Publié le 6 mars 2019 à 19h38 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 20h49
Renaud Muselier, Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, a lancé la stratégie régionale en faveur du dépistage des cancers. Il a en ce sens signé une lettre d’intention avec Philippe De Mester, Directeur général de l’Agence Régionale de Santé (ARS), Gérard Bertuccelli, Directeur général de la Caisse Primaire Centrale d’Assurance Maladie (CPCAM) des Bouches-du-Rhône et Brigitte Seradour, Présidente du Centre régional de coordination des dépistages des cancers Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, pour améliorer le diagnostic précoce des cancers du sein, du col de l’utérus, colorectal et ainsi accroître les chances de guérison.
«Quand une personne ne se fait pas dépister, la chance d’une vie sauvée s’échappe»
Pour Renaud Muselier le constat est dramatiquement clair: «Notre région est en retard. Or, quand une personne ne se fait pas dépister, la chance d’une vie sauvée s’échappe». Il déplore: «Trop de personnes ne s’y prêtent pas toujours, soit par manque d’information, soit par une peur irrationnelle qui associe dépistage et maladie. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, cette tendance est excessive et exceptionnelle». Mais il n’entend pas en rester là: «Nous avons réuni, ici à Marseille, les quatre forces susceptibles de mener une bataille sans merci pour renverser la tendance. Notre responsabilité est immense». Lancée à l’occasion de la campagne « Mars Bleu », cette stratégie s’inscrit dans la logique du Plan cancer régional de mars 2018. Elle est élaborée en partenariat avec l’ARS et le Centre régional de coordination des dépistages des cancers Sud/Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’objectif est d’accroître les chances de guérison en proposant une dynamique collective pour améliorer le diagnostic précoce des cancers du sein, du col de l’utérus et colorectal. Brigitte Seradour présente le Centre régional de coordination des dépistages des cancers: «Les cinq anciennes associations qui opéraient sur la Région ont fusionné dans cette association Loi 1901 qui est organisée en comité territoriaux avec pour mission le dépistage des cancers du sein, du col de l’utérus et colorectal. Nous attendons de ce regroupement une amélioration et une homogénéisation des pratiques ». Elle ne cache pas espérer «des moyens supplémentaires». Sur le plan médical, souligne-t-elle: «Nous manquons de bases de données volumineuses, ce regroupement va nous permettre de modifier cela. Un enjeu en matière de travaux de recherche en cancérologie». Elle avoue être «extrêmement fière d’avoir réussi cette création. D’autant que nous sommes en avance sur la plupart des autres régions de France». En revanche, en matière de dépistage il n’en va pas de même. Il importe pour elle de développer le dépistage, notamment auprès des populations les moins favorisées qui sont celles qui l’utilisent le moins. «C’est important de développer un dépistage précoce pour une simple raison: cela permet de sauver des vies. Et, si nous nous y mettons tous, nous aurons des résultats dans les deux, trois ans à venir».
«Un dépistage précoce permettrait de sauver 10 000 vies»
Jean-François Seitz, directeur du Service d’oncologie digestive de la Timone, présente les enjeux de Mars Bleu. Il rappelle que le cancer colorectal est le 3e plus fréquent et le 2e plus meurtrier en France. Et c’est là qu’intervient l’importance du dépistage: «Le cancer colorectal tue 18 000 personnes par an en France, soit cinq fois plus que la mortalité routière. Un dépistage précoce permettrait de sauver 10 000 vies, dont 1 000 dans la région». Un cancer qui touche aussi bien les hommes que les femmes à partir de 50 ans, la tranche la plus ciblée étant les 50-74 ans. Or le taux de dépistage n’est que de 28% dans la région. «Sans parler des 71% en Hollande, ni, encore, du taux de 45% minimum préconisé par l’Europe, nous souhaitons passer, dans un premier temps, des 28% pour atteindre la moyenne nationale qui est de 33%». Il tient à préciser que le coût du test et son analyse sont entièrement pris en charge par l’Assurance maladie. «Et nous avons un nouveau test plus simple avec un seul prélèvement qui, plus performant, permet de détecter plus de lésions. il est aussi plus fiable avec une lecture automatisée». Et le monde sportif se mobilise pour populariser cette cause. Ainsi le Smuc invite à courir le 17 mars, au complexe Jean-Bouin à l’occasion de la deuxième édition de Mars Bleu.
«Ne pas écouter les fake news»
Le Directeur général de la Caisse primaire d’Assurance Maladie, Gérard Bertucelli, place cette action dans un cadre stratégique national «qui poursuit deux objectifs: développer la prévention et lutter contre les inégalités d’accès aux soins». Philippe de Mester, le Directeur général de l’ARS, plaide en faveur d’une réduction de la consommation de tabac : «On pourrait ainsi éviter 40% des cancers en réduisant l’usage du tabac», invite à effectuer le test de dépistage du cancer colorectal. Invite à ne pas écouter les « fake news » et à effectuer des mammographies. Alors Renaud Muselier, en tant que médecin et homme politique, insiste à son tour sur l’importance du dépistage. Rappelle que le Plan Cancer Régional, c’est : 25M€ engagés entre 2016 et 2021, 5 axes prioritaires dont la prévention et le dépistage, le soutien et la coordination avec tous les acteurs associatifs et institutionnels en charge de ces questions. «Et nous le savons tous autour de cette table : si nous améliorons les chiffres du dépistage dans la Région, nous sauvons des vies. C’est un effet mécanique, incontestable, à l’image des campagnes de Sécurité Routière». Il dénonce à son tour: «Nous vivons une époque de remise en question permanente où même les vaccinations les plus élémentaires, celles qui ont permis d’éteindre des maladies, sont contestés avec des arguments toujours plus saugrenus ! Mais ces discours se diffusent et se propagent lentement et sûrement. Je veux que nous ayons avec la question du dépistage une démarche offensive et volontaire». Il annonce que le dépistage organisé devient, en 2019, une grande cause régionale. «Et c’est ensemble que nous porterons, chacun dans nos missions et nos compétences, cette stratégie ambitieuse». Stratégie que le Président de Région entend qu’elle soit écrite «point par point, orientation par orientation. La dimension régionale est la bonne : nous avons désormais quatre acteurs institutionnels, mais aussi les conseils départementaux demeurant engagés pour cette cause. Et nous allons mener cette bataille ensemble.»
Michel CAIRE