Publié le 16 décembre 2021 à 10h41 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h28
Un nombre record de 488 professionnels des médias sont emprisonnés dans le monde, déplore Reporters sans frontières (RSF) dans son bilan annuel publié ce jeudi 16 décembre. «Jamais depuis la création du bilan annuel de RSF en 1995 le nombre de journalistes emprisonnés n’avait été aussi élevé», constate l’ONG de défense de la liberté de la presse dans un communiqué qui ajoute cependant que «le nombre de journalistes tués, 46, est pour sa part au plus bas depuis 20 ans».
Cette hausse exceptionnelle du nombre de journalistes emprisonnés, de l’ordre de 20% en un an, «est principalement le fait de trois pays». La Birmanie, où la junte a repris le pouvoir par la force le 1er février 2021 ; le Bélarus, qui a sombré dans la répression après la réélection contestée d’Alexandre Loukachenko en août 2020 ; et la Chine de Xi Jinping, qui accroît sa mainmise sur la région administrative spéciale de Hong Kong, autrefois considérée comme un modèle de la liberté de la presse pour la région mais la loi de sécurité nationale imposée en 2020 a provoqué une augmentation en flèche des détentions de journalistes dans ce territoire, dénonce Reporters sans frontières.
«Jamais non plus RSF n’avait recensé autant de femmes journalistes détenues», au total 60, soit un tiers de plus qu’en 2020, note l’ONG. Si les hommes représentent toujours l’essentiel des journalistes emprisonnés dans le monde (87,7%), la Biélorussie est le pays qui a mis sous les verrous plus de femmes journalistes (17) que de confrères masculins (15).
46 morts dont 65% d’assassinats
En revanche, le nombre de journalistes et professionnels des médias tués, avec 46 morts, a atteint son niveau le plus bas en 20 ans, constate RSF. «Cette tendance à la baisse, qui s’est accentuée depuis 2016, s’explique notamment par l’évolution des conflits régionaux (Syrie, Irak et Yémen) et la stabilisation des fronts après les années 2012 et 2016, particulièrement meurtrières», explique l’ONG dans son communiqué.
La majorité de ces morts sont des assassinats : «65% des tués sont sciemment ciblés et éliminés», insiste l’association. Mexique et Afghanistan demeurent encore cette année les deux pays les plus dangereux pour les journalistes, avec respectivement 7 et 6 tués, suivis du Yémen et de l’Inde en troisième place, avec 4 journalistes tués chacun.
RSF revient dans son Bilan 2021 sur certains des cas les plus marquants de l’année : c’est en Arabie saoudite et au Vietnam que deux journalistes (Ali Aboluhom et Pham Chi Dung) ont été condamnés à la peine la plus lourde de l’année (15 ans) ; c’est au Cameroun et au Maroc que deux journalistes sont confrontés aux procédures les plus longues et kafkaïennes (Amadou Vamoulké et Ali Anouzla) ; c’est à Hong Kong et en Iran que se trouvent les prisonniers les plus âgés, (74 et 73 ans pour Jimmy Lai et Kayvan Samimi Behbahani). Et c’est au Mali qu’a été capturé le seul journaliste étranger cette année toujours aux mains de ses ravisseurs, le Français Olivier Dubois.
Patricia MAILLÉ-CAIRE