Région Sud. Signature de la feuille de route pour le développement industriel du golfe de Fos-Étang de Berre

La feuille de route pour le développement industriel du golfe de Fos-Etang de Berre vient d’être signée  par l’État, la Région et la Métropole Aix-Marseille-Provence. Une signature précédée par un débat sur l’économie décarbonée auquel participait un grand nombre d’acteurs industriels et en présence de Marc Ferracci, ministre chargé de l’Industrie et de l’Énergie et Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé des Solidarités et des Familles.

Destimed Yann BOUVIER
Renaud Muselier entouré de la ministre Catherine Vautrin, du ministre Marc Ferracci, du préfet de Région Georges François Leclerc et de Martine Vassal à l’issue de la signature de la feuille de route pour le développement industriel du golfe de Fos-Etang de Berre (Photo Yann Bouvier)

« Nous sommes dans une région qui a tout compris sur le lien entre industrie et décarbonation», lance Marc Ferracci, ministre chargé de l’Industrie et de l’Énergie avant de rappeler qu’il s’est rendu récemment sur le site de Fos et, ce jour sur le site d’Airbus Helicopters à Marignane «un pôle d’excellence qui nourrit des projets de décarbonation.» Avant de placer les enjeux d’industrialisation et de décarbonation sous le signe de « l’emploi, la souveraineté, la cohésion et la prospérité». Le ministre considère que la région est «à l’avant-garde de la reconquête industrielle» avant d’annoncer «un soutien à hauteur de 35M€  à Airbus Helicopters afin de favoriser la digitalisation». Marc Ferracci précise qu’il avance «main dans la main avec la Région pour favoriser la décarbonation ». Il insiste à ce propos sur l’importance de la feuille de route pour le développement industriel du golfe de Fos-Étang de Berre. Concernant la création d’une ligne Haute Tension vers Fos, il préconise de faire vivre le débat mais, ajoute-t-il: «Nous soutenons la création de cette  ligne.»

Dans le même temps, le ministre signale : «Nous nous battons aussi au niveau européen, avec succès, pour la simplification et le raccourcissement des projets d’investissements européens, notamment sur la décarbonation. La France souhaite également la création d’une Banque européenne de la décarbonation et de l’électrification pour aider les entreprises industrielles européennes à abandonner les énergies fossiles et à investir dans leur transition énergétique.» La somme de 100 milliards d’euros est avancé. Et, dévoile-t-il: «L’idée progresse au niveau européen de prendre en compte le nucléaire dans la décarbonation. » Il en vient aux menaces pesant sur la sidérurgie en évoquant ArcelorMittal : «Des investissements sont suspendus en attente de réponse de l’Europe qui doit prendre des mesures car trop d’acier, massivement subventionné, arrive de Chine. »

Renaud Muselier, le président de Provence-Alpes-Côte d’Azur, en vient à l’objet de la réunion. Et à destination des industriels de la Région, il souligne: « Nos entreprises sont le ciment de la réussite de notre région. C’est grâce à vous que notre territoire continue de se développer, d’innover et de rayonner bien au-delà de nos frontières. Nous avons la chance d’avoir des patrons de grandes industries à rayonnement international, mais aussi nos pépites du sud, qui viennent de notre région, et qui ont décidé d’y rester. Voici l’enjeu qui nous réunit ce soir. »

« L’industrie représente 20 % des émissions de gaz à effet de serre »

Le président de Région rappelle qu’en France, l’industrie représente 20 % des émissions de gaz à effet de serre.  «C’est 78 millions de tonnes par an. Mais l’industrie, c’est aussi 15 milliards d’euros en région, 11 % de la richesse régionale, 430 000 emplois, l’avenir de 430 000 familles, 10 % de l’emploi en région, la 3e zone industrielle du pays avec Fos-sur-Mer /Berre-l’Étang,  21 000 TPE et PME industrielles, 2 350 créations d’entreprises par an, des grands groupes internationaux en chimie, électronique, défense et qui exportent dans le monde entier. » Provence-Alpes Côte d’Azur est ainsi la 1ère région maritime française, 2e région française en cosmétique naturelle et parfumerie, 2e région française dans la microélectronique, 4e pôle français en aéronautique et spatial. Renaud Muselier affirme, une nouvelle fois, son ambition de conjuguer industrie et décarbonation, il précise: « La Région a voté le 1er budget vert d’Europe, avec plus de 30 milliards d’euros mobilisés : 10 milliards de crédits européens, 5 milliards de crédits de l’État. Et enfin la Région a voté en décembre 2024 la feuille de route pour le développement industriel du golfe de Fos-sur-Mer/Étang de Berre 2025-2030 que nous signons  avec Martine Vassal (présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence NDLR)  et le préfet e région Georges-François Leclerc»

« Une opportunité historique pour les habitants »

Cette feuille de route représente pour Renaud Muselier : « Une opportunité historique pour les habitants, en réduisant les émissions de polluants et améliorant le cadre de vie, pour la planète, en contribuant à la lutte contre le changement climatique, la zone représentant un quart des émissions industrielles de CO2 en France et 40 % des émissions régionales, et pour la France et l’Europe : en renforçant la souveraineté industrielle dans des secteurs comme l’acier, la chimie, les nouveaux carburants, les aéronefs et les énergies renouvelables. » Il met enfin en exergue : « En Région Sud, on a nos 8 Opérations d’intérêt régional (OIR). Un outil unique de pilotage de la politique industrielle régionale. Concrètement, on a identifié 8 filières-clés. Et on fait asseoir tous les partenaires publics et privés et écosystèmes autour de la table. Il s’agit de 8 filières d’excellence qui structurent notre politique économique  : Énergies de demain, Économie de la mer, Smart tech, Industries du futur, Naturalité, Thérapies innovantes, Silver Économie, Tourisme et industries culturelles et créatives. Nous avons accompagné 190 projets structurants ou collectifs, et 68 entreprises régionales qui ont levé plus de 130M€ pour se développer. »

« La mobilité c’est 30% des gaz à effet de serre en France »

Dans le cadre de l’Agora Demain le Sud sur le thème « Décarbonons notre économie régionale », il revient à Nicolas Thomas, de Free, de prendre la parole. Il signale: « Le numérique c’est 11% de la consommation d’énergie en France, 4% des gaz à effet de serre. Dans ce contexte nous avons un plan de décarbonation de 90% d’ici 2050 en luttant contre l’absence programmé, en favorisant l’économie circulaire, avec la fibre et la 5G, deux technologies éco-performantes, nous allons réduire la consommation d’énergie.Et 13% de notre énergie, en France, provient de fermes photovoltaïques. »

Clément Michel, Keolis, indique pour sa part : «La mobilité c’est 30% des gaz à effet de serre en France et c’est le seul secteur qui n’a pas connu une décrue sur 10 ans. » Mais, ajoute-t-il: « Nous sommes les premiers dans notre secteur à avoir une action de décarbonation certifiée et, dans la région Sud, nous avons 140 bus 100% décarbonés et nous transportons un million de voyageurs entre Nice et Sophia Antipolis. Autant de personnes qui ne prennent pas leur voiture. »

Vincent Etchebehere, Air France, annonce : « Nous avons un objectif de 30% d’ici 2030 de nos rejets de gaz à effet de serre. Pour y parvenir nous renouvelons notre flotte ce qui entraîne une réduction de 25% des gaz à effet de serre, nous travaillons sur des vols plus directs et le renforcement de l’intermodalité grâce à un travail avec la SNCF. Une autre piste de réduction réside dans l’utilisation de carburants non fossiles. Il y a là une filière à créer avec les industriels et les agriculteurs pour recycler les déchets. »

Jean-Michel Diaz, TotalEnergies enchaîne : «Nous avons un accord avec Air France pour développer sur notre bioraffinerie de la Mède, à 8 km de Marignane, le premier site de carburant non fossile pour l’aviation. Nous allons également produire de l’hydrogène et des biocarburants.»

Christophe Bourmaud, directeur du CEA Cadarache rappelle le succès obtenu en matière de fusion nucléaire en parvenant à maintenir un plasma pendant plus de 22 minutes le 12 février. « Cela montre que Iter a tout son sens», insiste-t-il avant d’ajouter: «Nous travaillons aussi sur de petits réacteurs pour décarboner l’énergie. » Frédéric Busin, Groupe EDF, souligne l’action entreprise en direction de l’éolien en mer. Plus largement, il indique : «Nous avons une électricité bas carbone, disponible et bon marché. En 2024 on utilise la même quantité d’énergie qu’en 2005. Nous sommes sobres, les équipements sont plus efficaces, seul bémol, la part de l’électricité n’a pas évoluée dans le mix énergétique. » Mathieu Dufresne, de BPI France n’ignore pas la mobilisation de certains mais  il tient à noter : « 68% des chefs d’entreprise considèrent que l’adaptation au changement climatique n’est pas une priorité et 60% de connaissent pas les outils d’accompagnement mis à leur disposition.»

Pascal Kuhn, directeur de l’usine Airbus Helicopters et président de l’UIMM insiste sur l’importance des OIR, du travail en réseau avant d’annoncer la création d’une académie de l’hélicoptère sous forme de coopérative. Antonio Marcegaglia, repreneur du site de Fos d’ArcelorMittal explique : «Nous avons décidé de venir ici car nous avions un projet important de production d’acier car nous sommes un des plus gros transformateur d’acier sans produire cet acier. Nous avons trouvé à Fos plusieurs atouts notamment sur le plan des compétences et nous avons été remarquablement accueilli par l’Etat et toute les collectivités ». Précise : « C’est un projet énorme de 600 à 800 millions d’euros d’investissement et nous allons décarboner en étant rentable. Nous allons réduire de 80% les émissions de CO2 par tonne d’acier. » P.E Martin de Carbon explique à son tour : « notre projet, au plan européen, est le seul à comprendre toutes les étapes clés du solaire ce qui permet de sortir de la logique actuelle où il n’existe qu’un seul fournisseur, la Chine ».

Christophe Castaner, président du Conseil de surveillance du port de Marseille Fos, annonce que ce dernier va devenir un port multi-énergies et un acteur de la décarbonation. « Pendant longtemps le mot souveraineté a été un gros mot, nous avons mesuré à quel point il s’agissait d’une erreur», indique-t-il et il invite par ailleurs « à dépoussiérer le code des marchés publics en prenant en compte la décarbonation.»

Michel CAIRE

Les objectifs de la feuille de route pour le développement industriel du golfe de Fos-Étang de Berre

La feuille de route pour le développement industriel du golfe de Fos-Étang de Berre a pour objectifs de forger une vision partagée de l’avenir du territoire en lien avec son destin industriel et ses espaces naturels.

  • D’organiser les conditions de la réussite de l’implantation des projets industriels nouveaux et de la transformation vers la décarbonation des sites industriels existants.
  • D’assurer la transition globale de la plateforme industrialo-aero-portuaire de Fos-Étang de Berre vers une industrie décarbonée conformément nationaux de stratégie bas carbone et européens  ainsi que ceux de la planification écologique État-Région.
  • De faire concourir la participation de la zone aux objectifs de réindustrialisation et aux impératifs de souveraineté productive fixés par les orientations, régionales, nationales et européennes.
  • D’assurer le respect des attentes des populations en termes de cadre de vie, d’aménagement du territoire et de préservation des équilibres environnementaux.

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