Publié le 25 mars 2019 à 19h54 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 23h37
Il devrait permettre de conduire l’activité croisière dans le sillage d’une croissance exponentielle, grappillant ainsi des parts de marché à l’Espagne et à l’Italie. Le contrat de filière signé le 19 mars dernier par les institutionnels et décideurs de Provence-Alpes-Côte d’Azur se déclinera sur trois ans et 47 actions.
Elle accueille 2,5 millions de croisiéristes en captant 50% du marché national quand l’Espagne et l’Italie flirtent à 6 millions : la marge de manœuvre est belle en Méditerranée et c’est pour cela que la Région Sud entend capter de nouvelles parts de marché sur ce segment d’activité pour booster son développement économique. Car «le tourisme est essentiel» pour Renaud Muselier, son président. Et le tourisme de croisière, plus encore : il représente en Région quelque 430 M€ de retombées directes et induites, et 2 450 équivalents temps plein, en termes d’emploi. Par ailleurs, il permet au littoral méditerranéen de rayonner à l’échelle internationale, contribue à amorcer un mouvement souhaité par le Comité régional du tourisme (CRT), à savoir la désaisonnalisation de la fréquentation touristique et enfin, irrigue bien d’autres secteurs économiques du territoire. Enfin, il touche divers profils de clients : «Des jeunes CSP+ avec famille pour le maritime, des passagers plus âgés et plutôt aisés pour le fluvial », détaille encore Renaud Muselier. Bref, autant de raisons de miser sur la croissance de l’activité croisière. Ainsi c’est officiellement que les acteurs de la région se sont positionnés, avec la signature d’un contrat de croisière, le 19 mars dernier au Parc Chanot, simultanément avec la tenue du salon professionnel du tourisme « Bienvenue en France ». Région Sud, CCIR, chambres de commerce Marseille Provence, Toulon Var, Nice Côte d’Azur et clubs de la croisière locaux : les parties prenantes sont nombreuses, puisqu’il s’agit une fois de plus d’engager le jeu collectif qui a si souvent porté chance au territoire. L’idée : se fédérer ensemble autour d’une stratégie de développement. Elle prend donc corps autour d’un contrat de filière, dont le budget a été défini à 680K€ et auquel la Région contribue à hauteur de 250K€.
Ne pas négliger la question des impacts
Les termes de ce contrat ? Pour l’heure, on n’en saura pas beaucoup plus sur les 47 actions, à mener en trois ans, qui le composent. Mais toujours est-il que l’on en a les grandes lignes, puisque tout s’articule selon quatre thématiques particulières. Tout d’abord, accompagner la transition environnementale, et c’est logique : l’activité croisières n’a pas bonne presse auprès des riverains, souligne le préfet de région Pierre Dartout, ce à cause des nuisances qu’elle génère. «Il nous faut donc réaliser des efforts d’information pour montrer ce que cela crée en termes de richesse et d’emploi. Communiquer que le fait que des progrès importants ont été faits pour que les bateaux ne soient pas seulement vus comme une source de nuisances», poursuit le représentant de l’État. L’électrification des quais ou encore l’acquisition et l’installation de scrubbers à sec font déjà l’objet de financements conjoints (État et collectivités, dont la Région). Sur Nice, Jean-Pierre Savarino, président de la CCI Nice Côte d’Azur évoque les labels, les Green awards décernés aux acteurs vertueux du maritime ou encore l’élaboration prochaine d’une charte environnementale… Tandis que Jean-François Suhas, président du Marseille Provence Cruise Club, annonce «l’organisation prochaine d’un événement sur la transition environnementale, à l’automne 2019». Bref, les décideurs du territoire ont bien compris que si l’on vise une croissance exponentielle -et durable en même temps- de l’activité, il ne faut pas négliger la question des impacts.
«Des résultats sur trois ans, une vision sur vingt»
Autres piliers du contrat, la nécessité de renforcer le leadership en France et à l’international, de concevoir le tourisme de croisière de demain en invitant les passagers et les équipages à devenir ambassadeurs des destinations de Provence-Alpes-Côte d’Azur… Pour Jean-Luc Chauvin, président de la CCI Marseille Provence, cela sous-entend «d’intégrer les portes d’entrées du territoire. Les croisiéristes en escale dépensent moins que ceux qui embarquent sur nos quais, puisque dans ce cas précis ils arrivent souvent la veille, ce qui sous-entend hébergement et restauration (36€ en moyenne versus 52€, NDLR). Il faut donc aller les chercher loin et pour cela, tous les territoires de Paca doivent jouer collectif ». Ce n’est pas si simple, surtout au regard de la façon dont les territoires «tiraient tous la couverture à eux. Et puis, ils étaient gérés par des organismes qui n’avaient pas tous le même statut. Il y avait des comités, des offices », rappelle Renaud Muselier, revenant sur un temps révolu. Jouer collectif, c’est aussi tisser des liens entre maritime et fluvial… Mais pour aller chercher loin le chaland, cela signifie aussi «multiplier les lignes directes, notamment sur le continent américain et sur l’Asie », reprend Jean-Luc Chauvin, interpellant de fait Pierre Dartout. L’effort devra également porter sur la mise en place «d’offres en adéquation avec les besoins des touristes. Il faut tendre vers l’excellence, notamment en termes d’accueil des passagers, puisque ce sera la première image qu’ils auront du territoire», précise Jean-Pierre Savarino. Outre l’accueil, Pierre Dartout appuiera aussi sur l’importance de maintenir la sécurité, ainsi que de disposer d’infrastructures de santé à même de rassurer les passagers en cas de besoin, notamment les croisiéristes les plus âgés. Bref, autant de champs à défricher et plus encore dans le cadre de ce contrat triennal. «Il nous faut des résultats sur trois ans avec une vision sur vingt ans», conclut Renaud Muselier.
Carole PAYRAU