Publié le 16 mars 2021 à 7h37 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 15h31
La première édition de la Résidence d’écriture « Talent » s’est tenue, à Marseille, en ce début d’année 2021. Deux semaines durant, des jeunes auteurs, domiciliés sur le département des Bouches-du-Rhône, ont eu l’occasion de travailler avec des producteurs comme Antoine Disle, les réalisateurs Nicolas Peufaillot, Nicolas Lopez ou des auteurs comme Pablo Pinasco… Soutenu par le département, la Métropole, la Fondation Newen ou encore Ferrero… Ce campus de talents a été une occasion unique de mettre en valeur les créateurs marseillais. Pour Frédéric Josué -spécialiste de la communication, secrétaire général du Marseille Web Fest et professeur à Sciences-Po en économie des industries culturels, mais surtout l’un des organisateurs de ce rendez-vous: «La rencontre avec les participants est sans conteste un grand moment d’échanges.» Entretien.
Destimed: Quel est l’objectif de cette Résidence d’écriture « Talent » ?
Frédéric Josué: Nous apportons aux participants des outils pour bien structurer leur projet, que ce soit au niveau de la réflexion, de l’écriture ou encore de la présentation devant des boites de production. Nous décortiquons des techniques comme le world building, démocratisé par Tolkien il y a une centaine d’années, pour leur expliquer comment la création d’un univers est essentielle à la maturation de leur projet. Bref, nous leurs apprenons à structurer leur travail.
Quel regard portez-vous sur les participants de cette première édition ?
Cette promotion était vraiment très intéressante avec des personnes qui avaient, pour la quasi-totalité, déjà quelques œuvres à leur actif. Ce qui m’a frappé, en premier lieu, ce sont les univers dans lesquels ils veulent évoluer. Ils sont vraiment très sombres, que ce soit pour parler d’une société impactée par la Covid, une crise environnementale… On ressent vraiment qu’il y a des craintes et ils expriment tout cela au travers de leurs pitchs.
Trop souvent, les auteurs pensent que la bonne idée est suffisante
Le contact de professionnels reconnus est-il un point important de ce programme?
Pour les aider à bien comprendre chaque étape, des intervenants très prisés nous ont fait l’honneur de leur présence. Nous avons eu la chance de pouvoir échanger avec Nicolas, Peufaillit, Nicolas Lopez, Pablo Pinasco… Chacun nous a donné une heure de son temps pour partager son expérience. A leur contact, nous tentons de faire comprendre aux élèves que l’écriture est peut-être innée, mais elle se peaufine, s’apprend, se dompte et se structure. Trop souvent, les auteurs pensent que la bonne idée est suffisante. Sans travail, elle n’est rien et cela ils l’ont bien intégré.
Ce format de résidence, avec plusieurs élèves, présente-t-il des avantages ?
En évoluant en groupe, il se met en place une stimulation collective très intéressante. Nous souhaitons que tous soient critiques du travail des autres. Mais une critique positive qui permet d’avancer pour comprendre où sont les petites imperfections qui doivent être corrigées pour être plus efficace.
Comment s’articule ce rendez-vous marseillais ?
La résidence des talents dure deux semaines. Dans un premier temps, nous cherchons à structurer leur pensée pour leur donner les bons mécanismes. La première semaine est centrée sur un travail très concret : insérer la marque Ferrero/Nutella (l’un des partenaires de l’événement) au cœur d’une histoire. La seconde est du fignolage avec des ateliers permettant d’améliorer les petits détails qui font toute la différence.
Marseille a tout pour être un haut-lieu du cinéma français
Pensez-vous que l’on assiste à l’émergence d’une industrie du cinéma à Marseille et ses alentours ?
On peut clairement dire qu’une économie de l’industrie cinématographique se met en place à Marseille, mais plus largement dans la région. Marseille a tout pour être un haut-lieu du cinéma français, notamment au niveau des auteurs et de l’écriture.
Quels sont les atouts de la cité phocéenne ?
C’est une ville de recoins, de communautés. Ici, les gens vivent dans la rue, ils se rencontrent, échangent. Ils ont des choses à raconter. Marseille est un vivier de talents à l’état pur ! Mais attention ce talent ne suffit pas et il faut travailler pour exploiter au maximum ses capacités. Jacques Brel disait : «Le talent n’existe pas. Le talent, c’est d’avoir envie de faire quelque chose.» Notre résidence est exactement cette pensée.
Marseille a un très bel avenir, si elle capitalise sur ses atouts
L’industrie culturelle est-elle donc amenée à se développer?
Marseille a un très bel avenir, si elle capitalise sur ses atouts. Cette perle me fait penser à Los Angeles, au début du 20e siècle, avec la richesse de sa mixité sociale. Nous sommes sur un territoire qui est la convergence de la Méditerranée. Je suis intimement convaincu qu’elle peut devenir la Capitale française de l’industrie culturelle.
Quelle est la prochaine étape pour la Résidence des talents ?
Prochainement, nous allons présenter les pitchs des élèves à Ferrero. Nous les remercions vraiment de leur soutien et de leur confiance. J’espère que quelque chose de concret va émerger de cette édition. Pourquoi pas une œuvre financée par la marque ! Ce serait réellement formidable.
Vous êtes également l’un des organisateurs du Marseille Web Fest. Peut-on imaginer des connexions entre les deux rendez-vous ?
Nous souhaitons vraiment agrandir cette communauté et utiliser le Marseille Web Fest pour connecter les jeunes talents avec les grandes boites de production. Malheureusement, cette année, les deux événements étaient décalés dans le calendrier à cause de la crise sanitaire. Du coup, nous n’avons pas pu faire de passerelles. Mais la Résidence des talents est une formidable pépinières et je suis persuadé que les professionnels vont trouver leurs futures pépites chez nos jeunes auteurs.
Propos recueillis par Fabian FRYDMAN