Publié le 5 mars 2017 à 10h27 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 15h55
C’est au sein d’un hémicycle comble que Renaud Muselier a présenté un bilan d’étape de l’action entreprise par la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur auprès de l’Europe en présence des porteurs de projets. Le député européen, président délégué de Paca rappellant que la Région «a fait le pari de l’Europe» qui s’est traduit par un premier déplacement officiel, avec le Président Christian Estrosi, à Bruxelles en février 2016 : «Nous y avions sécurisé une enveloppe de 250M€ pour 2016, afin de lancer nos politiques et soutenir nos projets. Nous avons rencontré Jean-Claude Juncker, Président de la Commission à la fois pour lui présenter nos orientations stratégiques mais aussi, pour lui dire que nous attendions une Europe au rendez-vous de Provence-Alpes-Côte d’Azur». Lors de cette présentation sont notamment intervenus Ambroise Fayolle, vice-président de la Banque Européenne d’Investissement (BPI), Alain Dumort, chef de la représentation régionale de la Commission Européenne à Marseille ainsi que Yvon Berland, le président d’Aix-Marseille-Université (AMU).
Renaud Muselier considère que la question de l’Europe est «politiquement cruciale». «Ici, poursuit-il, ce qui nous sépare le plus viscéralement de notre adversaire, le Front National, c’est la question de l’Europe. Pour eux, l’Europe est inutile, coûteuse, incapable d’aider nos territoires. Pour nous, elle est capable de nous soutenir pour mener des politiques ambitieuses et concrètes». Avant de signaler: «Député européen, je vois bien qu’à Bruxelles on est habitué à supporter Jean-Marie et Marine. Ici, nous avons la 3e génération, elle est probablement pire que les précédentes». Souligne que l’Europe a été au rendez-vous de Provence-Alpes-Côte d’Azur en 2016 avec plus de 525M€ engagés par l’Europe sur le territoire. «Cela, alors que nous avions fixé avec Christian Estrosi un soutien européen entre 400 et 500M€ en 2016 : nous avons dépassé les objectifs que nous nous étions fixés». Met en exergue quelques exemples de l’apport de l’Europe: «800 000 € pour le Pôle de recherches sur le cancer du pancréas de Marseille (Institut Paoli-Calmettes); 2 M€ pour l’IHU du Professeur Didier Raoult, à Marseille; 1,5 M€ pour les travaux du parking relais du Pôle d’échanges Nikaia, à Nice; 1,5 M€ pour une plateforme de recherches sur la filière fruits et légumes dans le Vaucluse; 6 M€ pour le déménagement des activités de recherches de DCNS à Ollioules, dans le Var; 10 M€ pour l’installation du Très Haut Débit partout dans les Alpes de Haute-Provence et dans les Hautes-Alpes». C’est aussi, indique-t-il : «8 000 € pour Nicolas Godin, éleveur de brebis, pour protéger son troupeau contre le loup, dans les Alpes-Maritimes»; ajoutant, non sans humour: «Ce n’est pas le même Gaudin… ni les mêmes loups».
«Nous visons les 2 milliards d’euros de fonds européens sur la totalité de la mandature»
Il affiche l’ambition régionale: «Nous visons les 2 milliards d’euros de fonds européens sur la totalité de la mandature. 1 milliard de fonds structurels, ceux que l’on gère, et que nous allons consommer entièrement. 1 milliard de fonds thématiques de la Commission, pour lesquels nous nous sommes structurés pour aider les forces vives de la région à remporter des appels. 2 milliards d’euros, c’est une année d’exercice budgétaire en plus». «Déjà, se réjouit-il, notre dynamique s’amplifie pour 2017, puisque je vous annonce que 18 appels à projet sont publiés sur le FEDER (Fonds européen de développement économique régional) et le FSE (Fonds Social Européen), pour plus de 90 M€ d’engagement. Innovation, Smart Région, efficacité énergétique dans les logements, transports, formation, emploi : toutes les thématiques sont concernées».
Rappelle qu’avec l’aide de la Banque Européenne d’Investissement (BEI), des actions sont menées pour les 190 000 lycéens du territoire. «C’est la BEI qui, aujourd’hui,vient à Marseille par l’intermédiaire de son vice-président Ambroise Fayolle». Il se fait l’écho des 250 M€ d’investissements «qui sont rendus possibles par l’accord d’un prêt historique pour notre Région, auquel nous ajoutons 250 M€ d’investissements de fonds régionaux». Des fonds qui permettront la construction de 3 lycées neufs, la réhabilitation de 9 lycées et la construction d’installations sportives dans 19 autres lycées. Alors, pour Renaud Muselier: «Oui, l’Europe est pleine de possibilités et d’opportunités si l’on s’en donne les moyens, si on est épaulé par des collectivités performantes et qui travaillent main dans la main avec les institutions européennes. L’Europe sert si on sait s’en servir. Et cette ambition que nous portons ici est très claire : au-delà des fonds européens, c’est de faire de Provence-Alpes-Côte d’Azur une grande Région européenne. Parce que c’est sa nature et sa vocation».
Aix-Marseille Université est passé de 7M€ de fonds européens entre 2007 et 2009, à 17M€ entre 2014 et 2016. Yvon Berland explique comment ce résultat a été obtenu: «Nous avons mis en place toute une organisation. Elle compte un comité Europe qui se réunit une fois par mois; une personne dédiée pour la stratégie Europe, une dizaine d’autres qui travaillent au montage des dossiers et, depuis janvier 2016, nous avons quelqu’un à Bruxelles, dans les locaux de la Région, pour une activité de veille et de lobbying». Une action qui a notamment permis «d’obtenir 500M€ pour la réhabilitation des campus d’Aix et de Luminy à un taux préférentiel et sur une durée de 25 ans. Cela nous permet d’économiser entre 8 et 9M€». Il ne manque pas d’ajouter -après avoir précisé que l’AMU est la seule université française à avoir un représentant à Bruxelles- «Il existe une représentation des universités françaises et elle ne nous a jamais rien rapporté». Alain Dumort, chef de la représentation régionale de la Commission Européenne à Marseille, avance: «Nous sommes devenus une région modèle en France. Marseille a été Capitale européenne de la culture, elle est cette année Capitale européenne du sport et Nice pourrait être capitale européenne de l’innovation». «L’Europe,poursuit-il, est présente, c’est du concret et c’est plus qu’un marché. Nous partageons des valeurs que nous entendons défendre». Ambroise Fayolle, vice-président de la BEI, précise pour sa part : «Nous finançons l’innovation; les infrastructures, notamment l’Université et les lycées; la lutte contre le réchauffement climatique; les PME. Nous avons également une action importante en France sur la construction de 12 000 logements intermédiaires. Il en existe trop peu et cela pèse sur le pouvoir d’achat des classes moyennes. Nous travaillons enfin avec la région pour améliorer l’accès des entreprises aux financements européens».
Michel CAIRE