Publié le 9 octobre 2019 à 21h32 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 12h32
Renaud Muselier, président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, vient d’annoncer la reconstruction du Samu-Smur régional aux côtés de Philippe De Mester, directeur général de l’Agence Régionale de Santé (ARS), de Jean-Olivier Arnaud, directeur général de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) et de Dominique Rossi, Président de la Commission médicale d’établissement de l’AP-HM.
«Nous aurons, en 2024, un Samu entièrement neuf pour Marseille et sa région. Et cette annonce n’a rien d’anodin. D’abord, parce qu’elle suppose l’engagement de moyens extrêmement conséquents de la part de la puissance publique, mais aussi et surtout parce qu’elle s’inscrit dans un contexte très sensible», déclare Renaud Muselier, le président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Une annonce d’importance, insiste-t-il, «alors que, partout en France, se développent les craintes pour l’avenir de notre système de santé. Elle a une importance fondamentale car, dans tant de villes françaises, bon nombre de soignants poursuivent un mouvement de grève inédit, à commencer par ceux des urgences et des Samu. Oui, elle a une importance, fondamentale, dans une région comme la nôtre, fière de l’excellence de la qualité de ses soins, et en même temps marquée par les difficultés rencontrées pour y accéder». Il revient sur les missions, l’importance du Samu qui accueille le centre de réception et de régulation des appels, «il reçoit plus de 875 000 appels par an»; organise plus de 35 000 déploiements d’équipage de Smur par an; assure 2 330 déploiements d’hélicoptères par an. «C’est à partir de ce pôle essentiel que se jouent le sauvetage des victimes, le secours aux personnes, et donc la survie de nos proches. Chaque année, les sollicitations sont en augmentation. 2019 devrait marquer une année record en terme d’appels et d’interventions». Et de constater: «Chaque année, nous nous trouvons un peu plus proche de l’obsolescence pour les équipements actuels». Or, rappelle-t-il: «Gouverner, c’est aussi prévoir et anticiper. Nous allons donc reconstruire ce Samu sur une parcelle du site de la Timone. Nous allons le bâtir, le moderniser, et donner les moyens à ce cœur vibrant de notre politique de santé de préparer les défis de l’avenir». Une opération d’un coût de 9,5M€ qui devrait prendre «un peu moins de cinq ans», précise Renaud Muselier qui considère: «Ici, nous n’avons pas une minute à perdre. Chaque mois de chantier gagné sera un mois de gagné pour la vie et la sécurité de nos concitoyens. Son statut de Samu, compétent pour gérer une situation de catastrophe ou de désastre majeur s’applique à toute la zone de défense et de sécurité SUD (Occitanie, Corse et Provence-Alpes-Côte d’Azur). «Sa dimension n’est donc pas seulement marseillaise», insiste-t-il avant d’annoncer: «Voilà pourquoi la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur engagera 6 M€ pour mettre en place ce Samu du futur, soit près des deux tiers des moyens nécessaires, aux côtés de l’AP-HM et de l’État, afin de déclencher cette opération immédiatement».
«Le traitement des urgences est le miroir de notre système de santé»
Avec gravité Renaud Muselier estime que: «le traitement des urgences est le miroir de notre système de santé, nous devons y être très attentifs et redoutablement vigilants.
Les urgences se jouent à la porte de l’hôpital, dans les services d’urgence, mais aussi partout ailleurs. Là où le destin frappe aveuglément, là où la sécurité n’est pas assurée au bon moment, jusqu’au cœur de nos foyers, dans les appartements de nos aînés, dans les cours d’écoles ou sur nos lieux de travail. Partout, le Samu a pour mission de déployer les forces qui vont faire la différence en faveur de la vie. Ces mêmes forces bienveillantes qui font basculer une personne d’une mort promise à une vie prolongée. Leur rôle est fondamental pour toute société, dans toute civilisation. Et aucune erreur, aucune faille ne leur sont permises». Les mots sont forts lorsqu’il rappelle son expérience de médecin urgentiste et médecin du Samu. «Avec mes collègues dont certains sont présents aujourd’hui, nous avons à la fois vécu le pire et le meilleur des situations de la vie. L’angoisse, parfois la terreur et même la certitude de la mort, mais aussi la gratitude, le sourire qui illumine les visages que l’on vient de secourir. Nous avons eu la chance d’être formés par des maîtres absolument remarquables. Des spécialistes de leur discipline, de grands professionnels obsédés par le combat pour la vie. Leur excellence s’est poursuivie, je le vois aujourd’hui, jusqu’à leurs successeurs ici présents. Ces seigneurs refusaient la fatalité et l’échec comme on refuse l’injustice, mais ils nous apprenaient aussi à vivre avec, comme aux côtés d’un compagnon de route indésirable que l’on combattrait toujours». «Le métier de médecin du SAMU, poursuit-il, comme de tous ceux qui l’entourent, apprend à mener ce combat contre ce que l’on vous présente comme injuste mais inévitable. Cette lutte ne m’a jamais quitté, y compris dans ma vie politique. Voilà aussi le sens de mon engagement personnel dans ce dossier.» Un engagement qui s’inscrit dans une démarche plus globale en raison d’un territoire qui est confronté à des défis de grande ampleur. «Et si la santé publique est une compétence d’État, nous n’avons pas le droit d’y rester indifférents».
Santé: les 3 priorités régionales
Renaud Muselier rappelle ses trois priorités en matière de santé. La première concerne la réduction des déserts médicaux et garantir l’égalité. «Nous vivons dans une région où il y a plus de médecins qu’ailleurs en moyenne, mais où les inégalités territoriales sont criantes. Aux déserts médicaux, nous répondons avec de véritables oasis médicaux que nous implantons dans les territoires les plus touchés. Nos 62 Maisons régionales de Santé sont une réponse concrète et opérationnelle pour les habitants de ces territoires mal desservis. Elles sont ouvertes par des professionnels de santé, en lien avec les collectivités, et sont directement labellisées par la Région et l’ARS.». Il signale que l’engagement initial, avec Christian Estrosi, est d’arriver d’ici la fin du mandat à un total de 50 maisons de santé – «nous en avons labellisé 62. Nous engageons entre 2 et 4M€ par an en faveur de ces maisons régionales, pour un total de 14M€ fin 2019. Nous soutenons l’installation de médecins en milieu rural, nous avons soutenu l’installation de onze médecins généralistes en zone rurale depuis 2017, avec 300 000€ de soutien de la Région. Nous avons financé 40 bourses de stage d’internes en médecine générale des Facultés de médecine de Marseille et Nice. Des bourses de 2 400€ par interne qui leur permettent de se familiariser aux zones rurales et alpines où l’offre de soins est fragile». La deuxième priorité réside dans le Plan Cancer régional. «Dans notre région, le cancer est une maladie particulièrement prégnante. On parle de 223 000 personnes prises en charge pour un cancer actif ou sous surveillance. La première cause de mortalité prématurée sur le territoire régional. Et on compte plus de 3 000 chercheurs dans des laboratoires de dimension mondiale entre Nice et Marseille. Entre 1980 et 2012, le nombre de cancers a augmenté en région, pendant que la mortalité baissait. J’ai donc voulu, en 2018, lancer un plan ambitieux doté de 25M€ de crédits régionaux. Ce Plan Cancer régional est parfaitement coordonné avec le Plan Cancer national. Nous l’avons construit collectivement, dans une logique de complémentarité avec l’Agence régionale de santé et l’ensemble des acteurs».
Ce plan déploie cinq volets d’actions prioritaires : un engagement de la Région pour la recherche; favoriser le dépistage et la prévention, sauver des vies; accompagner les malades et leurs familles; aider, participer à la formation des soignants; les cancers de l’enfant, un combat contre l’injustice. La troisième priorité régionale concerne l’amélioration des conditions de soin et d’accueil, avec un Plan salles d’attente, qui est une véritable première en France. «J’ai considéré, à force d’écouter les habitants de notre région, que l’on ne pouvait plus accepter l’état de certaines salles d’attente dans les hôpitaux de notre région. Je le dis avec détermination, ces lieux où se joue si souvent l’attente terrible, à mi-chemin entre la vie et la mort d’un proche, ces lieux là ne peuvent pas être laissés à l’abandon».
Michel CAIRE