Alors qu’une enquête de l’UFC-Que Choisir montre que la Région Sud est redevenue en 2023 le mauvais élève en matière de retard des TER le président de la région, Renaud Muselier, revient sur les décisions prises depuis 2015 pour améliorer la situation et les nouvelles mesures prises pour remédier à cette situation. Il dresse, à cette occasion, un bilan sur la situation des transports dans la région.
« Je ne suis pas chef de gare, je ne suis pas PDG de la SNCF ou de Transdev, je suis le Président de la Région qui est autorité organisatrice. Notre objectif est de voir de plus en plus d’habitants de la Région et de plus en plus de touristes dans les cars et les trains que nous finançons parce que les transports collectifs sont la seule solution pour réduire, sur le long terme, notre empreinte carbone et améliorer la qualité de l’air». Dès les premiers mots Renaud Muselier, le président de Provence-Alpes-Côte d’Azur, donne le ton de son intervention. Il indique vouloir «des transports en commun modernes, à l’heure, pas chers, sécurisés et climatisés. » Et, dans le contexte de rigueur budgétaire actuel, précise-t-il: « Tout ce qui n’a pas été engagé ou voté va tomber à l’eau. « Marseille en grand » va connaître des coupes sombres. Je suis un peu rassuré par le fait d’avoir les JOP d’hiver car on ne demande pas grand-chose par rapport à Paris, car nous sommes engagés dans une démarche verte reconnue tant au niveau national qu’international, car il s’agit de désenclaver et d’effectuer des travaux sur une ligne abandonnée pendant des années.» Et de réagir avec force aux résultats de l’enquête de l’UFC-Que Choisir qui révèlent que les TER de la région Sud ont plus de retard que ceux des autres régions.
Renaud Muselier rappelle : « Nous avons le premier budget vert d’Europe. Nous ne dépensons plus un euro si celui n’a pas un effet positif sur le climat. Avec nos TER, 150 000 tonnes de CO2 sont économisées par an. Nous avons un budget annuel qui dépasse 1 milliard d’euros : – 700M€ pour faire tourner notre offre de trains et de bus. – 300M€ pour investir et notamment dans les voies ferrées. » Et si le prix du ticket unitaire peut augmenter, pour le reste « cette politique volontariste est sans répercussion sur le pouvoir d’achat des voyageurs. Malgré l’inflation, cette année nous ne touchons pas au prix de tous nos abonnements et de nos tarifs de proximité à 2,10 euros. Le PASS ZOU Etudes, pour les jeunes, est l’abonnement le moins cher de France : 7 euros par mois pour un accès illimité à tous les transports régionaux ». Puis de citer les Pass multimodaux sur les Métropoles Aix-Marseille Provence (73€/mois) et Nice-Côte d’Azur (27 à 88€ /mois) , de plus il a été mis en place « des réductions tarifaires de 50 à 90 % pour les personnes aux revenus les plus modestes. » Le président de région met aussi en exergue la baisse de 20 % des tarifs sur la ligne des Alpes.
« La fréquentation de notre réseau régional de transport atteint des niveaux historiques »
Le président de région note ensuite : « De 2022 à 2025, avec les pleins effets de l’ouverture à la concurrence des 2 lots Sud Azur et Transdev et les effets de la nouvelle convention TER, nous augmenterons l’offre de + 32 %. » Les résultats sont là, précise : « La fréquentation de notre réseau régional de transport atteint des niveaux historiques : + 10 % entre 2022 et 2023. + 11 % depuis le début de l’année. + 43 % depuis 2018.». Et de signaler : « Nous transportons 35 millions de voyageurs par an sur nos TER, 17 millions dans nos cars ZOU et 500 000 dans nos chemins de fer de Provence. Soit 1 million de voyageurs par semaine dans nos transports avec un objectif de 1,5 million d’ici 2030. Ces résultats nous engagent et pour attirer de nouveaux voyageurs et surtout les fidéliser, nous avons un combat prioritaire.»
Et d’en venir au sujet qui fâche, les TER de la région sont ceux qui, en 2023, ont été les plus en retard de France, seuls 84,7% étaient à l’heure contre 93,2 pour les premiers de la classe, les TER bretons. « Je n’ai pas attendu les résultats de l’enquête « UFC-Que Choisir » pour savoir que nous avons une difficulté avec la SNCF. En 2015, le taux de régularité des trains était de 80 %. Nous avons mis la pression sur la SNCF avec un nouveau contrat imposé à l’opérateur et un contentieux. En l’espace de 7 ans, nous avons gagné 10 points de régularité pour atteindre 90 % en 2022 après être monté à 92 % en 2021 », signale en premier lieu Renaud Muselier. Puis, en 2023, la qualité du service offert aux voyageurs s’est dégradée : « Nous avons perdu 2,5 points de régularité (87,5 %). On nous explique que c’est pour des causes externes, infrastructures, conflits sociaux (pour 2/3 des suppressions de trains), bagages oubliées, personnes sur la voie, heurts d’animaux… Peu importe. Les conséquences sont concrètes pour nos usagers : retards, annulations de train, surfréquentation». Alors, reprend Renaud Muselier : «Nous avons, une nouvelle fois, tapé du poing sur la table et la SNCF a lancé un plan d’actions Impact TER . Les résultats sont encourageants sur les 6 premiers mois de l’année 2024 puisque nous sommes passé à 91 % de régularité. Mais nous avons connu un été et un mois de septembre mauvais avec des chiffres de régularité, qui repassent sous la barre des 90 %. »
«Un déplafonnement à 8 M€ du montant maximal des pénalités »
Ces résultats ont conduit à convoquer à l’Hôtel de Région, le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou ainsi que les 2 directeurs territoriaux de TER et de SNCF Réseau « pour ramener l’opérateur ferroviaire à ses obligations et nous avons également appliqué des pénalités élevées : 3 M€ en 2023 + un abattement de 2,2 M€ sur la rémunération du contrat TER. 1 M€ en 2024.» Dans les nouveaux contrats, un déplafonnement à 8 M€ du montant maximal des pénalités sera mis en place. «Et je le ferai chaque fois que ce sera nécessaire pour obtenir le service que nous payons très cher (450 M€ par an) et que les voyageurs attendent. »
« Notre système ferroviaire doit être renouvelé »
Pour autant Renaud Muselier constate : « Notre système ferroviaire doit être renouvelé, pour améliorer durablement la qualité du service ferroviaire, il faut renverser la table et changer de modèle.» La première décision consiste «à ouvrir à la concurrence pour obtenir un meilleur service. Nous avons été les premiers en France à ouvrir nos TER à la concurrence en 2019. L’ouverture à la concurrence permet d’avoir plus de trains – +75% Sud Azur, + 100% Transdev Intermétropoles. 4 nouveaux sites de maintenance vont voir le jour : 2 à Nice pour 102 M€, 1 à Marseille-Blancarde et 1 en Avignon (mise en service en 2029 pour un coût total estimé de 114 M€). Des trains neufs et rénovés s’imposent aussi. Ainsi, en décembre 2024 aura lieu le démarrage de Sud Azur qui permettra de proposer 1 train par ¼ h entre Cannes, Nice et Menton de 05h45 à 22h00. Un nouveau site de maintenance de 62 M€ ouvrira.»
L’engagement du concessionnaire est de proposer une régularité de 98 %. « Cette nouvelle offre est très attendue par la Principauté de Monaco – Nous avons réglé le problème du plan de travaux et nous injectons des trains doubles (8 le soir – 5 le matin) pour mieux répondre aux problèmes de capacité. » signale Renaud Muselier qui poursuit : « En juin 2025 aura lieu le démarrage du lot Transdev : 1 train par heure entre Marseille, Toulon et Nice. C’est un doublement de l’offre actuelle avec la commande de 16 trains neufs et un nouveau site de maintenance (40 M€).» Et de prévenir : « Nous attendons que les opérateurs, qui se préparent depuis 2021 pour mettre en place ces nouveaux services, soient parfaitement au rendez-vous, avec la qualité promise et les matériels nécessaires. Les contrats signés doivent être honorés par Sud Azur, Transdev ou Alstom. Nous mettons des moyens importants pour les trains neufs (250M€), les trains rénovés (164M€) et la maintenance (102 M€ pour les 2 sites de Nice) et nous veillerons au respect des engagements pris. Si ce n’est pas le cas, les sanctions financières seront lourdes. »
« 54 M€ pour sauver le service ferroviaire de la Roya entre Nice-Breil et Tende »
La deuxième décision consiste à investir pour moderniser les infrastructures ferroviaires. « Dans notre budget 2024, nous investissons 250 M€ pour les infrastructures ferroviaires. Et, dans le Contrat de Plan État-Région 23-27, nous mettons avec l’État 450 M€ pour les infrastructures ferroviaires.» Sommes auxquelles il faut ajouter, dans l’urgence 54 M€ pour sauver le service ferroviaire de la Roya entre Nice-Breil et Tende « c’est-à-dire 70 % des travaux -avec des co-financements de l’État, SNCF Réseau, la Métropole de Nice-Côte d’Azur, la Communauté d’Agglomération de la Riviera Française et la communauté des Pays du Paillon-.»
Le président de Région insiste : « Nous avons toujours été présents pour soutenir la Roya et ses habitants et nous le faisons encore. » D’évoquer alors les 130 M€ pour moderniser les chemins de fer de Provence « qui sont à la fois, sur le haut de la ligne, un service d’aménagement du territoire qui va reprendre vie avec le lancement des travaux du tunnel de Moriez (5,5 M€ pris en charge par la Région) et un véritable service urbain à partir de Plan du Var avec un train toutes les 20 minutes en heures de pointe. »
Puis de mettre en exergue : « La régénération de la ligne de la Côte Bleue, avec 16 millions de l’état et 16 de la Région. 151 M€ pour le ligne des Alpes et l’Étoile de Veynes, dont 61 M€ de l’État et 61 M€ de la Région, 17 M€ pour le Pôle d’échanges multimodal d’Avignon donc 5 M€ de la Région avec des cofinancements de l’État, du Grand Avignon, de la Ville d’Avignon et de la SNCF . Un pôle d’échanges connecté au tramway d’Avignon que la Région a financé à hauteur de 12M€.» D’en venir à la LNPCA, (La Ligne Nouvelle Provence Côte d’Azur ) «La Région porte avec 10 collectivités 40 % du financement soit 1,4 Mds €. Sachant que la LNPCA est le chainon manquant d’un corridor ferroviaire à Haute Performance entre Barcelone et Gênes», précise Renaud Muselier.
4 projets de service Express Régional Métropolitain
Sont également portés 4 projets de service Express Régional Métropolitain (SERM) avec des offres type RER à Avignon, Aix-Marseille, Toulon et Nice. « Ils sont labellisés, le travail se poursuit pour obtenir le statut et les financements associés.» La Région Sud consent « un effort historique pour moderniser des infrastructures ferroviaires dont elle n’est pas propriétaire. C’est le prix à payer pour réduire nos émissions de CO2, permettre le report de la voiture vers les transports collectifs écologiques et trouver des solutions à la congestion de nos voies routières», insiste Renaud Muselier.
Les JOP 2030 pour aller plus loin
La modernisation des transports régionaux est déjà en marche et souligne Renaud Muselier : «Nous allons profiter de l’élan des Jeux d’Hiver pour aller plus vite et apporter de nouvelles réponses aux besoins des usagers.» Rappelle dans ce cadre le bilan de la région et il cite : «L’ harmonisation des tarifs régionaux. Nous sommes passés de 230 tarifs à une dizaine. Un train tous les ¼ d’heure entre Aix et Marseille en heure de pointe. La décarbonation de nos 200 autocars dans les Alpes Maritimes. La mise en place de la liaison Valréas-Vaison-Avignon. L’aménagement de voies réservées sur autoroute pour les autocars entre Aix et Marseille et à Toulon. Des abris vélo sécurisés dans 130 gares de la Région. 22 pôles d’échanges multimodaux livrés et financés depuis 2016. Aucune gare fermée et aucune ne fermera ».
Il signale également que les transports régionaux sont plus sûrs «avec une baisse cette année de 22 % des atteintes aux personnes». Par ailleurs 36 gares et 1 200 points d’arrêts sont rendus accessibles aux personnes à mobilité réduite en 2024. Enfin en 2029, à l’approche des JOP, Renaud Muselier annonce : « Nous ferons la ligne des Alpes de Marseille à Briançon en train en 3h30 au lieu de 5 heures et un train de nuit Paris-Briançon enfin performant et fiabilisé. Ces Jeux laisseront des bénéfices en héritage pour nos territoires. Et notamment des bénéfices en matière d’infrastructures de transports. »
Michel CAIRE
Expérimentation du co-voiturage
Jean-François Perilhou, président de la commission transports et ports, indique : « Après des études nous avons décidé de lancer une expérimentation de co-voiturage sur le trajet Toulon-Cuers. Ce projet est en procédure de marché d’attribution pour un lancement en fin d’année. Un million d’euros est mis à disposition de cette opération. Il s’agit d’adapter la ligne, de matérialiser des arrêts et de défrayer les chauffeurs et , aussi de communiquer sur ce dispositif. Nous nous donnons trois ans pour expérimenter ce dispositif.»