Les résultats du premier tour sont là, tragiques. Ils sont le fruit d’une émotion, d’une peur, née des attentats, une peur nourrie, cultivée. Et, en ce sens, le FN bénéficie pleinement de l’effet Daech, tout comme ce dernier entend bien bénéficier pleinement de victoires du parti Lepeniste, tous deux ont, en partage, une même haine de l’Autre. Mais l’explication serait un peu courte si elle en restait là. La gauche a échoué, échoue, lorsqu’elle est au pouvoir au niveau national. Et la non prise de paroles du Premier Ministre, au soir du premier tour, tonne comme un aveu d’échec. A la gauche du PS, ce n’est pas mieux. Même si, en Paca, quelque chose est née avec Région-Coopérative, rassemblement constitué autour du PCF et d’EELV. Le climat n’a pas permis une éclosion rapide de cette nouvelle pratique politique. Mais, si la persévérance est là, elle peut être garant de développement durable. Christophe Castaner, le candidat PS, a fait une campagne en tout point remarquable, ce qui lui a permis d’atteindre une notoriété dont il était loin de bénéficier lors de sa désignation. Une notoriété qui peut lui offrir un bel avenir pour peu qu’il s’inscrive dans la logique de la courageuse prise de position de Christophe Cambadélis, appelant à se désister là où cela s’impose pour faire barrage au FN. Et Christophe Castaner l’a fait, avec grandeur : «J’appelle à la résistance tout le peuple de Provence». Non seulement il se retire mais affirme qu’il va se mobiliser tout au long de le semaine, lance : «J’accepte ce sacrifice pour la gauche». Affirmant : «Je revendique en tant que socialiste d’être plus républicain que Les Républicains». Il a gagné une notoriété lors de la campagne, au soir du premier tour, il a conquis une stature. Et c’est d’autant plus courageux que Nicolas Sarkozy a décidé d’être aveugle sur les raisons qui l’ont conduit, après une campagne droitière, à la défaite. Il se veut sourd, en réduisant le vote FN a un rejet du système; occulte la dimension haineuse qu’il y a dans ce vote afin de pouvoir s’opposer «à toute fusion et tout retrait de liste». Il met ainsi à mal plusieurs régions, le pays et, ses « amis » politiques. Alors il convient d’entendre un Christophe Lagarde, UDI, qui affiche pour sa part une position claire en indiquant : «Nous voulons le changement, nous ne voulons pas le changement en pire, et le FN c’est le pire». Tandis que Renaud Muselier, qui, dans cette campagne, n’a cessé de se revendiquer du Gaullisme rappelle que, dans des heures sombres «gaullistes, socialistes et communistes étaient unis face au nazisme et au régime de Vichy».
Dimanche, il n’y a qu’un bulletin de vote pour la Région, celui de Christian Estrosi, pour son avenir, pour que l’Euroméditerranée ne plonge pas dans une logique de crise mais renforce ses coopérations. Car, qu’on le veuille ou pas, c’est là, la seule manière de répondre aux enjeux qui sont devant nous.
Michel CAIRE