourner, assure la promotion de ces nouvelles œuvres exhumées.
Ouverture n°1, symphonie n° 2 mais aussi, en bis, une large plage de l’ouverture n° 2, les partitions sonnaient très bien servies par les instruments d’époque d’une phalange musicale dont on ne répètera jamais assez l’excellence du niveau acquis aujourd’hui. Entre Mozart et le romantisme, la symphonie déroule ses andantes et son scherzo avec une élégance toute féminine, bois et cordes dialoguant lumineusement et souvent passionnément.
Pour donner le concerto pour piano n°2 de Beethoven, c’est Lucas Debargue qui était invité à dompter les sonorités si particulières et très métalliques du Pleyel de 1892 qui est de tous les déplacements de l’orchestre en cas de besoin. A l’instar de la symphonie de Louise Farrenc, il y a du Mozart chez Beethoven dans cette sonate et Lucas Debargue ne l’ignore pas, inspiré en solitaire, très présent dans le dialogue avec l’orchestre et artisan génial d’un adagio somptueux de lyrisme et d’émotion. C’était avant son bis, dont nous parlons plus haut, une très plaisante mazurka en si bémol composée par lui même il y a quelques jours et donnée ici quasiment en avant-première.
Michel EGEA