Publié le 16 mai 2020 à 11h34 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 11h36
Ce vendredi 15 mai, Renaud Muselier, président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, président de Régions de France, a fait le point sur cette période de déconfinement et de relance qui s’ouvre. Il a dressé le bilan des dispositifs mis en place par la Région Sud pendant la crise avant de revenir sur le travail effectué en tant que Président de Régions de France et Président de la Région Sud afin de contribuer à la relance de nombreux secteurs touchés par la crise. Il a évoqué les pistes de relance du tourisme et détaillé la préparation de la Région aux enjeux de reprise dans les transports et les lycées, ainsi que dans les autres secteurs concernés par le plan d’urgence, de solidarité et de relance de 1,4 milliard d’euros annoncé le 30 mars dernier. Et, il a également abordé la clôture, à la demande du gouvernement, du fonds territorial et solidaire du Département…
Renaud Muselier est intervenu longuement ce 15 mai pour rappeler les actions de la région pendant le confinement et les actions qu’elle mène pour relancer l’activité et notamment celle du tourisme. Une nouvelle fois, il a rendu hommage aux soignants et ceux qui les aident: «Ils constituent une première ligne héroïque et exceptionnelle». De même il salue: «Les salariés essentiels à la vie économique qui poursuivent leur travail, dans des conditions éprouvantes et avec beaucoup de courage». Cela dans un contexte où, à la crise sanitaire s’ajoute la crise économique et sociale. Ainsi Renaud Muselier rappelle que «l’activité économique de la Région a baissé de 40% au premier trimestre, aucun secteur n’est épargné. Les Restos du cœur et les banques alimentaires sont en première ligne ce qui prouve bien que la situation est dramatique. Elle explose dans les Bouches-du-Rhône où on est passé de 130 000 à 200 000 repas servis par semaine». La Région Sud, dans ce contexte «a bâti un Plan d’ensemble pour faire face à l’urgence, accompagner la solidarité et elle a déjà planifié la relance de notre économie. 1,4 milliard d’euros sont pris sur le budget régional pour venir en aide à toutes et tous dans les mois à venir». Un Plan d’urgence, de solidarité et de relance de la Région Sud qui est divisé en 2 volets : un volet axé sur l’urgence et la solidarité, doté de 227,5 M€. Un autre axé sur la relance post crise avec un budget de 1,2 milliard d’euros.
«Le dossier des masques nous a fait vivre un enfer absolu»
Premier point évoqué les soignants: «Chaque jour, ils protègent les habitants et soignent les malades en menant un vrai combat pour la vie de tous. Raison pour laquelle nous avons pris des mesures en leur faveur», indique le président de Région qui précise qu’ils ont bénéficié de la gratuité à bord de tous les transports régionaux pendant toute la durée du confinement. «Ceux qui étaient déjà abonnés bénéficiant d’un remboursement total.» Et, le 20 mars dernier, la Région Sud a décidé d’accorder une prime exceptionnelle de 200€ pour les 12 435 stagiaires paramédicaux et les 1 542 externes en santé qui sont mobilisés sur le front du Coronavirus. «La région est la première Région de France à avoir porté cette initiative d’aide aux stagiaires et externes concernés, et elle est la seule à la financer sur ses Fonds propres», signale Renaud Muselier. A propos des masques, il est rappelé que depuis le 21 mars 2020, les collectivités sont autorisées à commander des masques pour le personnel soignant. Le mercredi 22 avril, la Région Sud a reçu une commande de 5 millions de masques. Avec l’aide de son comité d’éthique sanitaire elle en a distribué 3,5 millions aux soignants, 500 000 aux forces de l’ordre et le reste sera destiné aux communes de moins de 20 000 habitants de la région Sud. Un dossier des masques qui, avoue Renaud Muselier, «nous a fait vivre un enfer absolu» et pour lequel il indique que sa colère envers la grande distribution est loin d’être passée.
«Les Régions se mobilisent pour soutenir leurs entreprises à traverser cette période difficile»
Le deuxième point concerne l’urgence entreprises. «Depuis le début de la crise les Régions se mobilisent pour soutenir leurs entreprises à traverser cette période difficile. À ce jour, les 18 Présidents de Région ont mobilisé 500M€ dans le Fonds national de solidarité de l’État qui est de 7 milliards d’euros». Dans cet esprit, ajoute-t-il: «La Région Sud soutient l’État dans la crise sanitaire que traverse notre pays, et prend des décisions urgentes à travers des dispositifs exceptionnels pour protéger nos concitoyens et notre économie». 35M€ ont été versés dans le Fonds de solidarité nationale. Ce Fonds, mis en place en mars, a été renouvelé pour le mois d’avril. Il se décompose en deux volets : 1er volet : 1 500€ pour les Très Petites Entreprises (TPE) et les indépendants – 2e volet : de 2 000€ à 5 000€, avec une co-instruction État/Région, des dossiers supérieurs, selon le besoin et la taille de l’entreprise. «Une enveloppe de 64M€ de la Région est dédiée au soutien de toutes les entreprises. 18M€ sont injectés dans l’économie grâce à la mise en place d’un prêt rebond avec la BPI pour les TPE/PME, prêt à taux zéro, de 10 000€ à 300 000€, pour toutes les entreprises de plus d’un an d’existence, tout secteur d’activité sauf secteur agricole». Autre dispositif,10M€ de garantie bancaire avec Région Sud. Destiné à toutes les TPE et PME de 0 à 250 salariés, dans tous secteurs d’activité. «Il permet de garantir des prêts bancaires de 1 000€ à 1,8M€ à hauteur de 80 % (maximum légal).» « Région Sud défensif » c’est 5M€ pour une subvention ou une avance remboursable pour accompagner les entreprises rencontrant des difficultés conjoncturelles mais souhaitant maintenir leurs investissements pour ancrer leur activité et rebondir après la crise. 2M€ sont réservés à l’accompagnement des entreprises en difficulté « Mon projet d’entreprise » qui sera réorienté pour les mois à venir afin d’accompagner les entreprises en situation d’urgence vers la mise en place d’un plan de sauvetage. Les délais de paiement sont maintenus: «possibles sous 21 jours sous réserve de l’impact du délai de transmission des pièces justificatives dû au télétravail». Et enfin la suppression des pénalités de retard: «Pour les entreprises touchées par la crise du COVID-19, dans le cadre des marchés passés avec la Région Sud.» Dans l’axe d’une relance économique et d’une aide immédiate aux entreprises du territoire, Renaud Muselier et Richard Curnier, Directeur Général régional de la Banque des Territoires ont appelé, mercredi 1er avril, «les territoires à rejoindre la dynamique» initiée par la Région et l’État. En unissant leurs forces et la connaissance des territoires, «un effet multiplicateur sera engendré et permettra à l’économie régionale de survivre et de rebondir». Ensemble, la Région et la Banque des Territoires ont créé le Fonds « Covid-Résistance », doté de 20M€ (10M€ chacun). Ce Fonds est bâti sur un modèle similaire au Fonds « Résistance » mis en place par Jean Rottner, Président de la Région Grand-Est. Les dossiers sont co-instruits Région-Territoires, au plus proche des besoins, «permettant de doubler la mise des collectivités territoriales.» «Sur la base d’une contribution de chacune des collectivités de notre région à hauteur de 2 euros par habitant, le tissu économique local sera alors accompagné pendant cette crise», explique Renaud Muselier. Ce fonds doit permettre d’apporter une réponse complémentaire au Fonds national d’urgence déployé avec l’État. «Il permettra également, poursuit le président de Région, d’irriguer au plus proche des besoins de chacun des territoires régionaux et d’apporter un soutien aux entreprises et associations en première ligne face à la crise du Covid-19 et se traduira sous la forme d’un prêt allant de 3 000€ à 10 000€.» Après seulement 48 heures, 23 territoires avaient répondu présents pour soutenir leur économie de proximité. En une semaine, la Région et la Banque des Territoires comptent 48 EPCI sur 52, dont 3 métropoles, 6 départements, et 3 communes soit près de 37M€ dans ce Fonds « Covid-Résistance ».
«Désespéré par le manque de travaux en commun avec ce territoire je me suis rapproché du maire de Marseille»
Cette conférence de presse a donné l’occasion à Renaud Muselier de revenir sur la clôture, à la demande du gouvernement, du fonds territorial et solidaire du Département. Il assure: «Je ne veux pas de polémiques. Je rappelle simplement que la loi NOTRe donne le social aux départements et l’économie aux régions. Est arrivée cette crise, nous avons tous essayé de faire des choses, nous avons tous acheté des masques. En matière d’aide à l’économie un certain nombre de départements ont souhaité mener une action. C’est ce qui s’est passé dans notre région avec les Alpes-Maritimes qui nous en a parlé et qui a rejoint notre fonds, une fois le sien mis à disposition. En revanche, Martine Vassal, présidente du département des Bouches-du-Rhône et de la métropole Aix-Marseille-Provence a mis en place ce fonds s’en m’en parler. J’ai alerté le Préfet, le gouvernement s’est saisi de cette question. L’enjeu n’est pas d’empêcher les gens d’agir mais le gouvernement est très inquiet. Il voit arriver la crise sociale. Et là ce sont les départements qui seront en première ligne. Qu’adviendra-t-il s’ils n’ont plus de moyens? De plus, dans le cadre des négociations en cours avec le Gouvernement les départements se plaignent de ne pas avoir les moyens pour remplir les missions qui leur sont propres dans le cadre de la Loi NOTRe. Ensuite il importe de constater que, si le département et la métropole n’ont pas rejoint notre fonds régional, Aubagne, Aix-en-Provence, Salon, Martigues, Istres, tous membres de la métropole ont rejoint ce fonds Covid». Il ajoute encore: «Désespéré par le manque de travaux en commun avec ce territoire je me suis rapproché du maire de Marseille qui m’a répondu par écrit, ce 14 mai, pour me donner son accord pour un travail en commun, une réunion est prévue la semaine prochaine». Et de conclure, sur ce dossier: «Dans tous les cas, j’ai toujours la main tendue, la porte ouverte». Il aborde ensuite la situation des agriculteurs, qui font face, en cette période de crise, à de nombreuses difficultés. «C’est pourquoi, dans le cadre de notre Plan dédié à la solidarité, nous avons décidé de mettre en place des aides pour leur permettre de traverser la crise du mieux que possible». Ainsi, 5M€ sont spécialement sécurisés pour les entreprises agricoles et une simplification des règlements est établie afin de maintenir le paiement de toutes les aides Feader au secteur agricole. Par ailleurs, une plateforme interne a été lancée pour faciliter la mise en relation des producteurs agricoles et des consommateurs de la région.
La situation des gens les plus démunis est à prendre encore plus en considération que d’habitude
Dans ce contexte, Renaud Muselier insiste sur la situation des gens les plus démunis qui «est à prendre encore plus en considération que d’habitude». La Région Sud a donc décidé de prendre des mesures exceptionnelles pour aider le Gouvernement dans l’accompagnement des personnes en difficulté. Dans ce cadre un accueil des personnes Sans Domicile Fixe a été mis en place dans les Creps de la Région. La jeunesse est également touchée de plein fouet par les difficultés économiques. Le secteur du monde sportif est lui aussi durement impacté par les annulations à répétition des événements prévus depuis plusieurs mois. «La Région a décidé d’investir 9,5M€ pour ces secteurs, victimes impuissantes de la crise». Le monde culturel a été l’un des premiers secteurs d’activité affecté par le Covid-19, avec notamment l’annulation de plusieurs concerts, spectacles, manifestations ou actions culturelles artistiques. La Région a décidé d’intervenir afin de l’aider à survivre à cette crise sanitaire: «30M€ sont sanctuarisés et versés». Malgré les annulations, la Région Sud s’engage à payer les subventions qui avaient été accordées avant la crise. «Un Plan exceptionnel de 5M€ est mis en place». La Région va accompagner les compagnies et les artistes les plus fragiles, renforcer son soutien aux structures permanentes et aux festivals, elle va renforcer ses aides à la diffusion artistique dans ses 6 départements et elle abondera dans les dispositifs d’État dans les domaines des musiques, du livre, du cinéma et des arts plastiques. «11M€ de budget bénéficieront au Cinéma et à l’Audiovisuel». La Région renforce son engagement en faveur de ces deux secteurs «en augmentant de 30% le budget global qui leur est attribué». Au niveau des transports qui sont devenus «un élément essentiel pour assurer les déplacements des professionnels qui continuent de travailler en première ligne», Renaud Muselier rappelle que «c’est dans cet esprit que la Région, à travers sa compétence Transport et son Plan Marshall régional, assure le bon fonctionnement du service public, tout en protégeant les usagers de Provence- Alpes-Côte d’Azur». 4,5M€ sont attribués à des entreprises de transports scolaires. «En Provence-Alpes-Côte d’Azur, 1 500 salariés comptent sur ce dispositif. Après la crise, un bilan financier sera établi pour chaque entreprise afin d’évaluer les pertes. S’il en reste, la Région mettra en place une compensation exceptionnelle». 7M€ par mois sont budgétés pour soutenir l’ensemble des entreprises de transports prestataires de la Région.
Un Plan de relance de 1,2 Milliard d’euros
La Région a également mis en place «un Plan de relance de 1,2 Milliard d’euros d’investissements pour préparer l’après-Covid». Au moment de la relance, le redémarrage économique sera plus que jamais essentiel et «c’est cette relance qui permettra à l’économie régionale de retrouver un équilibre.» La Région met 20M€ pour la relance, 17M€ pour un Fonds de participation spécifique post-Covid pour accompagner la relance des entreprises avec un objectif de relocalisation industrielle, 2,6M€ pour l’industrie touristique et un nouveau Plan de promotion. 100 M€ sont mis à disposition du système de santé ce qui inclut, se félicite le président de Région: «Un engagement historique pour la recherche et les conditions de travail des soignants au Contrat de Plan État-Région; le Renforcement du soutien aux chercheurs en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Le financement du Samu régional et des investissements dans des travaux ou des constructions pour améliorer les conditions de travail des soignants, la démultiplication des points locaux d’accès aux soins, avec un objectif de 150 maisons régionales de santé en 2023.» À travers la relance, la Région Sud n’oublie pas que chacune de ses actions s’articulent autour de son Plan climat « une COP d’avance ». «C’est en respectant ce Plan et en ayant à cœur de mettre le développement durable au centre de son Plan d’urgence, de solidarité et de relance, que nous avons construit chacun de ses dispositifs», insiste Renaud Muselier. Dans ce cadre 100M€ sont investis par la Région Sud pour contribuer au programme « Autoroutes du quotidien ». «Cette mesure est en cohérence avec notre convention « Autoroutes durables » avec Vinci, grand programme de travaux routiers pour le territoire, avec la participation de l’État, des conseils Départementaux et des Métropoles». Le Plan d’investissement « Mieux vivre en Provence-Alpes-Côte d’Azur » (2022-2027) disposera de 155,5 M€. Ce Plan est en faveur de la production des énergies renouvelables, de la rénovation énergétique des bâtiments et la transition énergétique de l’habitat et de la transition énergétique dans le cadre de la rénovation urbaine.
Michel CAIRE