Publié le 3 août 2014 à 10h40 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h06
Le compte à rebours a commencé pour les auteurs dont le livre sortira aux alentours du 20 août, période à laquelle se dessineront les titres « phare » de la prochaine rentrée littéraire parmi les 607 romans attendus en librairie (de mi-août et à fin octobre).
Une production à peine plus importante que l’année dernière (555 romans) mais très en deçà des précédentes rentrées, la période 2005-2012 ayant battu des records de parutions avec 676 nouveaux titres en moyenne chaque automne.
Après un premier semestre 2014 terriblement fragilisé par la situation économique (baisse de 7% pour la fiction par rapport au premier semestre 2013), les maisons d’édition jouent la prudence, leurs comités de sélection ont retenu moins de primo-romans (75 contre 86 en 2013) au bénéfice d’écrivains confirmés « Poids lourds» de la littérature française ou étrangère.
Pour autant la course aux prix n’est pas gagnée d’avance, la présence d’un nombre aussi important de «valeurs sûres» ne faisant que compliquer la donne. Il sera difficile à un jury de décerner encore un prix – car on les a multipliés ces 20 dernières années dans l’ombre du Goncourt et du Renaudot – à des auteurs déjà plusieurs fois primés… In fine de jeunes auteurs déjà remarqués et dont on peut attendre de belles surprises pourraient tirer leur épingle du jeu de cette abondance de talents déjà reconnus.
Nous y reviendrons.
Le réalisme plus fort que la fiction
Trois grandes tendances se dégagent de cette prochaine rentrée : le réalisme, l’actualité brute, les conflits qui agitent le monde sont source d’inspiration pour de nombreux auteurs. Une littérature qui devient plus sociétale chez les primo-romanciers dont les fictions se nourrissent des grands mouvements du « vivre ensemble », du « vivre autrement ». Quant au militant écologique, aussi indomptable que charismatique, il s’impose comme personnage à part entière, figure salvatrice de l’aventurier du 3e millénaire, Don Quichotte de la mer «massif et puissant comme un Grizzly» pour Alice Ferney qui signe « Le règne du vivant » (Actes Sud).
Autre tendance confirmée, la «Pipolisation» de l’Histoire de ces 80 dernières années, ceux qui en ont été les héros ou les acteurs dans tous les domaines : politique, littérature, cinéma (« Le manteau de Greta Garbo » de Nelly Kapriélan chez Grasset) mais aussi idoles et rock-stars (« Bye Bye Elvis« , éd. Actes Sud) sport et boxe avec « Constellation« , retour sur la disparition de Marcel Cerdan et des passagers de cet avion en octobre 1949, premier roman pour Adrien Bosc (Stock).
Poids lourds et Locomotives
Emmanuel Carrère d’abord dont le livre « Le Royaume » (visite guidée du Nouveau Testament en 604 pages ) est très attendu (P.O.L); David Foenkinos pour « Charlotte » (Gallimard), Charlotte Salomon jeune peintre allemande morte à Auschwitz en 1943; « Oona & Salinger » de Frédéric Beigbeder qui évoque les amours de J.D.Salinger, l’auteur de L’attrape-cœur et Oana O’Neill, fille du Nobel de Littérature Eugène O’Neill et future épouse de Chaplin (Grasset); le dernier Eric Reinhardt « L’amour et les forêts » (Gallimard);
l’incontournable «Femme au chapeau», Amélie Nothomb et son premier tirage à 200 000 exemplaires pour « Pétronille« , garçon manqué fan de roulette russe (Albin Michel); Olivier Adam pour « Peine Perdue » (Flammarion);
Antoine Volodine qui signe son grand come-back romanesque avec « Terminus radieux« , récit de survie dans un univers de fin du monde en plein chaos existentiel (Seuil);
Joy Sorman qui livre deux ans après l’excellent « Comme une bête » un nouveau roman tout aussi fantasmagorique « La peau de l’Ours » (Gallimard);
Patrick Deville avec « Viva » sur les pas de Trotsky et Malcolm Lowry au Mexique dans les années 1930 où l’on croise Frida Kalho, Diego Rivera, Tina Modotti, l’énigmatique B.Traven mais aussi André Breton et Antonin Artaud (Seuil). Un Patrick Deville bien placé dans cette course aux Prix littéraires.
Aux éditions de Minuit dont il est l’un des auteurs phare Laurent Mauvignier signe « Autour du Monde« , série d’histoires circulant sur plusieurs continents avec pour fil rouge le tsunami au Japon en 2011. A découvrir enfin « Ne pars pas avant moi » de l’Académicien Jean-Marie Rouart , un livre plein de grâce fait de rencontres, de confidences autobiographiques, de portraits attachants. On y croise Jacques Vergès, Maurice Rheims, François Nourissier, le très médiatique F.O.G. et Jean d’Ormesson.
Gros tirages « recommandés » pour les écrivains étrangers
La littérature étrangère n’échappe pas aux lois du marché de cette rentrée 2014. Priorité est donnée aux habitués des gros tirages, aux valeurs sûres comme Thomas Pynchon, Alice Munro, prix Nobel de littérature l’an dernier, Haruki Murakami, Antonio Tabucchi et Siri Hustvedt . Ils auront pour mission de conforter une arrivée de quelque 203 ouvrages d’auteurs non-francophones mais ayant déjà une jolie notoriété dans leur pays d’origine. C’est le cas de Tim Gautreaux qui vit en Louisiane et dont le dernier ouvrage « Nos disparus » explore la force des liens du sang (Seuil) ou de l’écrivain Philippe Meyer remarquable conteur dont on retient « Le fils » vaste fresque de l’Amérique de 1850 à nos jours (Albin Michel).