Publié le 25 novembre 2022 à 8h34 - Dernière mise à jour le 9 juin 2023 à 20h34
Ce premier forum interactif «Respect pour les Femmes», organisé ce jeudi 24 novembre par la Région Sud, a été l’occasion de donner toutes les armes nécessaires aux femmes pour les rendre plus fortes. Nombreuses ont été celles qui sont venues témoigner, notamment Amélie Oudea-Castera, ministre des Sport et des Jeux Olympiques et Paralympiques et Caroline Vigneaux, humoriste et actrice française, marraine de l’événement. Une événement qui s’inscrit dans l’engagement de la région Sud dans la lutte contre les violences faites aux femmes et a ainsi placé le sujet de l’égalité femmes-hommes au cœur des sujets régionaux.
Dans le cadre de son Plan d’actions de lutte contre ces violences, la Région Sud consacre près de 10 M€. La ministre Amélie Oudea-Castera indiquait sur con compte twitter: «En cette veille du 25 Novembre, au forum « Respect pour les femmes » j’ai porté la voix du gouvernement sur l’égalité femme-homme et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans le sport que nous devons éradiquer par des moyens renforcés et l’intransigeance de chacun».
Jennifer Salles-Barbosa, conseillère régionale, présidente de la Commission Lutte contre les inégalités, Solidarités, Défense des droits des femmes rappelle que Renaud Muselier a voulu faire de la lutte contre les violences faites aux femmes une grande cause régionale. «Ce forum ne fait pas que dénoncer, il cherche à dépister pour savoir comment riposter», explique-t-elle avant de préciser : «De grandes avancées ont été réalisées, je le constate en tant qu’avocate, mais beaucoup reste à faire».
une prise de conscience collective
Isabelle Rome, ministre déléguée auprès de la Première ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, dans un message, insiste sur le fait que «le combat contre les violences faites aux femmes ne se réduit pas à celui de quelques unes contre quelques uns» mais impose la mobilisation de tous «une prise de conscience collective». Et de rappeler des chiffres terribles: «Une femme sur dix est victime de violence, une femme meurt tous les 2,3 jours, victimes de son conjoint ou de son ex». Elle rappelle que le gouvernement agit. Ainsi, il est précisé que sur le volet de l’hébergement, d’ici la fin de l’année, 10 000 places d’hébergement seront opérationnelles sur le territoire, soit près de 1 000 places de plus que l’objectif initialement attendu. 1 000 places supplémentaires seront ouvertes en 2023, pour mieux doter certains territoires, notamment en zone rurales, villes moyennes en métropole comme outre-mer. « Ce sont 10 millions d’euros supplémentaires qui seront engagés et qui permettront d’atteindre 11 000 places d’hébergement.» Concernant le volet de la sécurité, il est annoncé qu’une présence policière dans la rue sera doublée, tout comme le nombre d’enquêteurs spécialisés. «D’ici 2025, le nombre d’intervenants sociaux en gendarmerie et dans les commissariats passera de 400 à 600. L’outrage sexiste sera délictualisé dans les cas les plus graves et l’amende verra son montant triplé».
Le Plan de Lutte contre les violences faites aux femmes de la Région Sud
Il importe de rappeler que, le 25 novembre 2021, à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, instaurée par l’ONU, la Région a rassemblé pour la première fois tous les acteurs de ce domaine autour des «Assises régionales » de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Cette journée a été une première à l’initiative de la Région avec l’ensemble des partenaires institutionnels, associatifs, porte-paroles régionaux et de toutes les personnes engagées pour la cause. «Ce 1er forum « Respect pour les Femmes », gratuit et ouvert pour tous, est une nouvelle occasion de donner les armes nécessaires aux femmes pour les rendre plus fortes.»
sécuriser et accompagner; sensibiliser et prévenir
Lors de l’Assemblée Plénière du 17 décembre 2021, la Région a voté le plan d’actions de lutte contre ces violences, et y consacrera près de 10M€, à travers 2 axes : sécuriser et accompagner; sensibiliser et prévenir. Le budget annuel pour ce Plan s’élève à 500 000 € sur le volet investissement et 500 000 € sur le volet fonctionnement. La première année expérimentale a permis de réaliser 28 projets portés par les associations depuis juin 2022. Des dispositifs concrets pour venir en aide aux femmes: concernant la sécurisation : 130 Téléphones Grave Danger ont été déployés en plus des 160 existants, dans le cadre du partenariat Justice-Région. De plus, 100 boutons connectés seront distribués aux femmes victimes de violences dans le Vaucluse.
plus de 8 000 victimes de violences ont bénéficié d’un accompagnement psychologique et juridique
Concernant l’accompagnement des femmes : plus de 8 000 victimes de violences ont bénéficié d’un accompagnement psychologique et juridique dans le cadre du partenariat de la Région avec les structures d’accompagnement de femmes victimes de violences dont les Centre nationaux d’Information des Droits des Femmes et des Familles (CIDFF), les plannings ainsi que les associations territoriales. La Région a augmenté de 8 % son financement pour les CIDFF et les Plannings, soit un coût total de 356 000 € en 2022.
Deux Maisons régionales des femmes ont été créées : la Maison Françoise Giroud, ouverte en septembre 2021, située à la Seyne-sur-Mer : 120 femmes ont été accueillies et accompagnées dans ce lieu unique. Elles ont reçu un soutien psychologique, juridique et ont été aidées pour obtenir un hébergement et un emploi. La Maison des femmes Marseille Provence, représentée par le Professeur Bretelle, ouverte en janvier 2022. Il s’agit d’un guichet unique d’écoute, de soin, d’accompagnement et d’orientation pour les femmes vulnérables et victimes de violences. La Région a participé à hauteur de 300 000 €.
Les Maison régionales en cours de création
Située à Manosque, la Maison Simone Veil sera ouverte à partir du mois de mars. Ce projet est porté par le CIDFF à Digne, en partenariat avec l’État et la Commune de Manosque. Sur Avignon, la Maison des femmes et des enfants, portée par le centre hospitalier, rassemblera l’ensemble des acteurs intervenant sur la prise en charge des violences conjugales et intrafamiliales. La Région est appelée à cofinancer le projet à hauteur d’environ 140 000 €. Ce projet sera présenté à la session de décembre 2022. Pour lutter contre ces violences, la Région Sud intervient dans tous les milieux : sportif, professionnel, éducatif, culturel. Jennifer Salles-Barbosa précise: «Par exemple, lors des festivals, nous offrons des capuchons verre afin que l’on ne puisse rien verser dans votre boisson. Et nous travaillons avec les associations pour développer des idées, des initiatives».
«La première violence peut toucher tout le monde»
Nathalie Rocailleux, Psychologue clinicienne et Julie Denoix, Stages Riposte 13, insistent sur le fait que les violences faites aux femmes concernent tous les milieux sociaux. Nathalie Rocailleux précise: «La première violence peut toucher tout le monde mais la prise de conscience va être plus ou moins rapide selon le mode d’éducation. Celles qui ont été formées dans un milieu patriarcal où elles connaissent une infériorisation de la femme vont rester». Julie Denoix ajoute: «Lorsque l’on pense violence faites aux femmes on pense à une agression dans la rue, par un inconnu mais c’est minoritaire. Dans la grande majorité des cas l’agression se déroule dans un lieu que l’on connaît et elle est le fait de quelqu’un que l’on connaît». Elle ajoute : «On parle d’agression au sens large c’est à dire en évoquant aussi les violences psychologiques, les manipulations, le chantage.» Face à cela l’association Riposte 13 propose des stages de deux jours. «Et les retours que nous avons sont très positifs, les femmes nous disent se sentir plus fortes, savent pouvoir se défendre et avoir le droit de le faire». Elle insiste également sur Le fait que la première riposte est verbale «car la violence commence souvent par le verbe et nous travaillons sur ce point pour éviter de devoir en arriver à l’auto-défense».
«Déjeunons à la cantine»
Raphaëlle Simeoni, directrice générale des services de la Région raconte son parcours brillant et les remarques sexistes qui l’ont accompagné, comme lorsqu’elle réussit polytechnique et qu’on juge bon de lui dire que c’est sans doute dû au fait qu’elle portait une jupe lors de l’oral. Sans oublier ce chef qui arrive avec des fleurs et lui propose un dîner ce à quoi elle rétorque: «Tout à fait, déjeunons à la cantine». Elle note à ce propos: «L’humour permet de désarmer bien des situations». Concernant la Région elle précise qu’«une action est conduite en matière d’égalité homme/femme dans les services. Et nous avons tout un ensemble de dispositifs pour y parvenir avec un point qui est fait chaque année en plénière sur l’évolution de la situation.» Elle indique encore: «Nous disposons aussi d’outils en matière de prévention des agressions avec un téléphone et un mail qui permettent de signaler anonymement une agression ce qui déclenche une enquête et des sanctions si nécessaire, un dispositif qui a déjà été activé».
Michel CAIRE