Rencontres d’Averroès : Le citoyen et le droit de cité

Publié le 21 novembre 2012 à  3h00 - Dernière mise à  jour le 26 août 2023 à  18h46

«Les Rencontres d’Averroès visent à apporter de la clarté et de la complexité à des visions trop souvent embrouillées et simplifiées », avancent les organisateurs de cette manifestation qui ne cesse de se développer. Comment pourrait-il en aller autrement ? Elles constituent un rendez-vous indispensable pour tenter de penser ensemble la Méditerranée des deux rives. Pour cette 19e édition, elles sont plus que jamais dans la pertinence en s’interrogeant sur « La Cité en danger ? Dictature, transparence et démocratie », notamment lors des tables rondes qui se dérouleront les 23 et 24 novembre à l’auditorium du Parc Chanot à Marseille.visuelaverroesweb1-hd300.jpg

Bernard Jacquier, le président d’Espaceculture-Marseille, (producteur et organisateur des Rencontres créées et initiées par Thierry Fabre) à quelques jours des tables rondes et alors que la 19e édition des Rencontres est bien engagée, ne manque pas de remercier tous ceux qui œuvrent pour faire de cette manifestation « une ode au partage de la connaissance » et qui aident à relever « le défi d’une Méditerranée partagée, dans ses valeurs communes, dans le respect de ses différences, en bref dans sa réalité complexe, conflictuelle et passionnée ». Une intervention lors de laquelle il tient à mettre en avant deux valeurs qui marquent l’histoire de cette manifestation en nulle autre pareille : en premier lieu la fidélité des partenaires, du public avec, comme enjeu «ne jamais décevoir » et, deuxièmement, le cheminement. «En réalité ils sont divers et variés, cependant ils ont un objectif, une destination si l’on préfère , donner un éclairage singulier, sensible au thème de cette année : la cité en danger ? Dictature, transparence et démocratie d’une rive à l’autre de la Méditerranée ».

Présentant les tables rondes, et, plus largement, la thématique de cette année,Thierry Fabre cite l’historien Marc Bloch : « La ville, c’est l’endroit qui rend libre », et d’avancer : « c’est en effet autour de la Cité que se fonde le politique, de la cité antique à la cité la plus contemporaine, en passant par toutes ses métamorphoses à travers l’histoire ».
Puis de citer le philosophe Claude Lefort selon lequel : « Quand le pouvoir ne dépend pas du peuple, nous sommes dans la tyrannie ». Et Thierry Fabre de considérer : « A cette aune, il semble que bien des tyrannies, notamment économiques et financières soient en train de s’imposer, au dépens des démocraties ».
Puis, il poursuit : « Les révolutions arabes, en Tunisie et en Égypte en particulier, ont pourtant apporté un moment d’espoir, véritable printemps des peuples qui bouscule les pouvoirs en place et renverse l’ordre établi. Où en est-on véritablement aujourd’hui ? La montée en puissance de forces obscurantistes, à travers les résultats des récentes élections, ne risque-t-elle pas de mettre en péril les fragiles processus en cours ? Le peuple peut-il légitimer une nouvelle forme de tyrannie ? ».

Alors Thierry Fabre, dans ce contexte, ne fait pas l’économie de poser une question qui peut titiller certains qui en viendraient à se souvenir avec nostalgie du temps des anciens régimes. Mais c’est pour mieux rebondir : « L’immobilisme, qui célèbre le statu-quo et conforte la dictature n’est-il pas un risque plus destructeur encore pour l’esprit de la cité ? ».

Tout le monde se souvient de l’importance d’Internet ou encore des tweets, dans les printemps arabes, ces Rencontres s’interrogeront sur la révolution numérique, s’agit-il « d’un désir de transparence et d’une capacité d’être et de faire ensemble ou d’un contrôle toujours plus accru des libertés individuelles ».

La troisième table ronde portera sur « Entre tyrannie des marchés et défiance des élections, la démocratie peut-elle se réinventer ? ». Le concepteur des Rencontres n’omet pas de signaler : « L’emprise des marchés financiers, des agences de notation et des grandes firmes internationales, dont la sphère d’influence est aujourd’hui mondialisée, s’exerce de plus en plus sur les sociétés politiques ». Face à cela une question sera posée : « La démocratie est-elle devenue une forme politique vaine ou peut-elle se réinventer, d’une rive à l’autre de la Méditerranée ? ». Printemps arabe et mouvement des indignés nourriront la réflexion. Une thématique qui, une nouvelle fois, prouve à quel point ces Rencontres sont d’utilité publique.

Luc CONDAMINE

Auditorium du Parc Chanot

Tables rondes : Le vendredi 23 novembre de 15 heures à 17 heures : « Entre dictature et démocratie. Fin de l’histoire ou d’une histoire ? », animée par Emmanuel Laurentin, France-Culture. Intervenants : Ahmet Insel, Pilar Martinez-Vasseur, Angelo D’Orsi.
Le samedi 24 novembre de 10 heures à midi : « Entre renaissance citoyenne et transparence politique. Révolution numérique ou contrôle des libertés ? », animée par Florian Delorme, France Culture. Intervenants : Milad Doueihi, Fabrice Epelboin, Andrea Mubi Brighenti, Amira Yahyaoui.
Le samedi 24 novembre de 15 heures à 17 heures : « Entre tyrannie des marchés et défiance des élections. La démocratie peut-elle se réinventer ? », animée par Thierry Fabre. Intervenants : Fabienne Brugère, Panagiotis Grigoriou, Ziad Majed, Raimundo Viejo Vinas.

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