Publié le 13 décembre 2014 à 22h37 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h31
C’est peu dire que Bernard Morel, vice-président de la Région délégué à l’emploi, au développement économique régional, à l’enseignement supérieur, à la recherche et à l’innovation n’a pas apprécié l’intervention de Jean-Luc Monteil, le président du Medef Paca qui a déclaré, peu avant la plénière: «Ce dernier budget de la majorité est une véritable fuite en avant ! Dans un contexte national de rationalisation des dépenses publiques et de diminution des dotations de l’État aux collectivités locales en 2015, la raison aurait voulu que le Conseil régional procède enfin à une meilleure gestion financière. Celle-ci passe notamment par une sanctuarisation des dépenses d’investissement, indispensables pour l’emploi local, conjuguée à un recentrage sur ses compétences clés et à une maîtrise de son endettement et de ses dépenses de fonctionnement. À quelques mois des élections régionales, l’exécutif nous propose tout le contraire sans que nous sachions qui paiera la facture finale. Dès lors, nous en appelons à l’esprit de responsabilité des élu(e)s du Conseil régional en ne votant pas ce budget. Il en va de l’intérêt général et de l’avenir de notre Région!».
L’élu a tenu à dénoncer, lors du débat sur le budget :«Ce brûlot du Medef, déguisé en lettre ouverte aux élus qui tente péniblement de nous donner des leçons de gestion».
L’organisation patronale considère : «Le budget du Conseil régional pour 2015 laisse apparaître une dérive inquiétante des comptes publics régionaux : le budget de fonctionnement se dégrade nettement avec un « effet ciseau » conjuguant des recettes de fonctionnement en forte contraction (- 31,4 millions d’euros par rapport à 2014) et des dépenses de fonctionnement toujours en progression (+30,7 millions d’euros). Les investissements de la Région passeront de 607 millions d’euros en 2014 à 563,4 millions d’euros en 2015, enregistrant ainsi une baisse significative de 44 millions d’euros. L’épargne brute diminuera de 62,1 millions d’euros, soit une réduction de 21% en 2015 par rapport à 2014. La dette du Conseil régional progressera de 320 millions d’euros en 2015, faisant passer la capacité de désendettement de la Région de 8,1 années en 2014 à 11,7 années en 2015, contre une moyenne nationale à seulement 4,2 années ».
Bernard Morel juge : «C’est la première fois qu’une organisation syndicale, car le Medef en est une, s’autorise une telle attaque politicienne en appelant notre Assemblée à ne pas voter le budget. Ce syndicat peut, à ce titre, recevoir de la Région des financements au titre du dialogue social. Il conviendra donc d’examiner l’actualité et l’opportunité de ces financements».
«Je vais finir par croire que ceux qui nous reprochent parfois de trop écouter l’organisation patronale ont raison»
L’élu de poursuivre: «Que les forces patronales donnent un avis ? Bien entendu et cet avis est important, nécessaire même à notre réflexion, tout autant que celui des syndicats de salariés. Mais pas comme cela. D’ailleurs, je vais finir par croire que ceux qui nous reprochent parfois de trop écouter l’organisation patronale ont raison». Il dénonce : «Une lecture erronée du budget ou une mauvaise intention qui frise l’intoxication délibérée». Expliquant: «Le Medef appelle à la sanctuarisation des dépenses d’investissement… Mais, nous avons inscrit 579 millions d’investissement soit un effort supérieur à la moyenne de ce que nous avons fait durant les cinq dernières années». Tenant à souligner: «Entend-on le Medef lorsque la ville de Marseille et MPM, contrairement à Aix et Nice, font entendre le refus d’investir dans l’Enseignement supérieur et la Recherche du contrat de plan État-Région ? ».
L’élu lance : «Nous le savons mieux que quiconque, le niveau d’investissement est l’un des leviers qui permettra à notre territoire de sortir de l’ornière. D’ailleurs c’est bien ce que nous demande les entreprises du BTP par exemple. Mais ce qui devient paradoxal pour ne pas dire fallacieux, c’est que dans le même temps, le Medef nous reproche le recours à l’emprunt. Il faudrait donc selon la logique patronale, garder le même niveau d’investissement, à périmètre inconstant avec des dotations d’État à la baisse et une diminution de l’encours à la dette».
Alors, il s’interroge: «Est-ce à dire que le Medef nous engage à relever la fiscalité régionale ? Augmenter les taxes sur les cartes grises, en période de crise et de ralentissement de l’économie ! Belle idée s’il en est».
Il n’omet pas de signaler que «l’agence Fitch Ratings place notre région comme la troisième région française la mieux notée en matière de gestion financière». Et de conclure: «Ce budget n’en déplaise à l’organisation Medef, il ravit des centaines de chefs d’entreprise et les filières qui bénéficient de notre soutien».
Michel CAIRE