Publié le 18 novembre 2013 à 18h31 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 16h39
C’est un ouvrage « un album des albums de famille » des Chercheurs du Midi qui vient d’être présenté au J1 par l’initiateur du projet Jean-Pierre Moulères et la cinéaste et documentariste, Dominique Cabrera qui en a écrit les textes, le tout ficelé par celui qui invite à la parole Cyril Brunet.
La capitale de la Culture a drainé son lot de moments forts, d’expositions exceptionnelles. Et puis, il y a ce qui a fait la force de cette année 2013,l’autrement avec une foultitude d’idées qui a jailli pour mettre en lumière à la fois un territoire, sa richesse mais également ceux qui le font vivre, gens du passé, du présent.
C’est ce qui a été offert au public durant cette année Capitale à travers des expositions proposées par les Chercheurs de Midi qui ont mis à portée de regards clichés anciens et images numériques que les habitants de la région Paca leur ont transmis. « Le projet était d’élaborer, en mettant en commun des photos personnelles, un album qui dessinerait un portrait de vie dans le Midi, de ses gens, de ses lieux, de ses façons d’être et de vivre », explique l’équipe des chercheurs de Midi. Ainsi près de 10 000 photos ont été collectées et ont fait l’objet de trois expositions : « paysages » : là où on vit ; « usages » : comment on vit ; « personnages » : avec qui on vit.
Et au J1, la Galerie des Chercheurs de midi propose jusqu’au 22 décembre une quatrième exposition « Encore un beau jour », un choix rétrospectif et affectif effectué dans le fonds de ces 10 000 images. Mais, l’aboutissement de cette participation citoyenne au sein de la Capitale de la culture est l’édition d’un ouvrage intitulé « un album des albums » aux éditions le bec en l’air.
« Pour montrer ce qu’est la vie dans le midi »
Pierre Moulères rappelle que cette collecte d’images a été lancée en avril 2012 en direction des gens de la Région, « pour montrer ce qu’est la vie dans le midi ». Les photos arrivaient petit à petit au début « parce que la Capitale en cette période n’était pas encore bien comprise mais au fur à mesure nous avons reçu de plus en plus de photos. Cette collecte s’est arrêtée en juin 2013 mais il est toujours possible d’en déposer sur le site.» Soulignant que la confiance s’étant instaurée « nous avons reçu des séries de plus en plus privées. »
A propos de l’ouvrage, il évoque « une mise en scène ». « Ce sont les photos issues d’album de familles différentes alors comment créer là, un magnétisme entre les photos ? Les lignes graphiques, les couleurs, les contrastes, les thèmes, etc. » Il tient également à rappeler que les photos reçues ont été respectées. « Elles n’ont jamais été retravaillées ni même recadrées. La seule chose que l’on avait à faire c’est choisir. »
« Un sentiment profond est capté dans la photo »
Cyril Brunet d’interroger sur la photo amateur. Dominique Cabrera avoue avoir « un goût profond pour les photos d’amateurs. Ces photos exercent sur moi un magnétisme. Ce sont des « aimants » dans tous les sens du terme puisqu’il y a dedans de l’amour. Les amateurs font des photos parce qu’ils aiment. C’est un émerveillement de la vie : « c’est beau » ou bien « on aime ». Il n’est pas question de commerce, c’est quelque chose de privé. Un sentiment profond est capté dans la photo. » Pierre Moulères considère également qu’au niveau du travail de sélection, ces photos « nous ramène à l’idée de nos propres photos ».
Dominique cabrera d’ajouter : « Mais aussi à nos histoires possibles. On se raconte tous nos vies comme un roman et l’on peut rêver des romans des autres. » Précisant : « J’aurais pu écrire des textes sous toutes les photos. »
Dans l’univers de cet ouvrage, les intervenants sont interrogés sur ce qu’est une bonne photo ?
L’initiateur du projet d’indiquer qu’ « Il n’y a pas de belles ou de bonnes photos. Il y a des photos qui prennent un sens parce qu’elles sont associées à d’autres. La photo ratée a quelque chose mais la photo ingrate, par exemple, qui a priori n’a pas de charme prend un sens à côté d’autres photos. Il s’agit d’une communauté d’images. » Le flou tient également toute sa place parce que selon les concepteurs : « Cela donne à rêver, c’est l’imagination qui parle.»
« Dans la photo de famille, il s’agit de garder en mémoire les moments heureux»
Cyril Brunet constate que dans l’ouvrage, beaucoup d’interrogations apparaissent dans les textes. Dominique Cabrera explique : « Quand j’ai écrit ces textes ce n’était pas pour surplomber ou donner des leçons. J’ai donné ma perception : Qu’est-ce que cette photo dans la réalité et dans mon imaginaire. »
Force est de constater que la photo de famille représente surtout des moments de bonheur. Pierre Moulères avance : « Dans la photo de famille, il s’agit de garder en mémoire les moments heureux. C’est de l’amour que l’on essaie de s’auto-transmettre, un passé, un baume pour le futur. Se pencher sur un passé qui a été bon permet d’apaiser des craintes et construire un présent moins douloureux. »
Pour Dominique cabrera : « Ce sont des sortes de talismans. On ne sait pas ce qui va arriver dans la vie donc on photographie des moments de bonheur pour revivre la chaleur des moments heureux. »
Point de nostalgie dans ce livre, pour Pierre Moulères, « il y a surtout de la mélancolie ». En effet, poursuit la cinéaste : « Une partie de ceux qui sont sur les photos a disparu. La fonction des photos est de restituer la vibration de ceux qui ont disparu. »
Et tous deux de raconter que ce qu’il y a eu de beaux avec ces photos, « ce sont des rencontres de gens qui ont existé, des sortes d’amitié qui se créent. »
Et ils réjouissent du choix de l’éditeur « le bec en l’air » qui n’est pas anodin puisqu’il s’agit d’une maison d’éditions marseillaise spécialisée dans la photographie d’artistes, de reporters.
Patricia MAILLE-CAIRE
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