Publié le 4 avril 2022 à 18h42 - Dernière mise à jour le 4 novembre 2022 à 19h25
Le Medef Sud vient de présenter ses propositions pour le prochain quinquennat. Propositions déclinées à travers sept grands axes. Pour Yvon Grosso, son président régional: «La France a besoin d’une croissance forte, durable et décarbonée».
Dans le cadre de la présidentielle, Yvon Grosso, le président du Medef Sud, vient de présenter les propositions de l’organisation patronale. Et il tient à préciser que ces suggestions sont « le fruit d’un travail collectif». En effet, depuis le mois d’octobre, des forums régionaux réunissant des chefs d’entreprises adhérents du Mouvement des entreprises de France se sont tenus dans tous les territoires. En région Provence-Alpes-Côte D’Azur, le Medef Sud l’a coorganisé avec l’UPE 13 le 1er décembre à Marseille. Ils ont ainsi permis de faire remonter les attentes et les idées fruit du travail de toutes les commissions et comités.
«On ne parle pas assez d’économie»
Un travail d’autant plus important aux yeux d’Yvon Grosso que, s’il considère que «l’État a été à la hauteur pour soutenir les entreprises et garder les compétences», il déplore cependant: «On ne parle pas assez parlé d’économie» dans cette campagne. Le mouvement patronal, face à cette situation, a décidé d’éditer un livret contenant ses propositions à destination du prochain président de la République. Ces dernières, déclinées en sept grands chapitres, ont un fil directeur. Elles concernent, indique Yvon Grosso, l’amélioration de la compétitivité; la souveraineté comme outil pour doper la croissance; la formation et l’accès à l’emploi pour répondre aux besoins de l’économie; une relation constructive au travail; un capitalisme décarboné, créateur d’opportunités; la croissance au service de la cohésion sociale grâce à la solidarité; l’inclusion et l’intégration; la croissance au service de la dynamique des territoires.
Il signale en premier lieu la demande du monde patronal en faveur d’une simplification, «car cela va libérer beaucoup d’énergie». Il met en exergue un Medef pour qui: «La France a besoin d’une croissance entre 2 et 3 % par an, seule capable de soutenir le pouvoir d’achat».
Décarbonation du mix énergétique
En matière d’environnement l’organisation patronale se prononce en faveur de la décarbonation du mix énergétique en relançant la production d’électricité nucléaire et refonder le marché européen de l’électricité. Il importe, selon le Medef, «d’accroître le potentiel d’activité et de création de valeur de l’économie française à travers une croissance forte, durable et décarbonée». Et «le bouquet énergétique renouvelé doit garantir aux entreprises (notamment énergo-intensives) de bénéficier d’un prix stable et compétitif de l’énergie», est-il précisé.
«Repenser notre place dans le monde et le cadre des échanges»
Pour l’organisation patronale nous sommes face à une nouvelle mondialisation: «qui implique de repenser notre place dans le monde et le cadre des échanges. Les transitions, numériques et climatiques, qui supposent des investissements massifs et de nombreux paris technologiques. Des investissements qui ne peuvent être financés que par des gains de compétitivité, c’est-à-dire la baisse de prélèvements obligatoires et la politique de l’offre». Et d’avancer: «le déficit de notre commerce extérieur depuis 30 ans en est le symbole absolu. C’est un défi de long terme. La montée en compétences de l’ensemble de la population est indispensable dans l’économie de la connaissance. C’est le talon d’Achille de l’économie française». Or, la crise Covid et la guerre en Ukraine souligne l’importance de la souveraineté économique dans laquelle Yvon Grosso voit «un outil pour doper la croissance». Et de plaider en faveur «de filières en Europe indépendantes de la Russie». Le syndicat souhaite également que la formation soit davantage tournée vers les besoins de l’économie et que l’accès à l’emploi devienne une priorité alors que l’on constate aujourd’hui «un écart important entre les formations suivies et les débouchés en entreprise».
Une commande publique repensée
Concernant la dépense publique, le Medef suggère la création d’une taxonomie (classification, suite d’éléments formant des listes qui concernent un domaine, une science) de la dépense publique; de distinguer les dépenses d’investissement et de fonctionnement, les secteurs et actions prioritaires, etc. et les classer en familles.
Le Medef plaide également en faveur d’une commande publique repensée comme un outil de souveraineté. Et de rappeler que la commande publique a représenté 200 milliard d’euros en 2019, soit 8% du PIB français. Le Medef propose également l’instauration d’un «Small Business Act» européen, pensé sur le modèle américain qui ouvre 23% des marchés aux PME nationales.
Ramener les impôts de production à leur moyenne européenne
Concernant la fiscalité Yvon Grosso souhaite voir «ramener les impôts de production à leur moyenne européenne, soit moins 35 milliards en 5 ans) avec une première baisse de 10 milliards minimum prévue dans un projet de loi de finances rectificative dès le printemps 2022, pour tous les impôts de production». Pour compenser, il soumet l’idée de s’appuyer sur «une assiette plus large» et ne cache pas être partisan de la taxation des Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft). Pour le Medef il faut ni plus ni moins «refonder la relation économique globale avec les Gafam (accès aux données, fiscalité…)».
Taxe carbone
Il se prononce d’autre part en faveur de l’instauration de la taxe carbone aux frontières en s’appuyant sur le «Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières»(MACF), sur les filières volontaires, voté par le Parlement européen en mars 2021. L’objectif, pour l’organisation patronale, doit être de «reprendre ce principe en améliorant le projet européen, notamment avec des mesures veillant à éviter les contournements des pays tiers».
Réintroduction massive de l’enseignement mathématique, scientifique et technologique
A noter également que le Medef se prononce, en matière de formation, pour la réintroduction massive de l’enseignement mathématique, scientifique et technologique et de voir, en cinq ans, augmenter de 30% le nombre d’ingénieurs diplômés. L’objectif est de réconcilier les Français (tous publics, tous âges) avec le progrès, l’innovation et ses bénéfices; de retrouver un leadership technologique et économique de la France et de l’Europe.
Le Medef évoque également le partage des valeurs au sein de l’entreprise. Il se dit pour cela favorable à la pérennisation de la prime prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (Pepa) pour les entreprises de moins de 50 salariés sans charge ni impôt. Il recommande d’autre part le développement de l’actionnariat salarié en défiscalisant les actions gratuites pour les entreprises de taille moyenne. Et, concernant les régimes sociaux, l’organisation patronale est favorable à ce que l’âge de la retraite soit relevé à 65 ans. Les recettes attendues à terme sont d’environ 24 milliards par an. «Les éventuels surplus dégagés par cette réforme pourraient être affectés à la réduction de l’endettement des autres régimes sociaux et à la baisse des cotisations». Il est également favorable à la suppression des régimes spéciaux et la création de 3 grands régimes (salariés, fonctionnaires, indépendants).
Michel CAIRE