RĂ©gion Sud: Les 3,3 milliards raisons d’aimer l’Europe de Renaud Muselier

Publié le 10 avril 2019 à  12h35 - DerniÚre mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h47

«Notre plus grande fiertĂ© collective est d’avoir repositionnĂ© la RĂ©gion Provence-Alpes-CĂŽte d’Azur sur la carte de l’Europe : nous sommes dĂ©sormais Ă©coutĂ©s, et mĂȘme entendus, par les autoritĂ©s de Bruxelles. Il nous reste deux ans pour encore amĂ©liorer nos rĂ©sultats», dĂ©clare Renaud Muselier, le prĂ©sident de la RĂ©gion Provence-Alpes-CĂŽte d’Azur, Ă  l’occasion de la prĂ©sentation de son bilan en tant que dĂ©putĂ© europĂ©en. Il dĂ©voile Ă  ce propos que lui, qui fut un «eurosceptique», a appris Ă  connaĂźtre l’Europe, Ă  parler «europĂ©en» et mesurĂ© «à quel point l’Europe est utile lorsque l’on sait s’en servir».

Alain Dumort, représentant permanent de la commission européenne à Marseille et Renaud Muselier, président de la Région Sud (Photo Robert Poulain)
Alain Dumort, représentant permanent de la commission européenne à Marseille et Renaud Muselier, président de la Région Sud (Photo Robert Poulain)

Renaud Muselier rappelle: «Lorsque nous sommes arrivĂ©s Ă  la RĂ©gion avec Christian Estrosi nous avons souhaitĂ© obtenir, lors de notre mandat, 2 milliards. 1 milliard d’euros de fonds structurels, dĂ©tenus par la RĂ©gion, et que nous avons pris l’engagement de consommer dans leur totalitĂ© et 1 milliard d’euros supplĂ©mentaire, que nous avons pris l’engagement de dĂ©crocher Ă  Bruxelles auprĂšs de la Commission et au Luxembourg auprĂšs de la Banque europĂ©enne d’investissement (BEI), pour le territoire». Souligne que personne n’y croyait «mĂȘme dans nos «services». Et de se fĂ©liciter du rĂ©sultat «nous avons dĂ©jĂ  obtenu 3,3 milliards d’euros, Ă  deux ans de la fin de la mandature». Il tient Ă  alerter sur les menaces qui pĂšsent sur l’Europe avec «les Chinois, les Russes et les AmĂ©ricains qui veulent la dĂ©truire de l’extĂ©rieur et, de l’intĂ©rieur, des populistes qui dĂ©forment la vĂ©rité». Il considĂšre avoir dĂ©couvert avec ce mandat europĂ©en «un des plus beaux mandats qui soient. Et c’est pour moi un crĂšve-cƓur que de quitter Strasbourg et Bruxelles. J’ai dĂ©couvert un esprit europĂ©en formidable : pour chaque dossier, la dĂ©mocratie, la diversitĂ© des opinions, des visions et des intĂ©rĂȘts, est remise en question». A ses cĂŽtĂ©s, Alain Dumort, reprĂ©sentant permanent de la commission europĂ©enne Ă  Marseille qui insiste pour sa part sur l’importance de la RĂ©gion pour l’Europe.

«Nous avons trouvĂ© une RĂ©gion trĂšs peu connectĂ©e Ă  l’Europe»

Renaud Muselier reprend: «Il y a un peu plus de trois ans, lorsque Christian Estrosi et moi avons pris les rĂȘnes de la RĂ©gion, nous avons trouvĂ© une RĂ©gion trĂšs peu connectĂ©e Ă  l’Europe. Les fonds europĂ©ens disponibles pour la RĂ©gion Ă©taient loin d’ĂȘtre entiĂšrement consommĂ©s», avance-t-il. La nouvelle majoritĂ© fait donc de Bruxelles sa premiĂšre destination de voyage officiel, au mois de fĂ©vrier 2016, moins de deux mois aprĂšs son Ă©lection. Une stratĂ©gie se met en place: dĂ©ployer des moyens humains et financier consĂ©quents, Ă  l’échelle de la RĂ©gion, pour obtenir des financements massifs. «Nous avons dĂ©ployĂ© cette stratĂ©gie au plus haut niveau, avec l’accord du PrĂ©sident de la Commission europĂ©enne Jean-Claude Juncker, avec le soutien du PrĂ©sident du Parlement europĂ©en, Antonio Tajani. Et nous sommes devenus des interlocuteurs de confiance». Pour arriver Ă  remplir ces objectifs la RĂ©gion a renforcĂ© ses Ă©quipes en charge des fonds europĂ©ens Ă  Marseille avec une prioritĂ©, les porteurs de projet eux-mĂȘmes, un guichet unique a ainsi vu le jour. ParallĂšlement les Ă©quipes Ă  Bruxelles ont Ă©tĂ© renforcĂ©es passant de 3 Ă  7 collaborateurs permanents, «qui chaque jour font du lobbying au noble sens du terme et de la veille pour tous les acteurs de notre territoire. Nous y avons associĂ© les forces vives du territoire : Aix-Marseille UniversitĂ©, le DĂ©partement des Bouches-du-RhĂŽne, le pĂŽle de compĂ©titivitĂ© Optitec. Nous avons enfin instaurer une vraie culture des fonds europĂ©ens».

«Nous sommes devenus, en trois ans, une Région intrinsÚquement européenne»

Il ne cache alors pas sa satisfaction: «Nous sommes devenus, en trois ans, une RĂ©gion intrinsĂšquement europĂ©enne, reconnue par les autoritĂ©s comme par les porteurs de projet». Ce qui compte Ă  Bruxelles prĂ©cise-t-il: «C’est l’influence. La capacitĂ© Ă  connaĂźtre les bons leviers, les bons interlocuteurs, la capacitĂ© Ă  monter des dossiers correspondant aux attentes de l’Europe. Cela a Ă©tĂ© un combat de tous les instants pour moi, au sein de la Commission Transports et Tourisme, mais aussi plus gĂ©nĂ©ralement auprĂšs de toutes les institutions». Il se rappelle de ses succĂšs, en 2015 il est rapporteur pour le groupe PPE d’un rapport d’initiative sur l’utilisation du drone civil : «c’est ce rapport qui a façonnĂ© le droit europĂ©en en la matiĂšre». En 2016, «nous avons protĂ©gĂ© les Ports français en sauvant les professions portuaires : pilotes maritimes, lamaneurs, dockers et remorqueurs d’une libĂ©ralisation voulue par les Ports du Nord». En 2017 «avec mes collĂšgues de la commission, nous avons harmonisĂ© et simplifiĂ© les normes de sĂ©curitĂ© des navires de passagers en Europe». En 2018, ajoute-t-il: «J’ai portĂ© Ă  Bruxelles la voix des passagers du rail, de façon Ă  ce qu’ils bĂ©nĂ©ficient d’un rĂ©gime de compensation du billet de train partout en Europe, en cas de retard ou d’annulation». En 2019 «nous avons lancĂ© le label « Capitale europĂ©enne du tourisme », remportĂ© par Lyon et Helsinki, un projet que j’ai fondĂ© avec mon collĂšgue socialiste hongrois». Souligne «le sauvetage des ports français du Nord exclus des corridors de financement post-Brexit, et que nous avons remis dans la liste. Le positionnement de l’axe Marseille-GĂȘnes sur le corridor de financement MĂ©diterranĂ©e, qui ouvre Ă  plus de 43 milliards d’euros de financement dans les annĂ©es Ă  venir». N’omet pas de signaler l’adoption, il y a quelques jours, de la rĂ©forme europĂ©enne du transport routier «qui protĂšge beaucoup mieux nos entreprises de la concurrence dĂ©loyale venue de l’Europe de l’Est».

«Je refuse de voir ces fonds recentralisés par Paris»

Mais Renaud Muselier n’entend pas en rester Ă  un bilan, alors que les Ă©lections europĂ©ennes arrivent, il prĂ©vient: «Toute recentralisation par l’État de la gestion des fonds europĂ©ens serait une faute politique majeure. Nous faisons mieux et nous le faisons plus vite, qu’un Etan central aux procĂ©dures toujours plus lourdes. Ce qui s’est passĂ© ici en Provence-Alpes-CĂŽte d’Azur en est la preuve». Il met en exergue le fait que les RĂ©gions pilotent les fonds europĂ©ens structurels, 1 milliard sur les 3,3 milliards d’euros que la RĂ©gion Sud a su mobiliser. A l’échelle de l’ensemble des RĂ©gions la somme avoisine les 27 milliards d’euros. «En tant que PrĂ©sident de la Commission Europe des RĂ©gions de France, je refuse de voir ces fonds recentralisĂ©s par Paris». Il plaide en faveur du maintien de la gestion complĂšte du Feder (Fonds europĂ©en de dĂ©veloppement rĂ©gional) par les rĂ©gions, la compĂ©tence totale de ces derniĂšres sur le FSE ( Fonds social europĂ©en). «Enfin, pour le FEADER (Fonds europĂ©en agricole pour le dĂ©veloppement rural NDLR) le paiement par l’État des fonds europĂ©ens en Provence-Alpes-CĂŽte d’Azur est un scandale national». Il annonce Ă  ce propos: «Les PrĂ©sidents de RĂ©gion auront, le 16 mai prochain, une rĂ©union avec le Premier Ministre afin de ne pas laisser cette catastrophe annoncĂ©e se produire. Ces efforts constants et structurĂ©s ont permis d’aboutir Ă  des rĂ©sultats probants que personne ne nous conteste. Nous ne pouvons pas prendre le risque, Ă  partir de 2021, de tout gĂącher par une logique de recentralisation absurde et complĂštement incomprĂ©hensible».
Michel CAIRE

Financements européens: quelques exemples
-940 000 euros en 2016 pour le rĂ©seau d’eau tempĂ©rĂ©e de l’ülot Allar Ă  Marseille, qui fournit chaleur et climatisation Ă  partir de l’énergie de l’eau de mer, dans la ligne stratĂ©gique du Plan Climat « Une Cop d’avance ».
-875 000 euros en 2017 pour le Plateau d’exploration Cancer et Vieillissement de Nice, avec de nouvelles expĂ©rimentations thĂ©rapeutiques pour les patients de la RĂ©gion. LĂ  aussi, dans la ligne du Plan Cancer rĂ©gional.
-5 000 euros en 2016 pour l’incorporation d’animaux dans une expĂ©rimentation de nouveaux dispositifs BIO, au cƓur de la stratĂ©gie agricole rĂ©gionale !
-1,6 million d’euros pour Innov’Api, afin de favoriser la durabilitĂ© des exploitations apicoles, la droite ligne du Plan Abeilles rĂ©gional.
-3,5 millions d’euros pour le programme « Fire rescue innovation network », pour coordonner l’action rĂ©gionale de lutte contre les incendies, lĂ  aussi dans notre stratĂ©gie Guerre du feu.

DĂ©tail thĂ©matique des 3,3 milliards d’euros obtenus
-Feder (fonds europĂ©en de dĂ©veloppement rĂ©gional) : 284M€
-FSE (Fonds Social EuropĂ©en): 147M€
-Poia (programme opĂ©rationnel interrĂ©gional Feder Massif des Alpes): 34M€
-Feader (Fonds europĂ©en agricole pour le dĂ©veloppement rural) : 540M€
-Programme MED (Nord MĂ©diterranĂ©e) : 224M€
-Alcotra (France-Italie terrestre): 33M€
-Espace alpin : 4,4M€
-Marittimo (France-Italie maritime) :18,6M€
-Horizon 2020: 275M€
-Fonds europĂ©ens d’investissement: 330M€
-MĂ©canisme pour l’interconnexion en Europe (transports) : 27M€
-Programme Life (environnement): 19M€
-Europe CrĂ©ative (culture): 29M€
-Erasmus+ (jeunesse) : 46M€
-EuropAid (coopĂ©ration): 19M€
-FSI Police (immigration) : 3M€
-Plan Juncker : 202M€
-PrĂȘts BEI (lycĂ©es, routes
) : 1,1 milliard d’euros
Total: 3,3 milliards d’euros

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