Publié le 2 juin 2021 à 12h09 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 18h01
Le terme du calvaire sanitaire est proche mais il ne semble pas entrainer de sursaut électoral. Ni rebattre les cartes en Provence-Alpes-Côte d’Azur. 2015-2021 même combats !
Six ans après, la gauche devrait vivre les mêmes interrogations, les mêmes tourments, les mêmes affres qu’au soir du premier tour de 2015. Se maintenir au risque de faire élire le RN Thierry Mariani ou jouer le front républicain et se démettre au risque de disparaître des écrans radar de la région pendant six longues nouvelles années. Une décision mortifère.
Des sondages défavorables
En 2015, pressé par Paris et rapidement convaincu lui-même, Christophe Castaner avait retiré la liste socialiste sans contreparties si ce n’est la création d’un conseil des sages. Composé des anciens présidents, Il était censé porter les idées de la gauche dans l’hémicycle mais il a fait long feu. Aujourd’hui, de sondages en sondages (même s’ils peuvent se tromper !) la gauche, en partie unie, est en déshérence et ne pointe qu’à la troisième place très loin derrière le RN et les LR. Elle sera à nouveau, à ses dépens, l’arbitre du second tour.
Un front républicain victorieux
En 2015, la décision de Castaner de se retirer au second tour avait entraîné un report de l’ensemble des voix de gauche vers la liste LR et permis la victoire de Christian Estrosi, pourtant devancé de 14 points par la liste FN de Marion Maréchal au premier tour. Cette décision unilatérale, prise dans la précipitation, peu après l’annonce des résultats avait provoqué colère et amertume au niveau de la liste écologiste/Front de gauche peu associée à ce choix. « La gauche ne peut pas capituler sous peine de tuer la démocratie. Le front républicain c’est une pratique d’une autre époque», clamait l’écologiste Sophie Camard. «La gauche doit être présente dans l’hémicycle», enchaînait Jean-Marc Coppola du Front de gauche. Mais leurs volontés d’apporter leurs soutiens à la liste socialiste ont été balayées en quelques minutes quand le maire de Forcalquier a baissé pavillon. Exit la gauche au sein de l’hémicycle régional. Une traversée du désert après 18 années passées à gouverner la région. Forcément cela laisse des traces.
Dilemme identique à 2015
Même si elle s’en défend la gauche de 2021 sera confrontée au même dilemme que Christophe Castaner en 2015 : se faire hara-kiri ou se maintenir au risque de faire gagner la liste RN de Thierry Mariani.
Jean-Laurent Félizia, son leader, a beau nier la réalité des sondages (le dernier en date Elabe-BFMTV ne crédite la liste de gauche que de 12%), affirmer être la seule alternative et espérer un sursaut des abstentionnistes et des résignés pour faire mentir les sondages. Il y a fort à parier qu’il termine troisième. Il devra donc choisir. Rester, se démettre ou s’allier avec les LR. Dans tous les cas l’option est empoisonnée et elle sera scrutée par les états-majors en vue de la présidentielle. Une victoire du RN en Paca et la gauche sera accusée d’avoir joué avec le feu. Une alliance contre nature avec LR et tout pourrait exploser. Une capitulation et Jean-Laurent Félizia sera taxé de tuer la démocratie et la gauche ne saura plus à quoi ressemble l’hémicycle après 12 ans d’absence. Reste la pire des potions : un retrait et malgré tout une victoire du RN -les électeurs de gauche ayant trainé les pieds pour mettre un bulletin LR, l’abstention pourrait mener à cette issue-. Vous me direz tout cela est de la fiction. Peut-être. Mais la réalité politique sait bien souvent dépasser la fiction.
Joël BARCY