Publié le 17 juin 2021 à 13h37 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h28
Trois longues heures de débat sur LCI hier soir ont permis à sept candidats de donner leur vision de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur. C’est bien connu, au premier tour on choisit et au second on élimine. Les électeurs ont donc le choix dimanche prochain et ils ont pu se faire une idée plus précise de qui peut les représenter le mieux.
Une photo ou un objet pour se définir
Sur les sept candidats, trois ont choisi une référence à la famille. Renaud Muselier, LR opte pour le fanion de son grand-père, amiral de la France libre, symbole du gaullisme. Thierry Mariani, RN présente la plaque de son père artisan maçon « elle symbolise le travail, l’effort et l’intégration». Noël Chuisano, DLF une photo avec son père et son fils sur un tracteur pour évoquer «le travail et la persévérance». L’écologiste Jean-Laurent Félizia qui représente la gauche avec le « Rassemblement écologique et social » montre une vue du domaine du Rayol, sauvé du bétonnage, pour démontrer qu’ «écologie et économie peuvent faire bon ménage». Valérie Laupies, Zou s’affiche devant une croix de Camargue pour justifier « la souffrance de la Provence dont l’identité disparait». Isabelle Bonnet, LO rend hommage aux femmes de ménage victorieuses d’une longue lutte dans un hôtel Ibis. Enfin Jean-Marc Governatori, l’Écologie au centre, met en valeur « un proche touché par le handicap. La puissance publique pourrait faire mieux».
Vos valeurs
Puis, vient la question sur les valeurs qui définissent les candidats. Isabelle Bonnet évoque la défense de la classe ouvrière, Jean-Marc Governatori et Noël Chuisano parlent d’éthique. Renaud Muselier attaque Thierry Mariani, dit «refuser de partager les valeurs d’un candidat qui a des sympathies pour les Nazis». Pour l’ancien maire de Valréas ses valeurs c’est la France et c’est l’Europe d’hier, celle de de Gaulle et Adenauer, pas celle d’aujourd’hui.
Attaques sur le bilan
Fier de son bilan Renaud Muselier ne s’attendait sans doute pas à subir les attaques de ses adversaires notamment sur les transports où « le nombre de voyageurs a progressé de 14%». «Sous votre mandature on a perdu le quart de nos lignes. On est passé de 700 à 550 TER par jour», avance Jean-Laurent Félizia qui ajoute: « Il faut renforcer le ferroviaire. Près de 180 millions d’euros sont destinés aux contournements routiers. Il faut les mettre dans la mobilité douce. Votre ouverture à la concurrence va dégrader le service». Jean-marc Governatori enchaîne en réclamant «un soutien pour le covoiturage susceptible de réduire les deux millions de voitures qui circulent en Paca quotidiennement».
Sur l’économie Renaud Muselier défend son plan de soutien aux entreprises et la sauvegarde de l’emploi dans cette période tendue liée à la Covid mais il se fait reprendre par Isabelle Bonnet qui indique que ce soutien va encore une fois «aux grands groupes comme Airbus ou Arcelor Mittal, c’est une politique de services pour les plus riches» Thierry Mariani embraie et estime qu’il faut surtout que « le plan de relance soutienne les 500 000 petites entreprises» et place sa marotte « l’obtention des marchés publics régionaux doit se faire sur des critères sociaux et environnementaux pour faire travailler local». Coup d’épée dans l’eau « 80% des marchés publics sont déjà obtenus par des régionaux », rétorque le président sortant Renaud.
Bataille de chiffres entre Muselier et Mariani
C’est bien connu, on fait dire ce que l’on veut aux chiffres. Démonstration hier soir. Jean-Marc Governatori lance d’abord le débat sur l’endettement «Paca est l’une des régions les plus endettées. On pointe au 11e rang ». Renaud Muselier insiste sur «le poids de l’héritage socialiste et le classement au 4e rang pour l’effort consenti ces dernières années en matière». Réplique de Thierry Mariani: « C’est facile de parler de désendettement quand on vend les bijoux de famille. L’aéroport de Nice vous a rapporté 80 millions ». Et d’enchaîner sur un train de vie dispendieux de la région. «Vous feriez mieux de consacrer cet argent à l’investissement. Il est en chute libre ». «Je m’en suis expliqué devant la chambre régionale des comptes depuis son rapport. Il n’y a rien à dire sur mon cabinet que vous dites pléthorique ».
Sécurité, sécurité, sécurité
Restait pour la fin le thème central : la sécurité. Thème que les électeurs placent en tête dans les sondages. Même s’il n’apparaît pas vraiment dans les compétences directes de la région chacun y est allé de son couplet notamment en matière de transport. « Il y a des hordes de dealers dans les trains. Je connais des étudiants qui refusent de prendre le train pour cette raison. Il y a des zones de non-droit », attaque Valérie Laupies. «Le taux d’incivilités a bondi dans les gares de Marseille et de Nice. Plus 87% et 152%», enchaîne Noël Chuisano. «Je connais des personnes qui prennent le train la boule au ventre», surenchérit Thierry Mariani qui ajoute: «Je ferai passer le nombre d’agent de sécurité dans les trains de 105 à 500 si je suis élu. 70 par an. La délinquance a progressé de 72% entre 2018 et 2019 ». «C’est faux» s’insurge Renaud Muselier qui affirme: «Elle a chuté de 62% depuis que je suis là. Expliquez-moi pourquoi le nombre de voyageurs progresse si c’est si catastrophique ? ». «Dans vos chiffres vous intégrez l’année 2020 où avec la Covid peu de train ont circulé», conclut Mariani. Jean-Laurent Félizia ramène un peu d’apaisement et demande de soutenir les associations qui luttent contre la délinquance.
TSM ou «Tout sauf Mariani»
Pour conclure, la question subsidiaire : avec qui vous allierez-vous au second tour ? Beaucoup ont botté en touche même si globalement c’est du TSTM « Tout sauf Thierry Mariani ». Jean-Marc Governatori veut faire barrage au RN et soutiendra Renaud Muselier. Isabelle bonnet « ne fait pas de choix entre la peste et le choléra. Cela fait 35 ans qu’on agite le drapeau RN. Il faut s’attaquer au terreau qui fait gonfler l’extrême droite ». Pour Valérie Laupies, ancienne du FN, «Mariani n’incarne pas le bloc national ».
David Pujadas indique à Jean-Laurent Félizia qu’il a une certaine «pression sur ses épaules. Qu’il n’est pas favorable à un désistement comme en 2015». Le candidat de la gauche refuse de se positionner, évoque la dynamique actuelle… Thierry Mariani le coupe «Vous n’avez pas des échanges depuis un bon moment avec Renaud Muselier ?» On sent une gêne «Je ne suis pas personnellement en contact avec Renaud Muselier». «Ne jouons pas sur les mots, vos équipes ont des échanges…» Jean-Laurent Félizia ne nie pas. Alors Jean-Marc Governatori s’énerve : «Si vous nous faites le coup de 2015 aucun écologiste ne sera encore à la région. C’est une posture nocive pour la démocratie». Fin du débat. Il ne reste plus qu’à faire un choix et glisser un bulletin dans l’urne ce dimanche.
Joël BARCY