Provence-Alpes-Côte d’Azur. Une convention des maires qui sécurise

A l’occasion de la 5e Convention annuelle des maires de Provence-Alpes-Côte d’Azur , Renaud Muselier, président de la Région Sud, président délégué de Régions de France et Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, chargée de la Citoyenneté et de la Ville, ont signé une convention expérimentale pour lutter contre la radicalisation. Une première en France pour une collectivité de plus de 6 000 agents. Une manifestation brièvement interrompue par l’intervention de deux militants écologistes.

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La 5e convention des maires de la région Sud a réuni à Marseille quelque 750 communes sur les 946 que compte Provence-Alpes-Côte d’Azur (Photo Joël Barcy)

 

En cette période de crises internationales, la sécurité a été au cœur des débats de la cinquième convention des maires de la région Sud où étaient représentées 750 communes sur les 946 que compte Provence-Alpes-Côte d’Azur. 1 400 personnes étaient ainsi réunies ce lundi 13 novembre au Palais des Congrès du Parc Chanot de Marseille. Après l’allocution d’ouverture de Renaud Muselier il est revenu à Didier Migaud, Président de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique de rappeler les lois en ce domaine avant la tenue de deux tables rondes, la première sur « Faire de la Région Sud, une région sûre », la seconde sur « Dérèglement climatique, comment faire face aux risques ? » avant la signature d’une convention expérimentale pour lutter contre la radicalisation signée avec Sabrina Agresti-Roubache représentant Gérald Darmanin, excusé.

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Renaud Muselier et Sabrina Agresti-Roubache, ont signé une convention expérimentale pour lutter contre la radicalisation. Une première en France. (Photo Joël Barcy)

Avec cette convention, grâce aux formateurs du ministère, les agents de la Région pourront être sensibilisés à la prévention de la radicalisation. En parallèle, la Région lance un plan de lutte contre la radicalisation avec des actions pour sensibiliser chaque année 2 000 lycéens dans 40 lycées. Dans les transports, les lycées, la formation, la guerre du feu ou bien encore pour les communes, Sabrina Agresti-Roubache indique : «En matière de prévention de la délinquance, de lutte contre la radicalisation et de vidéo-protection l’État déploie des moyens. Utilisez les ». Elle en vient à la convention signée avec la Région : «La prévention avait disparu du vocabulaire politique. Le premier qui en a parlé c’est Renaud Muselier. Là, avec cette convention expérimentale il s’agit d’être au plus près et au plus tôt pour lutter contre la radicalisation. Et cette convention on va la signer ensuite dans d’autres territoires en s’adaptant chaque fois aux spécificités territoriales, sociologiques, pour, toujours, être au plus près des réalités ». Sabrina Agresti-Roubache insiste encore sur l’importance de la sécurité dont indique-t-elle: «Nous en mesurons l’importance»  car, poursuit-elle, «Sans elle pas de liberté, pas de démocratie, pas de droit de s’exprimer. Et, dans ce cadre nous sommes attentifs à la situation des élus locaux. Ils sont le cœur battant de notre démocratie. On leur doit plus de protection, tant sur le plan physique que juridique. Et je vais plus loin, on doit aussi protéger les candidats lors des campagnes électorales. On ne peut plus accepter les violences. De même on ne doit plus avoir autant d’affaires classées dans des cas d’agressions d’élus ».

271 M€ mobilisés pour la sécurité quotidienne des habitants de la Région

Cette signature est l’occasion pour Renaud Muselier de rappeler que « la Région Sud a mobilisé depuis 2016, 271 M€ pour la sécurité quotidienne de ses habitants. Pour aller encore plus loin, elle renouvelle son engagement à travers le dispositif  Région Sud, la région sûre Acte 2 ». Il cite quelques exemples d’actions concrètes au rang desquelles 15 bornes d’appel d’urgence expérimentées, dès 2024, devant les lycées et les gares avant une généralisation dans les communes ; le développement des Travaux d’Intérêts Généraux (TIG) «jeunes» en lien avec les services du Ministère de la justice afin que chaque délit fasse l’objet d’une sanction ; les formateurs du RAID, du GIPN et les référents sûretés du Ministère de l’Intérieur mis à disposition des maires.

En ce qui concerne la cybersécurité sont annoncés un centre d’urgences permettant de venir au secours des communes impactées par la cybercriminalité et les cyberattaques et la création d’un cyber campus régional, expert en sensibilisation, formation et protection. Cet établissement, privé, dont la région sera actionnaire est porté par Kevin Polizzi. Son inauguration devrait avoir lieu en janvier. Renaud Muselier met également en exergue la distribution de 1 000 boutons d’alertes aux associations qui luttent contre les violences faites aux femmes. La Région apporte aussi son soutien financier à l’École nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers (Ensosp) afin qu’elle devienne un centre européen de gestions de crises.

« D’ici 2028, la Région Sud doublera son engagement  pour la sécurité »

Renaud Muselier a également rappelé son engagement dans de nouvelles expérimentations et se porte volontaire pour accueillir «le 1er Centre métropolitain d’encadrement militaire pour les jeunes délinquants, déployer et expérimenter les forces d’actions républicaines (FAR) à Nice; développer l’innovation avec la reconnaissance faciale dans les lycées, le dispositif Prevent dans les gares, l’utilisation des drones et la  généralisation de la cartographie des risques naturels ».

Le président de Région annonce que d’ici 2028, «la Région Sud doublera son engagement avec 280M€ qui seront mobilisés pour la sécurité de nos 5 millions d’habitants ».  Il affiche son ambition : «Faire de la Région Sud  un modèle pour faire face aux risques naturels ». Il rappelle à ce propos :  « Depuis 2018, la Région déploie le dispositif « Guerre du Feu » autour de 3 grands principes : prévenir, combattre, reconstruire et des actions essentielles telles qu’une garde régionale forestière avec 221 gardes déployés sur 18 collectivités du territoire régional ; le financement de véhicules CCFF et RSC ; un Fonds d’aide de 5 M€ à l’achat de matériel pour l’ensemble des SDIS de la région ; le renouvellement de la flotte de Canadairs et réhabilitation du pélicandrome de Hyères ». Il évoque également la restauration des terrains incendiés à travers le fonds Respir, le Fonds d’adaptation de 5 M€ au changement climatique pour accompagner les collectivités touchées par les sinistres, inondations, sécheresse, incendies.  Et, précise-t-il: « Aujourd’hui, ce dispositif pourrait être déployé par le ministère de l’Intérieur dans d’autres territoires en France confrontés aux mêmes risques naturels ».

Didier Migaud, le président de la Haute Autorité de la transparence de la vie publique évoque la sécurité juridique des élus à travers le travail accompli par la Haute Autorité qu’il préside. Il rappelle à ce propos que « 2/3 de nos concitoyens considèrent que les élus ne sont pas honnêtes ce qui ne correspond en rien à ce que montre nos travaux ». Dans ce contexte, pour lui, « les élus ne doivent pas vivre les contrôles comme des contraintes mais comme une sécurité qui leur permet de donner des gages aux citoyens sur leur intégrité ». Il tient à ce propos à mettre en exergue le fait que : «l’immense majorité des élus respecte leur obligation de déclaration et que seulement 0,1% des déclarations ont fait l’objet d’un transfert vers le juge pénal ». Il reconnaît que la loi est complexe, face à cela il invite les élus à contacter la Haute Autorité de la transparence et « il faut que l’on parle positivement de nos contrôles qui ne révèlent que peu d’ínfractions ».

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Table ronde sur « Faire de la Région Sud, une région sûre » (Photo Joël Barcy)

La première table ronde sur « Faire de la Région Sud, une région sûre » a réuni Véronique Borré, vice-présidente de la Région, en charge de la Sécurité, de la défense, du soutien aux forces de l’ordre et de l’innovation pour une région apaisée, Frédéric Veaux, Directeur général de la police nationale (DGPN), le général de corps d’armée Arnaud Browaëys, commandant la Région de Gendarmerie de Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Gendarmerie pour la zone de défense et de sécurité Sud, Rudy Manna, Porte-parole national et zonal du syndicat Alliance, Arnaud Murgia, maire de Briançon et Président de la Communauté de communes du Briançonnais, Kevin Polizzi, Président Groupe Unitel.

Pour Véronique Borré : « Sans sécurité il n’y a rien c’est la raison pour laquelle nous soutenons nos forces de l’ordre. On renforce la vidéo-protection, on installe des bornes d’appel d’urgence ». Frédéric Veaux avance pour sa part : « Par rapport à 2021 il y a eu au premier semestre 2023 + 284% de violence envers les élus. Et les policiers, les gendarmes, les pompiers, les enseignants sont aussi des victimes de cette évolution insupportable ». Face à cela un ensemble de dispositifs a été mis en place afin de garantir la sécurité de l’élu tant sur son lieu de travail qu’à son domicile. Le général de corps d’armée Arnaud Browaëys insiste sur la notion de proximité: «C’est le gendarme qui vit au milieu de la population qu’il protège et le président de la République a annoncé la création de 200 brigades supplémentaires de gendarmerie dont 15 en Provence-Alpes-Côte d’Azur». Il invite à mesurer l’importance de cette décision : « De 2000 à 2017 on a perdu 500 brigades avant un gel des dissolutions puis la décision d’inverser la courbe en 2022 sachant que les 2/3 de l’accroissement de la population se situe en zone gendarmerie».

«Une vraie preuve d’amour en direction des policiers »

Rudy Manna remercie le président de la région : « Pendant les gilets jaunes un pseudo boxeur s’en prend à un gendarme. Interpellé il bénéficie d’une cagnotte. Plus que choqué Renaud Muselier a lancé une cagnotte pour la police qui s’est élevé à un million d’euros. C’est là une vraie preuve d’amour en direction des policiers, puis il a mis en place la gratuité des transports. Donc Renaud Muselier est à jamais le premier. » Il pointe ensuite l’importance de la vidéo-protection «pour avoir un effet dissuasif et, si nécessaire, permettre de réduire le temps de résolution d’une affaire ». Le maire de Briançon, Arnaud Murgia aborde la question des migrants. Il considère : « Pour accueillir dans de bonnes conditions les migrants qui entrent dans des conditions légales dans notre pays il faut bloquer les migrants qui entrent illégalement. Il faut ainsi savoir que lorsque j’ai été élu au conseil général des Hautes-Alpes en 2015 nous avions 25 mineurs non accompagnés en charge, il y en a aujourd’hui 1 380 ».

Kevin Polizzi signale que dans le domaine de la cyber, «les infractions ont augmenté de 600% depuis la Covid, et la délinquance dans la cyber représente 2,5 fois le chiffre d’affaires de la drogue. Nous avons donc décidé de créer un cyber campus avec des partenaires privés au premier rang desquels CMA CGM et La Française de Jeux mais aussi la Région qui va être un de nos actionnaires. Nous espérions avoir une vingtaine de partenaires en 2023, nous en sommes à presque 300 ».

 

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Table ronde sur « Dérèglement climatique, comment faire face aux risques ?» (Photo Joël barcy)

La seconde table ronde sur « Dérèglement climatique, comment faire face aux risques ? »a réuni François de Canson, vice-président de la région, en charge du développement économique, de l’attractivité, du tourisme et de la prévention des risques majeurs, Président d’ADN Tourisme, Président du Comité Régional de Tourisme, l’inspecteur général Jean-Yves Noisette, Chef d’État-Major Interministériel de la Zone de défense et de sécurité Sud, Grégory Allione, Directeur de l’École nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers (ENSOSP), Ghislaine Verrhiest-Leblanc, directrice générale de l’Association française pour la prévention des catastrophes naturelles et technologiques (AFPCNT), Thierry Bongiorno, maire de Gonfaron, Louis Bodin, météorologue.

François de Canson situe l’ampleur du problème : « Nous avons dans la région 946 collectivités qui sont au moins confrontées à un risque majeur. L’été nous avons la sécheresse et les risques d’incendie et, à l’automne, la menace d’épisodes cévenol. Nous avons donc mis en place, depuis 2017, une stratégie qui s’articule autour de 3 grands principes : prévenir, combattre et reconstruire. Un dispositif de plusieurs millions d’euros qui implique notamment le privé avec le Fonds Respir. Ainsi, le Groupe CMA CGM a fait don de 1M€. Cette solidarité permet la mise en sécurité des sols et la restauration des terrains incendiés dans le Var, ainsi que le financement d’un plan global de restauration de l’environnement et de la biodiversité conçu en partenariat avec l’Office National des Forêts (ONF). II permet également d’avoir un pélicandrome à Hyères, financé à 70% par la région.»

Alors Grégory Allione invite à ne pas sous-estimer les problèmes, rappelle l’importance de voir les citoyens être responsables car, «on ne peut pas tout attendre de la force publique. Ils doivent entretenir leur  terrain le cours d’eau à proximité ». Il invite aussi à voir  les trains qui arrivent à l’heure : « Nous n’avons pas eu d’incendies importants cet été dans la région ». Jean-Yves Noisette précise à ce propos : « C’est d’autant plus notable qu’il y a eu plus de départs de feu et moins d’hectares brûlés ». Ghislaine Verrhiest-Leblanc juge : « C’est vrai que la situation est plus complexe mais nous avons la capacité d’anticiper ». Elle considère cependant qu’il faut aussi améliorer  celle de l’information : «Nous avons interrogé 1 000 français habitant des zones à risque, la moitié d’entre eux  ignorent l’être et 30% de ces derniers avouent ne pas être prêt si un risque arrive ». Pour Thierry Bongiorno qui a connu un feu dans sa commune : « On n’est jamais prêt même si on le croit. On a eu du mal, face à l’intensité du feu, à se mettre en place mais on l’a fait. Il y a eu des problèmes de communication avec la population mais aujourd’hui nous avons les outils pour alerter nos concitoyens ». Louis Bodin prévient pour sa part : « On peut avoir des prévisions à 6-7 jours, après ce n’est plus de la science. Mais on sait que le réchauffement climatique est en marche,  et, on a des solutions pour en atténuer les effets. Si on s’y met on peut y arriver ».

Vidéo Joël BARCY-  rédaction Michel CAIRE

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