Comment va l’économie régional. Plutôt pas trop mal – même si des inquiétudes sont bien présentes- si l’on en croit les indicateurs présentés en commun, pour la 5e fois, par les structures de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, de la CCIR, France Travail, l’URSSAF, la Banque de France et la Chambre des Métiers et de l’Artisanat.
Les indicateurs les plus saillants en matière d’activité, d’emploi, de dynamique et de confiance des entrepreneurs régionaux mettent en lumière une région résiliente sur le plan économique. Des résultats qui ne conduisent pas le monde économique à s’endormir sur ses lauriers mais, au contraire, à mesurer les risques comme les opportunités et à s’impliquer encore plus en faveur de l’emploi comme le montre la signature d’une convention de partenariat au bénéfice du plein emploi pour tous, des compétences et du recrutement dans les entreprises. Une déclinaison régionale de la convention nationale avec plan d’actions adaptées aux territoires. Document signé par Philippe Renaudi, président CCIR, Claude Fournet, président ARDML, Pascal Blain, directeur régional France Travail, Bernard Ratto, président CHEOPS . En présence de Didier Mamis, secrétaire Général aux Affaires régionales Préfecture de région.
« Un artisan sur deux réduit ses marges pour garder son personnel »
Yannick Mazette, le président de la Chambre régionale des Métiers et de l’Artisanat ne cache pas les difficultés après avoir signalé que « 2 000 entreprises ont répondu à notre enquête. Elle révèle que 6 artisans sur 10 ont été impactés par l’inflation qui a augmenté le coût des matières premières. 5 sur 10 le sont par la hausse des carburants et 30% par celle des tarifs de l’énergie. C’est le bâtiment qui est le plus touché par l’inflation avec 41% des entreprises du secteur ». Il ajoute : « 1/3 des entreprises estime que leur activité va baisser par rapport à 2023. Un pourcentage en hausse de 6 points par rapport à 2023. Les difficultés connues ont un impact sur l’investissement qui recule de 5 points sans que l’emploi ne soit touché sachant qu’un artisan sur deux réduit ses marges pour garder son personnel. » Mais les nuages s’éloignent, il constate : « Les difficultés d’approvisionnement se réduisent et le prix de l’énergie baisse.» Pourtant, poursuit-il: «Le principal frein à la relance reste l’insuffisance de la demande»
« En 2024 nous connaissons une désinflation sans récession »
Denis Lauretou, directeur régional de la Banque de France se veut rassurant : « En 2024 nous connaissons une désinflation sans récession.» « L’inflation, poursuit-il, recule même de façon plus rapide que prévu, nous tablions sur 2,6%, nous serons à moins. Et, depuis quelques mois, les salaires augmentent plus que l’inflation.» Autre signe positif : « L’augmentation du PIB est là. Elle est molle mais elle existe et, en 2025 son augmentation devrait s’amplifier grâce à l’augmentation du pouvoir d’achat. » D’avancer un chiffre : « 317 milliards d’euros. C’est le volume cumulé du chiffre d’affaires sur 12 mois arrêté au 30 septembre 2024 mentionné par les entreprises régionales dans leurs déclarations de TVA en évolution de + 2,8% sur un an. » Et la région Sud tire plutôt son épingle du jeu puisque, «au niveau national, la croissance n’est que de 1,1%. » Il signale d’autre part : « Les crédits nouveaux à l’habitat dans notre région augmentent de 5% au deuxième trimestre 2024 par rapport au trimestre précédent. Cette tendance se rapproche du niveau national (+6%).» Et la baisse des taux d’intérêt moyen des nouveaux crédits à l’habitat se poursuit : «3,56% en septembre après 3,59% en août pour les opérations hors négociations. »
France Travail : « les chiffres n’ont jamais été aussi bons »
Pour Pascal Blain, directeur régional de France Travail : « Les chiffres n’ont jamais été aussi bons. Depuis 1982 il n’y a jamais eu un aussi faible taux de chômage ». Et de mettre en exergue: « La baisse de 1,1% du nombre de chômeurs sénior sur un an dans la région alors que, sur la même période, 3e trimestre 2023 à 3e trimestre 2024, le chiffre national augmente de 0,3%. »
Franck Barbe, directeur régional de l’Urssaf précise toutefois : « On compte 665 416 déclarations d’embauches des entreprises régionales au 3e trimestre 2024, soit une baisse de 1,4% sur un an. » Ce recul concerne tous les contrats mais particulièrement les CDI (-4,9%) et l’ensemble des secteurs d’activité mais particulièrement la construction (-7,4%). Mais il met en avant : «Avec 1 826 395 déclaration préalable à l’embauche du 1er janvier au 30 septembre 2024 l’évolution est en croissance de +0,8% par rapport à septembre 2023. Le recrutement reste donc stable, même si la construction et le commerce sont plus vulnérables. » Christian Mabboux, président du conseil d’administration de l’Urssaf, met en garde sur l’impact de la situation politique sur l’économie : « Nous sommes dans une situation où les chefs d’entreprise font preuve d’attentisme face à une loi de finance qui n’arrive pas.»
« Les chiffres sont plutôt bien orientés, les prévisions le sont moins »
Philippe Renaudi, le président de la CCIR considère: «Les chiffres sont plutôt bien orientés, les prévisions le sont moins. Les marges sont en baisse pour 35% des entreprises. 2/3 des entreprises attendent le projet de loi de finance, 25% ont prévu de réduire leurs investissements.» Il signale d’autre part : « 60% des 2 660 entrepreneurs régionaux du commerce, de l’industrie et des services restent confiants pour leur propre entreprise en septembre, soit un recul de 3 points en un trimestre. Et la confiance se dégrade envers l’économie locale (43%) et de 24,8% pour l’économie française et mondiale soit 6-% en un trimestre. »
C’est au tour de Didier Mamis de s’exprimer. Pour le secrétaire général aux affaires régionales à la préfecture de région : « La région ne s’en tire pas si mal dans un contexte où il y a eu le Covid, la crise internationale, l’inflation. On voit des nuages s’amonceler, un manque de visibilité. On a eu aussi des événements positifs avec l’arrivée de la flamme, les JO, une très bonne saison touristique. L’État est là pour essayer et anticiper et soutenir l’économie. Il a répondu à la crise Covid, à la relance, l’inflation énergétique, le soutien aux entreprises en difficulté. Concernant l’emploi, la situation est historiquement bonne mais il faut aller encore plus loin, car nous avons des secteurs en tension et des personnes éloignées de l’emploi. Et nous avons un enjeu majeur, : le soutien à l’innovation. Enfin, nous devons conjuguer deux enjeux : la réindustrialisation du territoire, avec le dossier de Fos notamment et cela en maîtrisant la dépense publique.»
Une fois les indicateurs présentés il est temps pour les structures de la région Sud d’être la première région à signer une convention de partenariat au bénéfice du plein emploi pour tous, des compétences et du recrutement dans les entreprises
Le 10 octobre 2023, afin de relever le défi du plein emploi sur l’ensemble du territoire national et en préfiguration de la mise en œuvre du projet de Loi sur le Plein Emploi, CCI France et Pôle emploi (devenu France Travail depuis le 1er janvier 2024) ont signé, en présence du Haut-commissaire à l’Emploi et à l’Engagement des Entreprises, un protocole de coopération. Les signataires s’engagent autour de trois objectifs stratégiques, avec des actions opérationnelles de rapprochement et de mobilisation de leurs réseaux respectifs au bénéfice de l’accompagnement des entreprises, plus particulièrement dans les secteurs en tension, et du développement de l’approche inclusive des recrutements.
Objectifs stratégiques communs
Au regard des actions initiées, depuis un an, dans le cadre du protocole de coopération « transitoire » d’octobre 2023 entre CCI France et Pôle emploi et s’inscrivant pleinement dans la transformation de la manière de faire et d’agir ensemble pour le plein emploi, la CCIR, France Travail , l’ARDML SUD et le réseau CHEOPS / Cap emploi décident de s’engager dans un partenariat renforcé et durable.
Des objectifs stratégiques communs ont été définis :
-Recrutement : faire connaître l’ensemble des services aux entreprises facilitant les recrutements, notamment des TPE & PME /PMI, grâce à des plans d’action locaux communs. A savoir : Accompagner plus efficacement les entreprises de chaque territoire dans leurs besoins de recrutements et agir plus particulièrement sur l’attractivité des métiers dans les secteurs en tension.
-Développer et promouvoir le recrutement inclusif, en élargissant le ciblage des candidats et en adaptant les process de recrutement. Il s’agit répondre aux difficultés de recrutements des secteurs en tension et favoriser l’insertion durable de certains publics cibles notamment des jeunes, des Allocataires du Revenu de Solidarité Active (ARSA) et des personnes en situation de handicap.
-Promouvoir auprès des demandeurs d’emploi les opportunités d’emploi des secteurs en tension dans chaque territoire ainsi que l’accès à l’apprentissage plus spécifiquement pour les jeunes et les personnes en situation de handicap pour lesquelles aucun plafond d’âge n’intervient s’agissant des entrées en apprentissage.
-Développer l’initiative entrepreneuriale et faciliter la reprise d’entreprise par et pour les personnes en recherche d’emploi, en reconversion ou en transition professionnelle.
Michel CAIRE