Publié le 5 décembre 2016 à 22h12 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h31
Manuel Valls démissionne de son poste de Premier ministre pour se lancer dans la campagne de la primaire socialiste comme il vient de l’annoncer sur ses terres à Évry. Une voie ardue mais, François Hollande en son temps, François Fillon aujourd’hui, ont prouvé que les chemins de traverse n’étaient pas les moins sûrs pour parvenir à ses fins. D’autant que les positions conservatrices socialement et néo-libérale économiquement de François Fillon laisse une place et que la bulle Macron peut très bien exploser. Le « centrisme », lieu improbable en politique n’a jamais séduit et, de plus, l’ancien ministre de l’Économie ne bénéficiera pas de l’effet d’affiche de la primaire. Il n’en reste pas moins que Manuel Valls a des problèmes de taille à régler. Il est le Premier ministre d’un gouvernement qui a déçu et qui a clivé. Un bilan qui sera difficile à gérer. Pour le côté clivant, Manuel Valls, par son discours, par la composition de la tribune montrant une France riche de sa diversité, mesure cet écueil, ne se renie pas en vantant les mérites de la controverse, lui qui est passé en force pour la Loi Travail, a milité contre les 35 heures ou encore a porté le projet de déchéance de nationalité. Sa chance, c’est que sa gauche est divisée, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon sont tous deux candidats à la primaire, Jean-Luc Mélenchon part, avec le PCF, hors primaires. Ses opposants socialistes peuvent très bien s’unir au second tour mais ce type d’élection montre que la prime à celui qui sort en tête du premier tour est immense… et, qu’elle modifie le jeu des alliances. Manuel Valls est aussi celui qui a parlé de gauche irréconciliable. Mais, comme dit la publicité, ça, c’était avant, comme les 5,63% des voix qu’il avait obtenu lors de la primaire de 2011. Manuel Valls, mesure que la victoire se joue en rassemblant son camp, il prononce donc un discours marqué à gauche avant de lancer: «Je veux que nous conduisions la gauche vers la victoire. Donnez-moi cette force, mobilisez-vous. Je veux faire gagner tout ce qui nous rassemble». Il entend aussi occuper le terrain sur lequel joue Montebourg en prenant une posture chevénementiste: «Je suis candidat parce que la France doit peser de tout son poids, dans un monde qui n’a plus rien à voir avec ce qu’il était : menaces terroristes, réchauffement climatique, effet néfaste de la mondialisation, affaiblissement de l’Europe, poussée de l’extrême droite. Je veux une France indépendante, inflexible sur ses valeurs». Le passionné de foot qu’il est se montre là amateur d’un jeu offensif basé sur une occupation du terrain. Reste à savoir si cela sera suffisant pour entrer dans l’histoire comme l’homme du «Évry, vidi , vici».
Michel CAIRE