Rencontre avec la pianiste avignonnaise Laure-Favre-Kahn qui sort un album consacré à Chopin

Publié le 22 septembre 2014 à  22h35 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h11

Laure Favre-Kahn : « Chopin tient une place importante dans ma vie parce que c’est un compositeur avec qui je me sens libre». (Photo Caroline Doutre).
Laure Favre-Kahn : « Chopin tient une place importante dans ma vie parce que c’est un compositeur avec qui je me sens libre». (Photo Caroline Doutre).

Une sorte d’écran transparent qui sépare le public de la scène. Des images qui défilent pendant qu’elle joue du piano, et qui n’empêchent nullement qu’on voit distinctement ses doigts glisser sur le clavier….Laure Favre-Kahn a conçu autour de Chopin le spectacle le plus émouvant, le plus poétique et le plus intelligent qui se puisse concevoir. Construit autour de la correspondance du compositeur (on entend la voix de Charles Berling nous proposer des extraits de lettres où Chopin exprime ses joies et ses souffrances) ce beau moment artistique donné à Montfavet dans le cadre du Off du Festival d’Avignon permet à Laure Favre-Kahn d’interpréter des morceaux de Chopin avec élégance et une grande rigueur pianistique.
Plaisir prolongé avec ce nouvel album tout Chopin que la pianiste avignonnaise vient de sortir chez Transart. Au programme la Sonate n° 2, -la plus belle des 3, selon votre serviteur, si la dernière a les faveurs générales des pianistes qui boudent souvent la 1ère- , 4 mazurkas, et 4 impromptus enregistrés en concert au grand théâtre de Reims en juillet 2010. Laure Favre-Kahn, étincelante, qui pense toujours la musique avec la voix, estime que lorsque l’on la chante on trouve le bon rubato. Cela s’entend ici puisque la pianiste proche de l’esthétique de Lipatti, Samson François, et Bruno Rigutto développe une approche des œuvres ronde et lyrique, surtout pas verticale, une approche très posée où, l’on prend le temps de savourer le son. Chez Chopin, Laure Favre-Kahn est comme en son jardin. Une osmose complète qu’elle explique avec sincérité : «Ce compositeur a une grande place dans ma vie parce qu’avec lui je me sens libre. Et, de le jouer avec ce spectacle créé en Avignon m’a permis de mieux le connaître.»

« Le vent soufflant sur les tombes »

Et quand on lui demande pourquoi la sonate n° 2, Laure Favre-Kahn de répondre : «On a tous envie de jouer cette sonate à cause « La marche funèbre », qui se trouve au centre et qui demeure selon moi l’une de ses plus belles œuvres. C’est de plus très difficile à interpréter surtout dans le fait de réussir à rendre vivante la continuité des quatre mouvements amples avec ce final très court que le pianiste Alfred Cortot définissait comme « le vent soufflant sur les tombes »».
Pari réussi tout comme l’enchaînement des quatre Mazurkas, de petits bijoux que Laure Favre-Kahn structure en veillant à l’équilibre général du disque. Un bel album où, par le biais du choix des œuvres où quatre Impromptus servent d’épilogue, la pianiste montre qu’elle est aussi une grande raconteuse d’histoires. L’Avignonnaise songe pour son prochain projet, autour de la musique française, de mêler là encore les notes aux textes littéraires. On attend cela avec impatience.
Jean-Rémi BARLAND

Laure Favre-Kahn : CD Chopin : Sonate N° 2, 4 mazurkas & 4 impromptus » (CD Transart)

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