Publié le 23 février 2017 à 10h01 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h31
En politique, comme en toute chose, le facteur chance compte. Il importe d’arriver au bon endroit au bon moment, François Bayrou le sait bien, il n’a jamais pu trouver l’espace malgré une vraie offre, des échecs qui lui ont donné une épaisseur… François Fillon a souffert; lui aussi a vu le soleil… au point de se brûler les ailes. L’homme a joué la morale, surfé sur l’image du père sévère mais juste… Une image qui lui convenait… jusqu’à se faire prendre les doigts dans le pot de confiture. Car, si présomption d’innocence il y a, difficile d’être crédible en annonçant qu’il faut faire des efforts, réduire drastiquement le nombre de fonctionnaires, après avoir, pour le moins, fait preuve de largesse familiale avec l’argent des autres. Emmanuel Macron peut ainsi découvrir cette chance, sans peut-être la mesurer car c’est celle du débutant. Il s’est lancé dans cette campagne dans la pire des positions, celle du favori médiatique, celle qui conduit à l’échec garanti. Il était parti pour être le Balladur 2017, jusqu’à l’affaire Fillon qui lui a ouvert un boulevard. Certains, chez LR, voient en lui l’occasion de rejouer le match Chaban-Giscard, plutôt voir ce dernier gagner que de perdre l’appareil. D’autres ne se retrouvent décidément pas dans les positions de François Fillon, jugent, comme François Bayrou, son programme «brutal» et déplorent son «obstination» à maintenir sa candidature. Une logique qui conduit le président du Modem à dénoncer: «l’aveuglement où s’est enfermée la droite française m’empêche de réaliser l’accord dont j’avais rêvé avec Alain Juppé et nombre de Républicains». Alors, dans un contexte où, comme le formule François Bayrou, -«toutes les candidatures posent des questions auxquelles les Français ne trouvent pas de réponse, au point que la majorité d’entre eux aujourd’hui affirme qu’ils ne savent pas pour qui voter»-, une voie s’ouvre à lui qui peut le conduire, à minima, au second tour. La solidité, l’expérience, de François Bayrou peut lui donner une colonne vertébrale, lui permettre de garder (trouver?) un cap dans le gros temps. Face à qui? Voilà bien des années que le jeu n’avait pas été aussi ouvert. On saluera au passage la politesse de Nicolas Sarkozy, il laisse la politique comme il l’avait trouvé à son arrivée, avec un parti de droite et un autre centriste, en Marche.
Michel CAIRE