Publié le 8 avril 2018 à 13h29 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 18h40
Dans le cadre du Concours des huiles d’olive de Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier, Président de la Région, Député européen, et Olivier Nasles, Président de l’Association Française Interprofessionnelle de l’Olive (Afidol), viennent de récompenser, les meilleures huiles d’olive de la région, un concours qui a vu le Château Virant obtenir de très nombreuses récompenses.
Un concours dont on mesure l’importance lorsque l’on sait qu’avec les deux tiers de la production nationale, Provence-Alpes-Côte-d’Azur est la première terre de production française d’huile d’olive. Plus de 3 200 000 oliviers, soit près des 2/3 du verger oléicole français, sont cultivés par des oléiculteurs, sur environ 30 000 hectares. 3 400 tonnes sont produites dont 32 % dans le département des Bouches-du-Rhône. Pour le Concours, ce sont 69 moulins et producteurs, deux de plus que l’année dernière, qui ont présenté 207 huiles (167 en 2017) dont 50% sont issus des cinq appellations d’origine de la région: AOC Provence, AOP Vallée des Baux-de-Provence, AOP Aix-en-Provence, AOP Haute-Provence, AOP Nice. Renaud Muselier savoure: «C’est la qualité que nous mettons aujourd’hui à l’honneur. Avec 5 Appellations d’Origine Protégée sur 7 pour les huiles d’olive, 3 sur 6 pour les olives, et la seule existante en pâte d’olive, nos produits font partie intégrante de notre patrimoine régional et sont le symbole d’un savoir-faire unique au monde.» S’adressant aux participants, il déclare : «Vous représentez un véritable atout pour notre économie régionale et vous savez que vous pouvez compter sur moi pour vous soutenir et pour vous accompagner dans vos revendications». Un soutien qui se traduit par 400 000 € consacrés chaque année aux nombreux programmes de développement de l’oléiculture en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Et le Président de souligner «Nous aidons également les jeunes à s’installer en mettant à leur disposition des terres agricoles».
«Rien ne saurait justifier que nous continuions à être les seuls en Europe à nous imposer des normes contraignantes»
Renaud Muselier n’en revient pas moins sur le contexte: «J’ai écrit au ministre de l’Agriculture afin que nous cessions d’être les victimes d’un dumping environnemental devenu insupportable. Les technocrates doivent intégrer que les femmes et les hommes qui, chaque jour, cultivent leurs champs n’ont pas l’intention d’abdiquer face à leur idéologie». Il insiste: «Rien ne saurait justifier que nous continuions à être les seuls en Europe à nous imposer des normes contraignantes là où tous les autres s’en affranchissent. Je pense bien évidemment à l’interdiction qui nous est faite en France d’utiliser le Diméthoate pour faire face à la Drosophilla Suzukii alors qu’il est autorisé dans tous les autres pays. Nous sommes prêts à mener tous ces combats, à relever tous les défis, à condition que la compétition internationale se fasse à armes égales». «Nous avons de même été les seuls candidats avec Christian Estrosi, ajoute-t-il, à nous saisir à l’époque du dossier de la bactérie Xyllela-Fastidiosa. Mieux que personne, vous savez que c’est uniquement avec une approche systémique et globale que nous parviendrons collectivement à endiguer ce fléau».
« Quel marché ouvrir?»
Tandis qu’Olivier Nasles rappelle ses propos de l’année précédente pour signifier la fragilité de cette filière: «Je soulignais que notre manque de productivité avait pour conséquence de faire exploser nos prix de revient. les chiffres sont têtus: à 200 litres par hectare, un litre revient à plus de 40€, à 500 litres il revient à 18€, à 1 000, il avoisine les 9€. Je m’apitoyais alors sur les 4 000 tonnes de moyenne que nous avions produites sur les six dernières années. En 2014, la filière oléicole française a perdu 35M€ de chiffre d’affaires, en 2016 c’est plus de 20M€ qui sont partis en fumée, la filière ne survivra pas à une troisième crise de cette ampleur». Il constate: «Le ciel semble m’avoir entendu puisqu’en 2017 nous avons produit 6 000 tonnes mais c’est là que s’élève un autre récif, celui de la commercialisation». Il explique : «Nous savons commercialiser ou auto-consommer entre 4 500 et 5 000 tonnes d’huile. Mais, que faire des 1 000 tonnes supplémentaires qui ne vont pas trouver preneur? Quel marché ouvrir? L’irrégularité de notre production nous pénalise dans le développement de nouveaux marchés. Pour essayer de vaincre le signe indien, nous venons de signer un accord avec les producteurs italiens qui devraient nous permettre de mettre en place un programme de promotion qui avoisinera les 200 000€ par an». Puis, il annonce qu’il ne se représenterait à la présidence de l’AFIDOL en juillet, au terme de son 4e mandat. il ne cache pas qu’il verrait bien Laurent Bèlorgey, actuel premier vice-président, lui succéder, avant d’indiquer: «Je pars pour une autre aventure, celle de mener une équipe aux prochaines élections des Chambres d’agriculture qui auront lieu en janvier prochain». Enfin, Renaud Muselier élargit son propos: «En tant que Député européen, je promeus ce savoir-faire et ces produits de qualité auprès des instances européennes. La Commission a reconnu fin février le thym de Provence comme indication géographique protégée. Ce sont des signes de qualité qui permettent une vraie reconnaissance internationale de notre terroir». Au-delà, il assure prendre en compte le fait que les attentes de la société en matière d’alimentation ont changé: «La politique des circuits courts que je développe au sein des cantines de nos lycées, mais aussi à travers le soutien des plateformes régionales d’approvisionnement permet de soutenir 200 initiatives de valorisation des produits agricoles locaux: magasins de producteurs, drive fermier, vente à la ferme…».
Michel CAIRE
Palmarès du 16e concours des huiles d’olive de Provence-Alpes-Côte d’Azur ici