Un public nombreux a participé à la deuxième édition du Forum respect pour les femmes. A cette occasion Renaud Muselier, président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Bérengère Couillard, ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, Jennifer Salles-Barbosa, conseillère régionale, présidente de la Commission lutte contre les inégalités, solidarités, défense des droits des femmes ont visité l’exposition «Respect ! – réalisée par la Région Sud. Exposition qui sera ouverte au public, à l’Hôtel de Région, jusqu’au 29 février 2024- et 1 000 boutons MonSherif ont été remis à des associations.
« Nous savons que nous avons beaucoup de retard»
Bérengère Couillard profite de sa venue à Marseille, à l’invitation de Renaud Muselier, pour rappeler l’action de l’État mais aussi pour indiquer : « Contre les violences faites aux femmes l’implication des élus locaux est indispensable ». Elle ne manque pas de signaler que cette année l’État accompagne la région à hauteur de 3M€ pour l’égalité Homme/Femme. «Et je viens soutenir l’initiative de Renaud Muselier en faveur de l’égalité homme/femme, contre les violences faites aux femmes et rencontrer les associations pour entendre leurs attentes sachant que nous allons poursuivre les efforts entrepris », assure la ministre qui précise à ce propos : «Il s’agit pour nous d’être humble. Nous savons que nous avons beaucoup de retard par rapport à un pays comme l’Espagne mais nous avançons. Il y a ainsi une véritable augmentation des signalements, on voit que la parole se libère. Mais il faut plus.»
Annonce que le pack nouveau départ est mis en place à titre expérimental dans cinq départements au rang desquels les Bouches-du-Rhône. «Un agent de la CAF coordonne toutes les demandes nécessaires au départ des victimes de violences conjugales. Nous savons qu’il faut en moyenne 7 aller-retour avant que les femmes quittent définitivement le domicile alors que ce moment de la séparation est le plus dangereux. L’expérimentation va se poursuivre jusqu’en 2025», explique Bérengère Couillard. Elle évoque également l’aide universelle, «dispositif qui va être appliqué au plan national à partir de janvier 2024 et permettra d’attribuer aux femmes de 300 à 1 200 euros pour une aide au départ ». Concernant les chiffres de violences faites aux femmes, ils sont en augmentation de 15%. «Je veux que le carcan du silence s’arrête. Que les femmes puissent parler et pour cela il faut former d’avantage nos policiers et nos gendarmes et que les médecins puissent signaler à la justice les femmes en danger immédiat », insiste la ministre. En ce qui concerne l’ordonnance de protection, elle annonce : « Elle va être délivrée en 24 heures, on ne va pas attendre de savoir si l’autre est vraiment coupable, on va tout de suite donner une protection aux femmes victimes de violence parce que l’on estime que le danger est immédiat ». Du côté associatif des voix s’élèvent pour que la situation évolue plus vite. Bérengère Couillard considère: « Il faut des actes., de vrais liens avec les acteurs de terrain. J’attends que les services départementaux des droits des femmes soient étoffés. Et puis je n’ignore pas le parcours à accomplir pour parvenir à l’égalité non seulement salariale femme/homme mais aussi en qualité de métiers »
« Porter ce combat»
Renaud Muselier s’insurge : « Je n’ai jamais compris que l’on puisse humilier, dominer, faire disparaître des femmes. Et, quand je parle à ma femme, mes filles, mes proches, je découvre qu’elles ont toutes étaient confrontées à quelque chose que je ne connais pas, que je ne comprends pas, que je n’admets pas. Et donc j’ai décidé au nom de la Région de porter ce combat, de mettre des moyens pour répondre à des questions simples : qu’est-ce que je dois faire quand je suis une femme et que je suis battue ? Quand je dois prendre mes enfants et trouver un autre appartement ? Il faut des réponses claires à des questions simples mais vitales pour les femmes».
Le président de Région rappelle: « Lors de mon élection en 2021, j’ai érigé la lutte contre les violences faites aux femmes en grande cause régionale. 1,5M€ par an ont été dédiés dédiés et sanctuarisés à l’égalité femmes-hommes et la lutte contre les violences, soit plus de 10M€ à la fin du mandat.»
«Voilà très concrètement comment la Région agit», indique Renaud Muselier qui cite:
-Près de 400 000 € sont directement dédiés au soutien aux 7 Centres d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles de la Région et aux plannings familiaux. «En 2022, plus de 6 000 femmes ont été accueillies».
– Pour protéger : 20 000 € ont été attribués pour 861 Téléphones Grave Danger distribués aux femmes victimes, 145 Bracelets anti-rapprochement attribués aux hommes violents en 2023 dans le cadre de la convention Justice-Région «x 2 par rapport à 2022».
– 12 000 victimes de violences conjugales et leurs enfants «ont été accompagnés par les associations d’aides aux victimes (+ 30 %) ».
– 1 000 boutons connectés d’alerte « MonSherif » «achetés par la Région vont être distribués aux associations dès cet après-midi. Un dispositif complémentaire aux Téléphones Grave Danger, pour pouvoir donner l’alerte discrètement à leurs proches en cas de menace.»
– Ont été crées 5 maisons régionales des femmes labellisées , «c’est 3 de plus en 1 an, dont certaines co-portées avec des structures hospitalières» : la Maison Françoise-Giroud à la Seyne-sur-Mer, la Maison des femmes Marseille Provence, la Maison Simon Veil à Manosque, – la Maison Mazarine à Avignon et celle de Carpentras. Renaud Muselier annonce: «2024 sera une grande année dans notre combat collectif . Nous nous sommes fixés 2 objectifs ambitieux avec le million d’euros dédié à la lutte contre les violences en dotant chacun des 6 départements de la Région d’au moins une maison des femmes ». Dans le cadre de ce deuxième forum, grâce aux master class et aux ateliers, les femmes ont pu s’entraîner au self-défense, à la prise de parole en public, à la méditation, à éviter le syndrome de la bonne élève, de l’imposteur… Il a été également question d’entendre des témoignages de professionnelles, d’associatifs pour identifier et sensibiliser aux différentes situations de violence, cyber, économiques, professionnelles.
Reportage vidéo Joël BARCY, rédaction Michel CAIRE
Un bouton d’alerte pour les femmes victimes de violences
Il est discret et peut sauver des vies. La région Sud a acquis un millier de bouton d’alerte pour les distribuer à des associations qui viennent en aide aux femmes victimes de violences. Baptisé « mon Shérif », il est un complément au téléphone « grave danger ». Le principal intérêt est qu’on peut l’utiliser sans passer par une autorisation judiciaire.
Discrétion et simplicité
Ce bouton d’alerte a été conçu par la société vauclusienne «Domie Digital». Il mesure deux cm², peut se ranger dans un accessoire de maquillage, être en pendentif ou se fixer sur une bretelle de soutien-gorge. « Il a trois fonctions», décrit Dominique Brogi, la créatrice du dispositif MonShérif. Informer, appeler à l’aide ou bien enregistrer. L’outil n’étant pas visible il permet d’agir en confiance parce que l’auteur des violences ne sait pas que vous êtes en train de communiquer et d’agir ».
Des féminicides évités
Certaines structures utilisent déjà ce bouton d’alerte. C’est le cas de la Maison régionale des femmes Françoise Giroud dans le Var. « Nous en avons déjà distribué 75 dans le département , indique Nathalie Rocailleux, la directrice générale, cela nous a permis d’éviter au moins quatre féminicides. Les forces de polices peuvent intervenir en flagrant délit dès l’alerte donnée. C’est le cas dernièrement d’une femme dont le mari a voulu la défenestrer avec son bébé. Elle a appuyé sur le bouton et grâce à la géolocalisation, l’homme a été interpellé ».
10% des victimes portent plainte
« Seuls 10% des victimes de violence portent plainte, cela veut dire que 90% sont hors du parcours judiciaire » constate Vanessa Garouche, directrice du Centre d’information sur le droit des femmes et des familles (CIDFF), à Arles. Le bouton d’alerte est donc essentiel car il permet d’être utilisé à tout moment et d’éviter des drames. Au vu du nombre de femmes victimes de violences que nous accompagnons chaque année dans nos territoires je suis persuadée que plusieurs personnes pourront en bénéficier très rapidement ».
Ce bouton d’alerte est accessible gracieusement via des associations et ne nécessite aucun abonnement. Il peut aussi s’acheter sur internet et être délivré à des enfants victimes de harcèlement.
Reportage Joël BARCY