Publié le 14 décembre 2015 à 9h52 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h31
Ce dimanche 13 décembre c’est la Démocratie qui sort victorieuse du second tour du scrutin. Oh, cette victoire n’est en rien éclatante et, pour tout dire, la victorieuse a les joues bien pâles. Il est vrai qu’elle est menacée de rechute. Mais, n’est-ce-pas la nature de la démocratie de devoir sans cesse se remettre en chantier sous peine de dépérir ? Victoire donc pour la Démocratie mais, pour cette dernière, il n’est, ce 13 au soir question que de répit.
En Provence-Alpes-côte d’Azur, Christian Estrosi, LR, l’emporte et avoue que cette campagne l’a transformé; il a placé le second tour sous le thème de la résistance: «C’est un combat mais c’est aussi un état d’esprit. Devant tous, je prends l’engagement que je serai fidèle à cet état d’esprit. Qu’en tant que Président de la Région je ne le trahirai jamais». Espérons… ou plutôt, faisons en sorte qu’il en aille ainsi. Car, si au second tour la digue a résisté, elle sort fortement endommagée, au point de pouvoir penser que, en l’état des choses, elle ne supportera pas de nouveaux assauts. A ce point du propos, il convient de dire que le FN n’est pas le principal perdant de ce scrutin. Il aurait peut-être aimé l’emporter mais, sa progression lui sied amplement, lui permet de se présenter dans les meilleures conditions à la présidentielle, aux législatives qui suivront. Le principal perdant est Nicolas Sarkozy. Face à son « Ni-ni », face à son discours sur les extrêmes, sa banalisation du FN -au risque de faire perdre son propre camp- les Français lui ont massivement répondu non, sont allés faire barrage au FN. Sursaut admirable pourtant il ne peut être question d’en rester là. Aujourd’hui le champ du politique, de la droite, des droites, à la gauche, aux gauches, en passant par le centre est en ruine. Il appartient aux citoyens de redevenir acteurs du politique, de le revivifier, de prendre conscience que les idées du politique ne tombent pas du ciel mais naissent dans la société; aux partis ensuite de les travailler, de les transformer en action, en perspective. D’autant que nous avons la chance de vivre dans un pays où l’offre politique est, encore, riche. Pour en rester en Paca, Christian Estrosi a, dans cette campagne, renoué avec ses racines gaulliste; elles se sont vivifiées chez Renaud Muselier qui a réussi, par son élection mais aussi son positionnement, son retour sur la scène politique. Eric Ciotti est toujours là pour rappeler qu’il existe une autre droite. A gauche, Christophe Castaner a acquis une stature de leader régional dans la gauche socialiste, il devra la faire vivre. Lui aussi semble être sorti différent de cette campagne. A la gauche de la gauche on n’a pas fini de payer les divisions qui ont suivi le non au Traité de Lisbonne. Et, à droite comme à gauche, on n’a pas fini de payer le déni de démocratie qui s’en est suivi. La Région Coopérative a ouvert une voie, elle n’a pu pleinement se traduire dans les urnes du fait du contexte, tragique, dans lequel cette campagne s’est déroulée. Mais, si la volonté du rassemblement, du travail dans la durée, l’emporte, alors, existeront des lendemains qui chantent… dans tous les cas, dans des formes à inventer. Il importe que les citoyens se mobilisent, avant le sursaut final, avant qu’il ne soit trop tard; et, il est tellement vite trop tard, il advient si rapidement l’heure des regrets.
Michel CAIRE