Publié le 5 février 2020 à 22h16 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h46
L’UD FO a adressée une lettre le 30 Janvier aux 16 députés des Bouches-du-Rhône pour leur demander de ne pas voter le texte sur la réforme des retraites, une initiative rarissime que l’organisation explique par la gravité de la situation.
Le contenu de la lettre revient sur les mouvements de grève, le non-rôle des députés, le manque de pédagogie, les dangers inhérents à ce projet de loi sur la réforme des retraites…
«Le projet de loi instituant un système universel de retraite sera soumis à votre examen au mois de février. Pour notre part, nous en avons pris connaissance et l’avons analysé dans le détail ; alors, nous n’avons d’autre choix, face à la gravité qu’il représente, que de vous demander, solennellement, de ne pas voter ce texte. Depuis le 5 décembre dernier, des millions de citoyens (salariés, retraités, privés d’emploi et la jeunesse) protestent, avec fermeté, pour faire entendre leur volonté à ne pas voir ce projet aboutir. Ceux qui ne peuvent contester par des actions médiatiques visibles affichent, par la grève et/ou par les sondages, une opinion similaire. Comment accepter, dans notre démocratie, qu’un projet de loi, quelle que soit sa nature, pourrait être adopté malgré son rejet indubitable par la majorité des citoyens ? Comment imaginer « réformer » si ladite réforme n’est pas consentie ? Comment faire fi d’une protestation historique et sans précédent, méprisant ainsi ceux qui la portent à défaut de les entendre ? Sur la forme, encore, la présentation de ce texte renie votre rôle au sein du Parlement ; pourrez-vous faire le choix d’adopter un projet de loi dont l’essentiel sera, en réalité, décrété ou ordonné, ultérieurement, par le pouvoir exécutif ? Consentiriez-vous alors à devenir complices de la dérive de l’équilibre des pouvoirs? Sur le fond à présent, alors que le gouvernement se plaît à déplorer un manque certain de « pédagogie », pour notre part tout apparaît limpide quant aux dangers d’une telle réforme et de ses conséquences, et c’est bien là que notre détermination à la combattre se renforce. Mesdames et Messieurs les députés, il est ici question du démantèlement pur et simple de notre solidarité nationale, des valeurs de fondation de notre Sécurité sociale, de l’anéantissement du paritarisme de gestion, dont nous sommes les fervents défenseurs, et de l’assujettissement de notre travail, nous, salariés, face à la finance mondialisée.» «En ce sens, poursuit l’organisation syndicale, nous vous alertons tout spécifiquement sur l’article 64 du projet de loi qui prévoit que : « le secteur de l’assurance est appelé à se mobiliser, afin que le recours à ces véhicules se généralise et que l’économie française puisse ainsi bénéficier pleinement du dynamisme de l’épargne retraite généré par la loi Pacte. » Ainsi tout est dit, tout est écrit ; en plus de voir sa vie « active » rallongée, le salarié est à nouveau la variable d’ajustement d’un système où règne la loi du plus fort. Comment prétendre qu’une telle réforme tendrait à l’égalité alors même qu’elle introduit une injustice sociale sans bornes ? Les citoyens aux forts moyens, en plus d’être exemptés de cotisations sociales, survivront aisément, mais que deviendront les autres, devront-ils mourir à la tâche ?»
La rédaction