Publié le 8 avril 2013 à 1h00 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 16h11
Aux bons soins de sa majesté Jonny Wilkinson !
Auteur de tous les points de son équipe, l’ouvreur anglais que d’aucuns voulaient envoyer à la retraite a été le grand bonhomme du premier quart de finale disputé au stade Mayol. A l’issue d’un match indécis qui n’a jamais atteint des sommets, les « rouge et noir » ont continué à écrire l’histoire du RCT. Ils retrouveront les Saracens de Londres en demi-finale à Twickenham le 28 avril.
On joue les dernières secondes de ce quart de finale tendu entre Toulon et Leicester lorsqu’à l’issue d’une ultime charge des avants « rouge et noir », le demi de mêlée Sébastien Tillous-Borde sert Jonny Wilkinson sur la ligne des 22 mètres. Avec son pied droit, c’est-à-dire le « mauvais », le demi d’ouverture anglais expédie le ballon entre les perches d’un drop imparable et envoie du même coup le RCT en demi-finale de H-Cup pour la première fois de son histoire. Les journaux pouvaient voler dans un stade Mayol chavirant de bonheur alors qu’il avait retenu son souffle durant 80 minutes indécises : Sir Jonny Wilkinson venait encore une fois, ce dimanche 7 avril, de sauver la patrie toulonnaise, comme il en a pris la bonne habitude depuis maintenant quatre ans.
Et dire qu’il y a encore une quinzaine de jours, il était écrit que cette saison serait sa dernière : quel gâchis cela aurait été pour le rugby ! Car si le meilleur joueur de la Coupe du monde 2003 fêtera bel et bien ses 34 ans le 25 mai prochain, il a encore sur le pré du talent à revendre et l’envie d’un junior. C’est lui qui a permis à son équipe de sortir la tête de l’eau en milieu de première période par son précieux jeu au pied de déplacement, alors que Leicester dominait dans tous les compartiments des « rouge et noir » tétanisés par l’enjeu. C’est lui qui, en réalisant un 100% au pied, a permis à son équipe de rester dans le match alors qu’elle était copieusement dominée, pour ne virer à la pause qu’avec un handicap de 3 points. C’est encore ce pied gauche magique qui a permis au RCT de reprendre le score en tout début de seconde période alors que les tentatives en question, lointaines ou en coin, n’avaient rien d’une formalité. C’est aussi lui qui a plaqué à tour de bras dans les vingt dernières minutes du match lorsque la tension était à son comble, montrant l’exemple, soulageant son équipe et rappelant à ceux qui l’avaient oublié qu’il est un formidable défenseur.
Vingt premières minutes cauchemardesques
Enfin, c’est encore le capitaine exemplaire du jour qui est allé haranguer sa première ligne dans les ultimes secondes de la rencontre afin que l’ultime mêlée du match n’offre pas une dernière possession aux joueurs de Leicester. Pour que sa prestation fut parfaite, il aurait fallu que Sir Jonny ne manque pas un renvoi à la 20e minute, qu’il a expédié directement en touche, ne commette pas un en-avant dans ses 22, finalement sans conséquence, à la demi-heure de jeu, et qu’il réussisse sa tentative de drop de la 49e minute qui n’a fait que frôler les perches anglaises. Mais ces petits accrocs au regard de sa performance majuscule, le « peuple de Besagne » n’en a cure car c’est bien lui qui restera dans les annales comme le grand bonhomme du premier quart de finale de H-Cup disputé dans le temple de Mayol. On serait presque tenté de dire qu’en l’ayant fait rempiler pour un an, Mourad Boudjellal a déjà réussi son recrutement pour l’an prochain…
Pour le reste, ce quart de finale n’a jamais atteint des sommets et a davantage valu par son intensité et son suspense. Nullement impressionnés par le « Pilou-Pilou » et l’ambiance de Mayol, ce sont les Anglais qui ont réussi l’entame parfaite. Dominateurs en touche, châtiant les Toulonnais en mêlée, ils ont confisqué le ballon tout en cantonnant le RCT dans ses 40 mètres. Et Toby Flood est venu sanctionner par trois fois en moins de 20 minutes l’indiscipline toulonnaise. Tétanisés par l’enjeu, multipliant les ballons tombés, incapables de conserver la possession ni d’aller jouer dans le camp anglais, les « rouge et noir », face au vent, étaient outrageusement dominés. Jusqu’à ce que sur leur première offensive d’envergure de l’après-midi, Toby Flood ne récolte un carton jaune assez sévère pour un en-avant volontaire (29e). Jonny Wilkinson ne laissait pas l’occasion d’ouvrir son compteur points, alors que le RCT, en supériorité numérique, alignait enfin les temps de jeu. Une offensive majuscule se concluait ainsi par une nouvelle pénalité que convertissait l’ouvreur « rouge et noir » (6-9, 35e). A peine revenu de cette sanction disciplinaire, Tobby Flood ratait sa seule pénalité de l’après-midi, des 40 m légèrement à gauche : on ne le savait pas encore mais cet échec allait se révéler lourd de conséquences…
Le RCT prend le dessus physiquement après la pause
Car si le RCT, avec le vent dans le dos, prendra physiquement le dessus et dominera à son tour copieusement le deuxième acte, sous l’impulsion d’une troisième ligne (Chris Masoe, Juan-Martin Fernandez-Lobbe et Steffon Armitage) omniprésente et d’un performant Mathieu Bastareaud enfin servi dans de bonnes conditions, les « rouge et noir » ne sont jamais parvenus à se détacher au score. Les Tigres de Leicester ont pourtant alors souvent semblé au bord de la rupture. Mais ni Chris Masoe, ni Mathieu Bastareaud, ni Bakkies Botha ne sont parvenus à inscrire cet essai qui aurait libérer Mayol… et libérer un Mourad Boudjellal qui a fait les 400 pas sur le bord de la touche durant 80 minutes. Au contraire, la botte de Toby Flood a permis à des Anglais très réalistes dans le deuxième acte de rester au contact. Et il s’en est fallu de peu pour qu’ils n’emportent la mise. Mais Vincent Martin, pur produit de la formation toulonnaise tout juste âgé de 20 ans, a soulagé Mayol en s’emparant d’un rebond capricieux à proximité de sa ligne d’en-but alors qu’il ne restait que trois minutes à jouer…
A l’arrivée, même si le match ne restera pas comme un sommet du jeu, les « rouge et noir » n’en ont pas moins écrit une nouvelle page de l’histoire du RCT présent pour la première fois dans le carré d’as de la H-Cup. En demi-finale, Les Toulonnais iront défier les Saracens de Londres à Twickenham le 28 avril. Déjà également qualifiés pour les demi-finales du Top 14 – les « rouge et noir » sont assurés de finir dans les deux premiers de la saison régulière – le RCT reste dans les clous de son objectif de la saison : ramener un trophée dans la rade, Coupe d’Europe ou Bouclier de Brennus, pour la première fois depuis 21 ans.
Marc BESAGNE
A Toulon, stade Félix Mayol, quart de finale de H-Cup
RC Toulon bat Leicester Tigers 21 à 15 (6-9)
Spectateurs : 15 000
Arbitre : M. George Clancy (Irlande). Vent en faveur de Leicester en première période, de Toulon en deuxième.
Pour Toulon : 6 pénalités : Wilkinson (30e, 35e, 44e, 47e, 60e, 65e). 1 drop : Wilkinson (80e).
Pour Leicester : 5 pénalités : Flood (11e, 15e, 19e, 51e, 66e).
Evolution du score : 0-3, 0-6, 0-9, 3-9, 6-9 (M-T), 9-9, 12-9, 12-12, 15-12, 18-12, 18-15, 21-15.
Cartons jaunes : Leicester : Flood (29e), Cole (59e).
RC Toulon : D. Armitage – Wulf, Bastareaud (puis Mermoz 80e), Giteau, Palisson (puis Martin 68e) – (o) Wilkinson (cap.), (m) Tillous-Borde – S. Armitage (puis Van Niekerk 74e), Masoe, Fernandez-Lobbe – Kennedy, Botha (remplacement temporaire Suta 8e-15e) – Hayman, Bruno (puis Ivaldi 56e), Sheridan (puis Jenkins 58e).
Leicester Tigers : Tait – Morris, Tuilagi, Allen, Thompstone – (o) Flood (cap.), (m) B. Youngs – Salvi, Crane, Croft (puis Waldrom 40e) – Parling, Ed Slater – Cole (puis Castrogiovanni 69e), T. Youngs, Ayerza (puis Mulipola).
