Publié le 23 novembre 2015 à 23h20 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 20h45
Porte-parole de la liste d’union (PS – PRG – Parti Occitan – FDM – MRC – Génération écologie – UDE) conduite par Christophe Castaner (PS) pour les élections régionales, Ladislas Polski est membre du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC). Né à Nice, il est médecin généraliste à La Trinité, marié et père de deux enfants. Conseiller régional depuis 2010, il a été désigné par Michel Vauzelle en 2013 Président de l’Agence régionale d’équipement et d’aménagement (Area). Deuxième homme sur la liste des Alpes-Maritimes, il fait partie de ces jeunes représentant le renouveau de la gauche, auxquels Christophe Castaner affirme accorder toute son attention.
Destimed: Quelle analyse faites-vous de la situation de la gauche gouvernementale face aux prochaines élections régionales? L’état de choc, l’indispensable réserve du deuil, la menace terroriste, la gestion de la crise par le gouvernement… Quels seront les effets de ces facteurs sur les électeurs?
Ladislas Polski: Nous avons suspendu notre campagne pendant plusieurs jours, le deuil national l’exigeait. Face au drame que vit la France, j’ai l’impression que la réaction du Président de la République a été à la hauteur de ce qu’attend la Nation.
Confrontés à une telle épreuve, il importe que nous soyons forts et unis. A ce titre, comme beaucoup de Français, j’ai été très choqué par le comportement à l’Assemblée nationale de plusieurs députés (LR) dont Christian Estrosi, quelques jours à peine après les attentats du 13 novembre. Dans la situation actuelle de notre pays, toute tentative, quelle qu’en soit l’origine politique, de récupération politicienne vis à vis de ce drame est indigne. La Nation dans l’épreuve quelle traverse a besoin d’unité et de sang-froid, pas d’agitateurs.
Les métropoles vont être « en concurrence » avec les régions. On peut ainsi s’interroger: quelle marge de manœuvre aura la Région Paca que Christophe Castaner souhaite piloter avec, aux commandes de la Métropole niçoise Christian Estrosi et, Jean-Claude Gaudin, sénateur-maire de Marseille et Président de la Métropole Aix-Marseille-Provence ?
Rappelons d’abord que l’aménagement du territoire est une compétence du Conseil régional. La vision que nous en avons est celle d’un nécessaire équilibre entre les territoires, qui implique de valoriser leur complémentarité plutôt que de les mettre en concurrence. Et c’est bien l’objectif que nous nous sommes fixés. Les métropoles niçoise et marseillaise ont des atouts complémentaires mais, d’autres territoires de la région font aussi la richesse et l’attractivité de notre région. C’est cette diversité exceptionnelle qui fait de Provence-Alpes-Côte d’Azur est un territoire connu du monde entier. Un territoire dont tous les habitants, où qu’ils habitent, doivent se sentir respectés et soutenus par l’action publique. En tant qu’élu des Alpes-Maritimes, j’ai pu observer comment Christian Estrosi, Président de la Métropole de Nice-Côte d’Azur, a dépensé beaucoup de son énergie à concurrencer par ses projets niçois la technopole de Sophia-Antipolis. Et ce, disons-le, parce qu’elle n’est pas située dans la métropole niçoise! J’y vois là un mauvais signe, celui d’une compétition stérile, délétère, alors que d’autres impératifs s’imposent comme ceux visant à fédérer les énergies au service du développement économique et de l’emploi. Un bon président de Région doit se comporter en fédérateur. Et je crois suffisamment connaître Christophe Castaner pour dire qu’il ne sera pas l’homme de la rivalité contre-productive entre les territoires.
Pensez- vous que les électeurs peuvent comprendre la présence de deux listes concurrentes à gauche, alors qu’elles gèrent ensemble la Région depuis 17 ans?
Je le regrette effectivement. Mais je n’ai pas de doute sur notre capacité à nous rassembler sur des valeurs et des projets communs, comme nous l’avons fait en travaillant ensemble, et encore aujourd’hui, autour de Michel Vauzelle.
Vous êtes très proche de Jean-Pierre Chevènement. Lorsque celui-ci évoque les convergences qui l’unissent à Nicolas Dupont-Aignan comment l’interprétez-vous ?
Jean-Pierre Chevènement a souhaité prendre de la distance avec l’engagement partisan. Il continue par ailleurs de défendre la nécessité de faire bouger les lignes, en discutant aussi bien avec Dupont-Aignan qu’avec Mélenchon. La période que nous vivons amènera forcément à des recompositions politiques, même si mon parti, le Mouvement Républicain et Citoyen, a clairement réaffirmé sa propre ligne politique, celle de la gauche républicaine, à l’occasion de son dernier congrès. Dans la période troublée que nous vivons, des personnalités comme celle de Jean-Pierre Chevènement sont des repères utiles pour la République. Je suis fier qu’il m’ait fait savoir qu’il soutenait, à titre personnel, la liste de Christophe Castaner à laquelle je participe.
Vous présidez l’Agence Régionale d’équipement et d’aménagement (Area) de Paca depuis bientôt trois ans. Quel bilan en tirez-vous?
L’Area est une société publique locale, un outil opérationnel exceptionnel au service de la volonté politique. Construire et entretenir nos lycées régionaux dans lesquels ont été investis plus d’un milliard d’euro est le cœur de métier de cette société 100% publique dont la Région est le principal actionnaire. L’Area est aussi désormais l’opérateur énergétique régional, conformément à un engagement pris en 2010 et que nous avons tenu, afin notamment d’accompagner les collectivités dans la rénovation énergétique des bâtiments publics.
Pour Christophe Castaner, Christian Estrosi incarne la droite extrême, partagez-vous cette opinion?
Les propos de Christian Estrosi dont les médias se font régulièrement l’écho parlent d’eux-mêmes. Je dois vous dire que je n’imagine pas que l’on puisse considérer sérieusement Monsieur Estrosi comme un rempart contre le Front National: de ses premiers pas en politique avec Jacques Médecin à ses récentes déclarations tonitruantes, il a toujours incarné une droite qui flirte avec les positions de l’extrême-droite.
Les régions vont hériter, avec la loi NOTRe (Nouvelle Organisation territoriale de la République) de la compétence en matière d’économie. Quel est la première action a engager selon vous?
C’est effectivement la compétence la plus importante à mon sens. En période de crise économique et sociale, le développement économique pour l’emploi est le nerf de la guerre. Notre projet est très détaillé en la matière mais, j’en citerai une mesure importante en direction des très petites entreprises pour lesquelles il est très difficile d’embaucher. Celles qui souhaitent embaucher un premier salarié pourront bénéficier d’une aide directe de 4000 euro. L’emploi est au cœur de notre projet. »
Propos recueillis par Marie-Thérèse Berger