Gabriel Attal, nouveau ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, vient de tenir une conférence de presse dans le cadre de la rentrée scolaire 2023 en présence de Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels et Prisca Thevenot, secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et du Service national universel.
Gabriel Attal, au cours de cette conférence de presse, reconnaît que l’école est en difficulté; insiste sur son importance en soulignant qu’elle doit « réunir familles et République au sein d’une espérance commune« . Il avoue qu’il reste beaucoup à faire « pour venir à bout des maux de l’école« . Et de livrer également un constat, celui des couches moyennes qui ne se retrouvent plus dans l’Éducation Nationale. « Ils ont parfois le sentiment d’être contraints de payer deux fois, une fois pour financer l’école et une autre fois par les sacrifices financiers, parfois importants, auxquels ils consentent pour payer l’école privée à leurs enfants « . Alors, s’il met en exergue que l’Éducation Nationale représente le premier budget de l’État il dénonce une situation héritée » d’années de sous-investissement, une situation contre laquelle nous luttons depuis 6 ans » Et il assure « J’ai à cœur de préparer l’avenir de l’école mais aussi de la réparer« .
Élever le niveau
Dans ce cadre Gabriel Attal affiche trois priorités pour cette rentrée et cette année scolaire : Élever le niveau « car nous sommes toujours en dessous des moyennes européennes« . Cette élévation passe, pour le Ministre, par « un effort massif » sur les savoirs fondamentaux avec, notamment, le Plan maternelle, l’amplification de l’accueil des enfants de deux ans, la poursuite du dédoublement des classes de grande section en éducation prioritaire, la nouvelle 6e qui comprendra 1 heures de soutien ou d’approfondissement par semaine en français et mathématiques pour tous les élèves, et la généralisation de « Devoirs faits » en 6e également. Et cela passe enfin par l’instauration de 1h30 de mathématiques par semaine pour tous les élèves de 1ère. Il précise notamment que « le déploiement des plans mathématiques et français ont donné des résultats à Mayotte« . « Notre boussole, poursuit-il, doit être de faire de l’école un lieu qui émancipe et qui élève pour retisser et resserrer le lien entre l’école et les Français. Ma vision de l’école c’est l’école qui sait déceler le talent de chacun, qui sait prouver à chaque élève qu’il a lui aussi quelque chose en plus, qu’il a une voie qui l’attend « .
En ce qui concerne les classes de CM1 et de CM2, il avance: « Elles doivent permettre de se projeter avec confiance vers le collège « . La priorité, pour le Ministre, sera la maîtrise du français et une pratique renforcée de l’écriture. « Nous allons renforcer l’apprentissage des savoirs fondamentaux « , prévient-il. Et pour le lycée, après avoir annoncé le retour de l’enseignement pour tous des mathématiques en 1ère. il rappelle: « Le lycée n’est pas la fin de l’acquisition des savoirs fondamentaux. C’est le début de quelque chose pour chaque élève, la préparation à l’orientation, à la vie d’adulte, à l’indépendance d’esprit et à l’autonomie intellectuelle « .
Gabriel Attal en vient au Bac, il admet que « l’organisation des épreuves de spécialités en mars a entraîné une désorganisation des établissements. (…). Nous avons décidé de rétablir en juin les épreuves de spécialité du Bac général et technologique dès la session de 2024 « . Il évoque également le pacte enseignant: « C’est une rémunération supplémentaire et une reconnaissance de la mobilisation générale des professeurs « .
Construire une École des droits et des devoirs
Gabriel Attal en vient à sa deuxième priorité: construire une École des droits et des devoirs. « L’École, c’est un ensemble de droits, comme la gratuité de l’enseignement public, qui est la base de notre système scolaire. Mais ce sont aussi des devoirs, comme le devoir de reconnaissance que nous avons envers des enseignants et que j’ai en tant que ministre de l’Éducation vis à vis de tous ceux qui font vivre l’école. Nous avons un devoir de reconnaissance et cela passe en grande partie par la rémunération. » Il prévoit donc que « tous les professeurs de ce pays toucheront entre 125 et 250 euros net de plus par mois dès cette rentrée par rapport à la précédente de manière inconditionnelle« . il insiste ensuite sur le devoir de respect de l’autorité des professeurs et des savoirs. « La relation entre un professeur et son élève n’est pas d’égal à égal car il y a celui qui sait et celui qui apprend ». Il ajoute : « L’autorité de l’école doit être respectée aussi par les parents« . Il met alors en avant la laïcité : « Il importe de faire respecter la laïcité qui est un devoir pour tous et un droit pour chacun. L’école doit plus encore que n’importe quelle autre institution être protégée du prosélytisme religieux, du communautarisme ou du refus des règles communes les plus importantes. C’est pour cela que nous formerons aux enjeux de la laïcité 300 000 personnels par an jusqu’en 2025« .
Bâtir une École qui émancipe et qui donne confiance
Et le ministre aborde la troisième priorité: bâtir une École qui émancipe et qui donne confiance. Pour lui l’école doit favoriser « l’esprit critique, une ouverture intellectuelle à tous les savoirs et au monde. Pour cela nous avons deux pierres angulaires: l’éducation artistique et culturelle et l’enseignement moral et civique. Je veux bâtir un véritable service public de la culture à l’école. Le rapprochement entre les jeunes et nos valeurs, nos institutions et l’une des assurances-vie de la République« . Il considère aussi que l’on ne peut enseigner et apprendre sans être heureux, dans ce cadre le ministre de l’Éducation nationale annonce que la lutte contre le harcèlement sera la grande cause de l’année scolaire 2023-2024.
Gabriel Attal a incontestablement réussi son oral de rentrée s’inscrivant dans la logique des hussards noirs de la République. Reste à savoir s’il réussira le plus important: les travaux pratiques.
Michel CAIRE