Publié le 15 décembre 2018 à 18h06 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 20h42
Climat tendu entre la majorité LR et l’opposition RN (ex FN) lors de la plénière du Conseil Régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, ce vendredi, et tout particulièrement sur la question de l’aide d’urgence apportée par la Région aux sinistrés de la rue d’Aubagne. Un montant de 100 000 euros a été débloqué dont 67 500 euros ont été votés lors cette plénière, 50.000 euros pour la Croix Rouge et 17.500 à l’Association d’aide aux victimes d’actes de délinquance (Avad). Une séance qui s’est ouverte sur une minute de silence en hommage aux victimes de la rue d’Aubagne et de Strasbourg. Puis, Renaud Muselier, le président de l’institution abordera l’actualité et notamment le mouvement des gilets jaunes: «Nous sommes là face à une crise qui couve depuis longtemps et nous avions alerté le gouvernement au début du mouvement, sans résultat. Un grand nombre de nos concitoyens ont l’impression que les économies portent toujours sur les mêmes, les retraites baissent, le chômage augmente et nous sommes les champions du monde des prélèvements obligatoires». Il note toutefois que le gouvernement a fait un geste. L’heure est donc pour lui à la négociation et plus aux manifestations. Florence Bulteau-Rambaud rappelle le drame de la rue d’Aubagne, les 8 victimes et la multiplication des arrêtés de péril pour des bâtiments jugés dangereux et, avec eux, de nombreuses évacuations. Insiste sur «la solidarité avec nos concitoyens est une obligation morale absolue». Quant au choix des deux structures pour aider les sinistrés, elle justifie: «La Croix Rouge française a, dès les premières heures, mis en place une assistance médicale et un accompagnement pour les sinistrés», quant à L’Avad «elle a été saisie en urgence par le Parquet de Marseille et s’est mobilisée au centre d’accueil des familles afin d’apporter aux familles un soutien psychologique et une aide aux premières démarches, une aide qui va devoir se poursuivre». Le dossier pouvait être consensuel, l’intervention de Éléonore Bez (RN) prouve que non. Pour elle, le temps des interrogations est venu. Elle dénonce: «Vous avez annoncé 100 000 euros, nous ne votons aujourd’hui que 67 500 euros». Puis de s’en prendre à Renaud Muselier: «Vous avez été le Premier adjoint de Jean-Claude Gaudin, vous avez votre part de responsabilité dans la situation actuelle». Avant de dénoncer «des dépenses somptuaires ou inutiles». Elle parle de tourisme à propos de délégations au Costa Rica, au CES de Las Vegas ou en Méditerranée. Laisse entendre que les mauvaises relations entre le maire de Marseille et le président de Région serait un frein à l’aide aux phocéens.
«Quelle honte de dire que nous allons garder une partie des 100 000 euros»
C’en est trop pour Renaud Muselier: «Bien sûr que j’ai des problèmes avec le maire de Marseille et je ne retire rien de ce que j’ai pu dire à son propos mais je suis à ses côtés pour aider cette Ville». Et prévient que «c’est à la Justice de définir les responsabilités». Répond ensuite aux insinuations du RN concernant les 67 500€ : «Nous donnerons le reste quand nécessaire. Quelle honte de dire que nous allons garder une partie des 100 000 euros». Il enchaîne: «Comment osez-vous parler de tourisme à propos du Costa Rica, de Las Vegas, la Méditerranée? Avec le Costa Rica, nous avons l’autorisation du gouvernement de passer un accord en matière de protection de la biodiversité. A Las Vegas nous allons soutenir nos start-up pour favoriser le développement économique de notre territoire. Et vous, vous mêlez tout, c’est dévastateur». Maurice Battin, LR, s’insurge pour sa part de l’exploitation politicienne du drame de la rue d’Aubagne, appelle l’État à soutenir financièrement la Ville et «à enlever les obstacles juridiques afin d’aller plus vite dans la lutte contre l’habitat indigne».
«Lorsque ce mouvement des citoyens de la Méditerranée sera en marche votre parti, mesquin et replié sur lui-même, sera balayé»
Agnès Rampal, LR, ne cache pas sa colère et fustige la qualification de tourisme pour les déplacements en Méditerranée: «Une pareille insulte est inadmissible. La Méditerranée est une copropriété et, lorsqu’il y a un problème, on le règle ensemble. Nous sommes 23 pays, dans chacun il y a des citoyens habités de le même volonté de paix et de prospérité. Et lorsque ce mouvement des citoyens de la Méditerranée sera en marche votre part, mesquin et replié sur lui-même, sera balayé». Éléonore Bez reprend: «Vous donnez la leçon mais il y a chez vous des marchands de sommeil». Renaud Muselier riposte: «Vos propos sont diffamatoires et injurieux. Il y a très longtemps que je ne suis plus d’accord avec le maire de Marseille et mes prises de position ont été on ne peut plus claires. Mais encore une fois, nous sommes à ses côtés pour venir en aide à la population et, encore une fois, c’est à la Justice de dire les responsabilités, pas à moi». Christian Estrosi (LR) , président délégué de la Région, parle à son tour de populisme du Rassemblement National. Souligne: «La personnalité de notre Président ne peut être mise en cause, nous connaissons son intégrité morale, son sens des responsabilités. Notre collectivité, sur ce territoire a été profondément meurtri, le 14 juillet à Nice, à la gare Saint Charles, maintenant rue d’Aubagne et, chaque fois, notre collectivité a été à la hauteur de son devoir de solidarité. L’heure est à la solidarité, au soutien des Marseillais, vous avez choisi une autre voie, une autre posture mais, sachez que lorsque vous vous en prenez à notre Président c’est à l’institution entière que vous vous en prenez».
Michel CAIRE