Publié le 18 avril 2017 à 12h06 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 16h01
L’UPE 13 vient de présenter les 4 axes- un territoire d’échanges, tech, de savoirs, compétitif- qu’il entend défendre lors de la présidentielle puis à l’occasion des législatives. Des axes mis en lumière par Johan Bencivenga, le président de l’UPE 13 et Sébastien Didier, le vice-président en charge de l’économie. Occasion pour eux d’affirmer que, puisque l’État entend privatiser l’Aéroport Marseille-Provence il doit en faire de même avec le Grand port maritime de Marseille qui, dans les deux cas, doivent «favoriser l’implication forte des acteurs économiques locaux». Puis de céder la parole à Marc Bayard, délégué général de l’ Union des industries chimiques (UIC) Méditerranée, Philippe Bellemin-Noël vice-président du comité local des banques, Tony Sessine, président de Terre de Commerce et Thierry Chaumont, président de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) Méditerranée qui ont mis en avant leurs priorités dans leur secteur respectif.
«Remettre l’entreprise au cœur du jeu»
«Les échéances présidentielles et législatives doivent impérativement remettre l’entreprise au cœur du jeu pour relancer la croissance, l’emploi et la compétitivité des entreprises françaises», juge Johan Bencivenga. Considérant : «Les élus ont la légitimité pour gouverner mais nous avons une compétence économique dont ils ne peuvent se passer dans le prise de décision». Il en vient alors au premier axe: «Nous avons toujours été une terre d’échanges». «Nous sommes, rappelle-t-il, une métropole portuaire, tournée vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Une Afrique qui représente un fort potentiel économique et démographique pour l’avenir avec ses 2 milliards d’habitants attendus en 2050». Souligne l’importance que représente, pour préparer au mieux ces enjeux, l’aéroport et le port, deux dossiers dans lesquels il entend voir l’économie régionale jouer les premiers rôles afin de devenir«un hub de business vers l’international, la Méditerranée et l’Afrique grâce à la gestion de ces équipements structurant.» Et, ajoute-t-il: «Il faut mettre en place une desserte en transport en commun performante reliant le port, l’aéroport et les gares». Concernant le Port il plaide également pour «une optimisation du potentiel de l’hinterland portuaire lié aux enjeux logistiques avec un meilleur aménagement de la zone industrialo-portuaire, une accessibilité facilitée, tant sur le plan routier, ferroviaire que fluvial et une prise en compte des projets locaux comme le MIN de Chateaurenard». Il mentionne également le fait que l’UPE 13 souhaite voir se mettre en place une école de la réparation navale en apprentissage «pour installer durablement cette filière ».
«Faire de ce territoire la future Silicon valley Provence»
Sébastien Didier dresse pour sa part un bilan du « territoire tech ». «Nous concentrons de nombreux atouts pour créer un écosystème favorable à l’émergence de cette filière sur le territoire. Nous avons la plus grosse connexion de câbles sous-marins de fibre optique. Nous relions ainsi l’Europe, l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie. Avec 8 data centers nous avons la première localisation de France après Paris». Il évoque également, dans cet écosystème territorial, l’importance des accélérateurs, incubateurs, pépinières, pôles, experts, financeurs… présents pour assurer l’accompagnement des start-up à chaque étape de leur développement. Sans oublier de mettre en exergue: «Nous avons également une qualité de vie et un environnement idéal pour développer cette filière et des projets emblématiques et porteurs comme The Camp». Et il ne cache pas les ambitions de l’UPE 13: «Faire de ce territoire la future Silicon valley Provence». Pour ce faire, il évoque «des élus ambassadeurs de notre territoire pour attirer un grand événement Tech du type du CES Las Vegas, DLD Tel Aviv ou MWC Barcelone; obtenir un jumelage économique entre AMP Métropole et une ville de la Silicon Valley; transformer les centre-villes en e-center; équiper en haut/très haut-débit le territoire; mettre en place un crédit d’impôt pour encourager l’accompagnement et l’amorçage des start-up».
Le territoire « des savoirs » est le 3e axe. Sébastien Didier rappelle que plus de 25% des jeunes sont au chômage. «En local, le taux de chômage des jeunes en rupture scolaire s’élève à 17% contre 7% au niveau national. En parallèle, un jeune de moins de 25 ans sur deux est prêt à créer son entreprise. Et l’on prédit que la nouvelle génération aura 17 métiers dans sa vie et, que, sur 10 métiers en 2030, 6 n’existent pas encore». Il s’agit donc, dans ce contexte de «développer l’employabilité, la capacité d’intégration et d’adaptation de la population active au monde du travail en vue d’une meilleure adéquation de l’offre et de la demande locales». «Nous voulons, indique-t-il, que l’économie soit au cœur du système éducatif et de la formation. Nous nous engageons pour notre part à mieux intégrer au monde du travail les jeunes éloignés de l’emploi en menant une action pilote intitulée « Objectif 22 » qui consiste à sortir 200 jeunes du chômage, du décrochage scolaire, des quartiers sensibles en les formant soit au numérique et au digital, soit aux métiers en tension du territoire».
«La dette publique frôle le seuil de 100% du PIB»
Johan Bencivenga présente le quatrième axe « un territoire compétitif ». «Au niveau de l’État, la dette publique frôle le seuil de 100% du PIB et, depuis 10 à 15 ans, la dépense publique augmente de l’ordre de 15 à 20 milliards d’euros par an. Les entreprises quant à elles supportent 120 taxes et impôts. Il existe plus de 400 000 normes en France. Le taux de prélèvements obligatoires en France s’élève à 48% contre 36% en moyenne dans l’OCDE». Il considère donc que «le gouvernement doit concrétiser les engagements pris par le gouvernement lors de la mise en place de la métropole avec un plan ambitieux d’investissement de l’État. On nous a promis 3 milliards nous n’avons que 50 millions, l’État doit respecter ses engagements. Nous demandons d’autre part l’appui de nos élus dans la mise en place d’une gouvernance économique métropolitaine partagée entre acteurs politiques et entreprises. Il faut une réforme profonde des finances et dépenses publiques afin de réaliser entre 100 et 115 milliards d’euros d’économies sur 5 ans pour réduire le poids de la dépense publique et des prélèvements obligatoires respectivement à 48% et 40% du PIB à l’horizon 2020». Il soulève encore un autre point : «Nous avons les règles les plus complexes d’Europe et en plus nous avons celles qui changent le plus souvent. Il faut une simplification et une stabilité des dispositions législatives notamment fiscale et il faut réussir l’harmonisation des régimes de protection fiscale, supprimer le RSI et faire converger les régimes privés et public vers le régime général».
Marc Bayard, délégué général de l’UIC Méditerranée a affiché sa priorité: la constitution de plateformes industrielles en local; celle de Philippe Bellemin-Noël, vice-président du Comité local des banques concerne la création d’un fonds régional pour favoriser les transmissions d’entreprises; Tony Sessine, président de Terre de Commerce avance «il importe de mettre en place une réglementation lisible et équitable pour l’ouverture dominicale». Enfin, Thierry Chaumont, président de l’UIMM Alpes Méditerranée parle de deux priorités: encourager les formations en apprentissage et la négociation des entreprises. L’ensemble de ces propositions seront exposées sur l’Étang de Berre le 18 mai, le 29 mai sur le Pays d’Aix, le 6 juin sur Aubagne/Gémenos/La Ciotat et le 20 juin à Marseille.
Michel CAIRE