Publié le 23 octobre 2014 à 22h52 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h23
Pour la première fois dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Chambre régionale de l’Économie Sociale et Solidaire (CRESS) Paca et la Mutualité Française Paca organisent une conférence afin de présenter leur enquête sur le poids économique des Services de Soins et d’Accompagnement Mutualistes (SSAM) dans le cadre de la 12e édition du mois de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS). La manifestation s’est déroulée ce jeudi 22 octobre, dans les locaux de l’Hôtel de Région.
C’est Michèle Tregan, conseillère régionale, déléguée à l’emploi et à l’ESS qui ouvre les débats. Elle rappelle que la Région soutient ce secteur depuis 1998. «Au départ cela était un peu marginal puis, les dispositifs d’aide se sont développés pour en arriver à la situation actuelle où ce secteur fait partie de l’économie tout court. Un état de fait qui résulte à la fois de la qualité de votre travail et de la crise qui montre les limites de l’économie financière. L’économie socialement responsable est la seule qui respecte à la fois l’économie et les hommes et les femmes qui travaillent». L’élue d’indiquer d’autre part : «Nous avons revu nos dispositifs afin d’aider au mieux les entreprises qui créent de l’emploi, de la richesse et nous avons une stratégie du développement territorial de l’Économie sociale et solidaire». Elle rappelle enfin: «La mutualité est un partenaire incontournable de la Région au titre de nos politiques volontaristes que nous conduisons avec la mise en place de 9 Maisons de santé». Puis c’est avec émotion qu’elle rend hommage à son père, chirurgien mutualiste : «Pour moi, enfant, les professionnels de la santé étaient au service des malades…». Et de conclure en citant l’ambition de Michel Vauzelle de voir se créer un espace franco-maghrébin de l’Économie sociale et solidaire.
Un acteur économique régional incontournable
Géraldine Daniel, représentant le Préfet de Région revient sur la Loi promulguée cet été concernant cette Économie.«Une loi qui offre une meilleure lisibilité aux manières d’entreprendre, de produire et de consommer autrement. La loi caractérise et élargit également les enjeux de fond de l’ESS, tels que l’utilité sociale, démocratie, ancrage territorial des emplois, développement durable…»
Michel Faure, le Président de la Chambre régionale de l’ESS met en avant le fait qu’il s’agit là d’un acteur économique régional incontournable : « Il emploie plus de 160 000 personnes, soit près de 10% de l’emploi local pour 8,5% des salaires versés et il compte 13 643 entreprises, soit 8% de celles de la Région. Reposant sur une gouvernance démocratique de leur organisation, ces entreprises se distinguent des sociétés de capitaux, notamment par l’adoption d’un mode de propriété collective et une lucrativité limitée». Il considère: «Rénover le système éducatif, rendre plus performant le système de santé, proposer des loisirs au plus grand nombre, améliorer l’accès au logement, consommer durable, épargner éthiquement, valoriser les solidarités de proximité, rechercher plus d’égalité et de mieux-être à l’échelle d’une agglomération ou d’un département, cela a du sens et c’est ce que fait l’ESS dans notre région».
«Nous avons une plus-value que n’ont pas les autres : le service social rendu »
Jean-Martin Cohen-Solal, délégué général de la Fédération nationale de la Mutualité française note : «On voit bien qu’il y a une évolution importante du rôle de la Mutualité. Il est important que nous mettions en avant le fait que nous avons une plus-value que n’ont pas les autres : le service social rendu. Nous l’avons certes beaucoup proclamé, cela ne suffit plus, il faut le démontrer». Il précise: «Les mutuelles ne sont pas des entreprises comme les autres mais ce sont aussi des entreprises». Si les mutuelles subissent des attaques, voient leur image parfois se banaliser, il y a encore 80% des Français qui considèrent que les mutuelles agissent pour l’intérêt collectif. Jean-Martin Cohen-Solal n’omet pas de signaler : «75% des bénéficiaires de contrat individuel avec les mutuelles ont un tarif, après 65 ans, qui évolue parallèlement avec l’âge, à contrario 85% des assureurs ont un tarif qui évolue beaucoup plus vite que l’âge».
Mais les mutuelles n’entendent pas moins évoluer, un travail est mené sur quatre axes: permettre l’accès de tous à la complémentaire santé; l’aide aux populations économiquement fragile; la solidarité inter-générationnelle, aussi bien des plus jeunes envers les plus âgés que l’inverse; une gestion transparente et efficiente.
Un mouvement qui rappelle que les enjeux ne cessent de croître avec l’enjeu de la lutte contre l’exclusion et les inégalités «car là, est aujourd’hui le vrai problème : l’exclusion des soins». «La mutualité offre un accès aux soins de qualité pour tous. Nous agissons également contre les maladies chroniques qui ne cessent de se développer. Enfin, de par notre présence sur les territoires nous maintenons du lien social».
Jean-Martin Cohen-Solal de conclure son propos : « Nous offrons un vrai service. Nous ne sommes pas des bonnes-œuvres mais des entreprises. Nous voulons montrer que nous sommes non-lucratifs mais performants, que nous marchons bien et que nous entendons nous développer et cela, sans tourner le dos à nos valeurs, tout au contraire».
« Nous sommes le premier acteur de complémentaire santé »
Pour Jean-Paul Benoit, le président de la Mutualité Française Paca : «Nous sommes surtout connus pour la complémentaire santé mais nous avons une deuxième activité : la gestion de services de soins et d’accompagnement et une troisième : la prévention». En quelques chiffres, il met en lumière l’ampleur de ce mouvement en Paca : «Nous sommes le premier acteur de complémentaire santé, de prévention santé après les organismes publics et le premier réseau de soins et d’accompagnement privé à but non lucratif. Nous comptons 200 mutuelles santé, 3 millions de personnes protégées (60% de la population), 3 000 élus et bénévoles mutualistes, 7 500 salariés. Nous conduisons 1 202 actions de prévention et de promotion santé».
Puis de rendre compte d’une enquête réalisée auprès des services de soins et d’accompagnement mutualiste (SSAM) de la région, afin de voir ce qu’il en est en matière de plus-value sociale et sanitaire et des réalités économiques des modèles entrepreneuriat mutualiste. Ces SSAM se déclinent en 3 établissements et services hospitaliers, 31 centres de soins médicaux et infirmiers, 58 centres dentaires, 52 centres d’optique et services pour la basse vision, 18 centres d’audition, 2 pharmacies, 9 établissements et services pour les personnes âgées, 12 établissements et services petite enfance, 9 services à la personne et 4 services pour personnes en situation de handicap. Le tout représente un chiffre d’affaires de près de 200 millions d’euros par an.
Ces services ont touché plus de 600 000 usagers en 2013, soit 12,3% de la population. Avec un nombre de patients non mutualistes qui ne cesse d’augmenter : 39,7% en 2009 et 43,7% en 2013. Jean-Paul Benoit insiste sur la qualité de l’offre proposé, sur le fait qu’elle s’adresse à tous les publics. « Nous avons de nombreuses démarches qualités ». Et de se féliciter enfin sur le fait que les mutuelles sont un lieu d’innovation: « Sont nés chez nous le tiers-payant, l’exercice coordonné de la médecine, le dossier médical partagé».
Michel CAIRE